Parfois me vient cette question : qu’aurais-je transmis à mes enfants et petits- enfants lorsque j’aurai achevé ma route terrestre ? Quels savoirs –faire ? Quelles attitudes ? Quelles valeurs ? C’est un livre ouvert en moi mais je me donne le temps de laisser venir… les intuitions…les souhaits qui pourraient peut-être alimenter les premières pages de ce livre … !
Et voilà que sur ce fond de tableau intérieur, nous accueillons les petits enfants, quelques jours pendant les vacances. Très vite l’ainé annonce la couleur : « Mamie, j’ai amené mon livre de pâtisseries et j’aimerais confectionner des macarons pour toute la famille !
C’est Mamie Titou qui m’a appris !» La joie envahit son visage et je devine sa détermination. Rendez-vous pris pour le mardi matin. Notre chef Corentin (1) investit l’espace cuisine, passe le tablier, se lave soigneusement les mains, rassemble les ingrédients, et les ustensiles nécessaires tout en m’expliquant les différentes phases de la préparation.
Ca y est ! C’est parti ! Notre pâtissier en herbe est au travail. J’assiste à la démonstration : j’observe la manière dont il s’y prend, le sens de son organisation, l’assurance qui transparait à travers ses gestes. De temps en temps je pose une question : Corentin prend plaisir à me répondre en m’expliquant les subtilités de « la procédure ». C’est sûr il n’en est pas à son premier coup d’essai et sa maîtrise m’impressionne quelque peu. Voilà que tous les petits tas de pâte sont maintenant disposés sur la grande plaque : il n’y a plus qu’à enfourner et à minuter ! Pendant le temps de cuisson notre « pâtissier » entame la deuxième phase du travail avec la préparation de la crème pour fourrer les macarons. Je reste présente et me régale… de poursuivre mon observation : je me sens vraiment à l’école de mon petit –fils !
Après la cuisson, le temps nécessaire pour laisser refroidir les macarons nous donne un très bon espace d’échange : je lui souligne ce que j’ai vu de ses capacités et de sa joie au cours de cette « démonstration ». Je tente de lui demander : « Qu’est-ce que tu aimes dans cette activité ? » La réponse ne tarde pas à venir « Eh bien, après les heures au collège ça me détend de faire de la pâtisserie, de faire un travail avec mes mains, de malaxer la pâte… et puis… faire quelque chose que tout le monde apprécie c’est pas mal quand même ! ». Je garde un très bon goût de cet échange ….et bien sûr des fameux macarons !
Mais alors où en suis-je de ma question de départ concernant « la transmission » ?
Ici c’est mon petit fils qui m’a transmis ce savoir-faire qu’il a lui –même appris de son autre Mamie : la matinée ensemble a donc aussi été une occasion pour honorer ce que Corentin a reçu de cette personne. Cela est très précieux pour moi.
Favoriser le développement des qualités et capacités de ceux qui m’entourent, créer les conditions pour que leur mise en œuvre soit possible, a toujours été une priorité tout au long de ma vie. Je constate que cela demeure et continue de faire sens dans ma vie.
Ainsi ce qui a pu commencer à pousser continuera de grandir, de se déployer, de se donner dans une forme encore inimaginable aujourd’hui, mais le mouvement de croissance est amorcé ! C’est parti !
Et si la transmission n’était pas d’abord « quelque chose » mais surtout ….un élan de vie ?
Geneviève Descampiaux, ancienne formatrice agréée PRH
(1) le prénom a été changé.
Bonjour, en ce moment je me sens un peu saturée, donc moins disponible intérieurement pr nos filles. merci de me rappeler à travers votre texte cEt élément essentiel au niveau éducatif: créer les conditions pour favoriser le déploiement des qualités, talents, valeurs en germe chez nos enfants. Juste être là,, curieuse de leurs désirs, valorisant leurs initiatives, encourageant leurs choix. Je me sens invitée à cultiver cette attitude plutôt que de m’en vouloir de ne pas avoir le temps et l’énergie De leur proposer des activités, sorties, rencontres
Merci beaucoup pour ce partage ! Il est très inspirant pour une partie de mon activité professionnelle : transmettre des savoir-faire et des savoir-être à des stagiaires. Peut-être j’ai besoin d’apprendre à me taire, d’observer et d’écouter.
La transmission me semble quelque chose d’assez mystérieux. Peut-être ne verrai-je jamais vraiment ce que j’ai essayé de transmettre à mes fils et encore moins à mes 4 petits-enfants ? Pour moi, c’est un acte de foi : oui, j’ai des valeurs, des convictions et j’ai essayé de les vivre fidèlement. Qu’en feront-ils? De belles et bonnes choses, je l’espère, même si ce ne sera pas ce que j’aurais pu imaginer. Mais, déjà,des valeurs vécues de justice, de recherche de la vérité…J’ai privilégié une éducation dans ce sens-là par des gestes concrets, même s’ils ne l’ont pas toujours compris (Ici, je pense à l’accueil momentané d’un enfant de leur âge: ils ont souffert de s’être sentis délaissés !) A eux de faire vivre ce que j’ai souhaité leur transmettre !