Peut-être est-ce une question que vous vous posez, ou que vous avez déjà entendue : a-t-on le droit d’être heureux, ou dans la joie, alors qu’il y a tant de souffrances dans le monde ? Est-ce légitime ? Est-ce possible ?
C’est une question importante et grave, car nombre de personnes s’interdisent de vivre leur vie, parce qu’un de leurs proches souffre, ou est décédé. Certains vivent le fait d’avoir de la joie comme une trahison envers un défunt, ou envers toute l’humanité
Il me semble important de distinguer deux choses très différentes :
- Bien sûr que nous avons de la peine face à la souffrance de quelqu’un : c’est notre capacité de compassion. Et nous vivons une douleur qui peut être immense, lorsqu’un de nos proches souffre ou décède. Cette souffrance peut nous submerger, et nous priver, pendant un temps qui peut être long, de la source de la joie en nous : c’est un deuil qui est à vivre. Ce processus prend du temps, et la vie nous paraît bien dure en ces moments.
- Mais il existe aussi une culpabilité qui peut s’installer, et qui est délétère. Ce peut être une injonction d’un tiers qui nous condamne à la tristesse, de manière plus ou moins explicite : « tu ne vas quand même pas être heureux, alors que X souffre, ou que Y est décédé ! ». Ce peut être un deuil qui ne se fait pas : parfois, le processus paraît bloqué, et il conviendrait de comprendre pourquoi on ne peut pas tourner la page. D’autres raisons peuvent exister, et il est bon de s’interroger sur ce qui se passe en soi si l’on est confronté durablement à un interdit au bonheur ou à la joie.
Car la puissance de la vie est grande, en nous ! Nous sommes faits pour vivre et évoluer, et c’est important de l’accepter. Si on demeurait dans une interdiction de vivre sa joie, on priverait tout le monde : soi-même, d’abord, mais aussi les autres qui pourraient en bénéficier.
Souvent, les personnes qui ont traversé de lourdes épreuves ont une grande capacité à savourer la vie, à la goûter et à la vivre à plein. Peut-être parce qu’elles savent que la vie est précieuse, et précaire : quelle chance d’être en vie !
Alors, est-ce égoïste de choisir la vie, la joie, le bonheur, alors que d’autres souffrent ? Cela dépend.
Il peut y avoir effectivement une attitude de centration sur soi qui n’est pas solidaire, si on cherche son plaisir et sa satisfaction sans tenir compte des conséquences de ses actes. Mais souvent, cela vient du fait qu’on confond plaisir de la sensibilité ou du corps, et joie véritable, qui est une réalité d’être. Notre société d’hyperconsommation pousse à cette confusion : le bonheur serait-il de consommer et de posséder toujours plus ? Non, cela ne nous rend pas vraiment heureux, et cela crée de graves déséquilibres dans le monde. Il n’y aurait pas autant de mécontentements et de récriminations dans la société française, il n’y aurait pas autant de consommations d’anxiolytiques si le plaisir de consommer et de posséder suffisait à combler une existence !
Il y a au contraire une joie profonde à se vivre solidaire, à aimer, à être généreux. La fidélité à l’être ne nous conduit pas durablement au repli sur soi, même s’il peut y avoir des périodes de croissance où l’accès à notre intériorité peut nous conduire à moins investir dans certaines relations ou certains engagements. Au cœur de soi vit un dynamisme de croissance qui nous pousse en avant et un appel à la solidarité et à la bonté. La joie de l’être est ouverture à l’autre, compassion, intranquillité. Elle n’est pas repli sur soi, refus de la souffrance et fermeture, mais main tendue, engagement, vie avec. L’écoute de notre conscience profonde nous aide à vivre tout notre possible, et rien que notre possible, de manière juste. Cet engagement dans notre vie, solidaire et généreux, qui ne refuse pas les difficultés de l’existence, rend heureux en profondeur.
Régis Halgand, formateur agréé PRH
NB : Si vous souhaitez mieux percevoir la distinction entre plaisir et bonheur, je vous recommande la formation « être acteur de mon bonheur » : vous y ferez notamment l’expérience que l’altruisme contribue au bonheur.
Merci Regis pour ce très bel article que je partage à 100%!
J’ai apprécié lire votre article. Rien ne peut arrêter le flux de la vie en Soi, elle est Force, Amour, VIE.
je lis votre article avec grand intérêt. La distinction entre plaisir et bonheur profond, joie est tres éclairante.
important d’être au clair avec ces notions plaisir , joie qui recouvrent des realites differentes .
d’être aussi clair avec les nombreux freins au plaisir et au bonheur que nous charrions en nous , de les mettre à la lumiere de notre conscience pour pouvoir décider d’être heureux et en choisir le chemin
Merci beaucoup pour cet article très éclairant. Je retiens tout particulièrement: faire tout notre possible et rie que notre possible…c’est vrai qu’alors je ressens de la paix en moi.
Liliane