Pour la troisième fois, je vous propose une balade dans l’exploitation en agriculture biologique de Jean-Luc Thibault, qui cherche à produire des fruits tout en respectant les équilibres de la nature. Ce qu’il met en œuvre nous enseigne sur notre croissance personnelle. Aujourd’hui : nous avons besoin d’un territoire, et aussi de l’apport des autres.
« Une plante pousse si elle n’a pas trop de concurrence », explique Jean-Luc. Par exemple, les herbes pourraient l’étouffer. C’est la raison pour laquelle on met un paillis organique au pied des plantes : outre le fait qu’il enrichira la terre en se décomposant, il limite la pousse des herbes, et donc la concurrence pour les plantes productrices de fruits. Les pommiers sont plantés à 8 mètres de distance les uns des autres, c’est la distance nécessaire pour qu’ils ne se gênent pas.
Il en est de même pour nous : nous avons besoin d’un territoire personnel. Espace qui va prendre des formes différentes selon nos besoins : besoin de temps seul, besoin de prendre son temps à certains moments et d’aller à son rythme, besoin de ne rien faire parfois, besoin de créer, besoin d’avoir un lieu que l’on peut aménager et décorer à sa guise, besoins de responsabilités pour déployer ses capacités, etc. Si nous sommes constamment sous la pression ou la domination des autres, nous ne pouvons exprimer notre personnalité, notre singularité, et il va en résulter une sensation de mal-être, d’étouffement. Nous sommes alors comme une plante qui serait entravée dans son développement par la concurrence de végétaux qui l’empêchent de pousser harmonieusement.
Mais, nous l’avons vu dans les précédents articles, une plante a aussi besoin de l’apport de son environnement pour grandir. Par exemple, elle bénéficie de l’aide de tous ces micro-organismes qui transforment la terre où ils prolifèrent, et des vers de terre qui aèrent le sol. Elle profite de l’appui d’oiseaux qui la débarrassent de nuisibles. C’est une source d’émerveillement pour Jean-Luc : l’intelligence contenue dans la nature. Il parle de « l’extraordinaire beauté des équilibres naturels, qui permettent aux organismes vivants de se développer dans de bonnes conditions ». Il voit son rôle d’agriculteur comme celui d’un facilitateur de ces équilibres-là.
Pour notre croissance personnelle, c’est pareil : nous avons besoin des autres, nous avons besoin d’un environnement vitalisant. Et nous avons aussi besoin d’un territoire, d’un espace de solitude et d’initiatives personnelles. C’est à chacun d’entre nous de trouver cet équilibre dans nos vies : équilibre qui évolue, car nous changeons, et notre environnement se transforme aussi. Pour trouver cet équilibre, nous pouvons à certains moments avoir besoin d’une aide. De même qu’une plante va produire plus de fruits que si elle bénéficie de l’expertise de l’agriculteur, nous ne pouvons progresser de façon optimale sans appuis extérieurs, à certains moments.
Permettez-moi de terminer par une confidence personnelle : je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre le métier d’agriculteur tel le pratique Jean-Luc, et le métier de formateur PRH. Jean-Luc recherche l’équilibre naturel qui favorise la croissance et la fécondité de ses végétaux. En tant que formateurs PRH, nous cherchons dans nos formations l’écosystème humain qui va bénéficier à votre croissance et votre fécondité personnelle et sociale. Nous sommes des jardiniers des êtres.
Régis Halgand, formateur agréé PRH
Les précédentes rencontres avec Jean-Luc Thibault :
merci de ces mots Regis, et en particulier des derniers, où tu parles de toi comme d’un « jardinier de l’etre « . je te vois avec un grand sourire et une pelle à la main! Et quand je trouverai mon metier de « jardinier » industriel un peu pesant, comme actuellement, cette vision m’ allegera et me renforcera. Donc, continues surtout à jardiner, et ma reconnaissance,comme celle de tous ceux que tu contribues à faire grandir, t’accompagne!