Je ne me retrouve pas du tout dans certains critères de “féminité” qui mettent l’accent sur l’apparence… et y attachent tant d’importance… modèles réducteurs si vite relayés par la publicité et les vendeurs de rêve qui font parfois plus mal à l’âme qu’au corps des femmes.
Ceci commence très tôt dans l’histoire d’une femme; ces discours sur les seuls critères de l’apparence impriment déjà la vie des petites filles… et des petits garçons. Ces catégories toute faites qu’il s’agisse de vêtements, de jouets ou de futurs métiers impactent déjà nos enfants et petits-enfants pour l’avenir.
Alors pour eux et pour toutes les femmes et futures femmes, je vais vous rapporter ce que vivent deux femmes, témoins pour moi de ce que peut être « s’affirmer au féminin ».
Il y a d’abord Géraldine (les prénoms sont changés) qui connaît ce que c’est que de s’affirmer dans ses valeurs, dans ses croyances, dans ses idées face à sa famille qui la critique, la rejette, ne la considère pas, et vit des attentes qui font terriblement pression sur elle.
Elle s’affirme en exerçant un métier qui lui plaît où elle est compétente et reconnue; elle s’affirme en refusant de coucher avec le premier venu tout en aspirant à une relation d’égalité et de liberté avec un homme. Elle s’affirme en adhérant aux lois et coutumes du pays où elle est née tout en souffrant d’être vue comme “traître “ car elle ne suit plus les coutumes du pays d’origine de ses parents.
Pour Géraldine, s’affirmer lui colle à la peau et c’est une lutte de chaque instant. Elle s’affirme en gardant le contact avec ses parents vieillissants; en reconnaissant ce qu’elle a reçu d’eux; et en choisissant en même temps la liberté d’être fidèle à elle-même. Elle ne vit pas de grandes explosions révolutionnaires ni de paroles excessives; elle vit simplement au jour le jour en choisissant et re-choisissant à chaque instant d’agir en lien avec ce qui se dit du fond d’elle-même, en relation avec des amis qui lui ressemblent sur le fond. C’est une vraie battante, une belle femme existante et fidèle à ce qui vit de plus fort en elle et qui a du sens pour sa vie et son avenir.
Me vient ensuite Mélanie,
Les points communs avec la personne précédente, c’est cet état de fidélité intérieure à elle-même pour exister à part entière.
Issue d’une famille “bien sous tout rapport” comme on dit parfois… il se trouve que Mélanie a été et est toujours “le vilain petit canard”, celle qui n’a pas adopté la carrière brillante de ses parents et frères et sœurs.
Mélanie est une artiste dans l’âme; réussir pour elle, c’est s’exprimer avec ses tripes.
Alors elle rame, chaque jour, pour combiner sa vie de famille avec son conjoint et ses enfants et ses aspirations d’artiste et son besoin de gagner sa vie…
Elle continue, néanmoins, de se former pour communiquer ses compétences à d’autres et vivre de son travail ; elle continue, mue par ses intuitions et inspirations qui lui permettent, par son art, d’être fidèle à elle-même.
Et je pourrais continuer de décliner bien d’autres histoires… j’ai juste choisi des personnes que je connais, des exemples que je vois vivre autour de moi.
Quand on parle de féminité, vient vite le terme de “féminisme”…
Alors, oui, dans la mesure où une femme se mobilise pour grandir en fidélité à elle-même et à ses valeurs et dans ce qui a du sens dans sa vie; dans la mesure où une forte liberté enracinée dans son être l’anime, alors oui, c’est du féminisme.
Des femmes qui s’affirment “avec” …
C’est-à-dire : des femmes tournées vers l’autre, vers la relation, aspirant à de vraies rencontres avec l’autre dans sa différence d’être.
Et en même temps des femmes ancrées en elles-mêmes, qui tiennent compte d’elles, prennent soin de toute leur personne avec un profond respect.
Béatrice Sablonnière, formatrice agréée PRH