Quand la nature nous enseigne sur notre croissance (2/4) : notre rapport au monde, et à nous-mêmes

Nous poursuivons notre rencontre avec Jean-Luc Thibault, agriculteur bio près d’Angers. Au travers de ce qu’il nous dit sur l’équilibre naturel qu’il cherche à promouvoir dans sa ferme, nous pouvons tirer des enseignements pour notre croissance. Aujourd’hui, notre rapport au monde… et à nous-mêmes…

Quand des visiteurs parcourent le verger de Jean-Luc, ils s’étonnent : il y a du lierre qui pousse sur les troncs des arbres ! Et oui ! Contrairement à une idée reçue, le lierre n’est pas un parasite de l’arbre. Au contraire, il favorise le développement d’un grand nombre de prédateurs des nuisibles de l’arbre. C’est en quelque sorte un partenariat gagnant-gagnant entre l’arbre et lui… Jean-Luc me rend ensuite attentif aux oiseaux qui parcourent ses terres. Et notamment des merles. Dans son enfance, Jean-Luc les chassait, parce qu’on lui disait qu’ils étaient nuisibles. Certes, ils mangent des cerises en période de récolte. Mais, tout au long de l’année, ils avalent des quantités de limaces et d’escargots, et ils ont au final un apport positif considérable… Avec la Ligue Protectrice des Oiseaux, Jean-Luc a compté près de 30 espèces d’oiseaux différentes sur les 15 ha de son exploitation. Et aucune n’entre en concurrence avec les autres, s’étonne Jean-Luc ! Elles sont au contraire en harmonie, à l’image du rouge-gorge qui recherche au sol la nourriture, le troglodyte qui s’intéresse au premier mètre au-dessus du sol, ou la mésange qui volète dans la canopée des arbres… Et Jean-Luc de s’émerveiller de la complémentarité des espèces animales et végétales, de cet équilibre naturel étonnant au service de la production de ses arbres et végétaux…

Quel enseignement en tirer pour notre propre croissance ? Il est selon moi à chercher dans notre rapport au monde, et à nous-mêmes.

Par rapport au monde et aux autres, avons-nous tendance à voir les différences comme un risque, une gêne, voire un danger ? Ou au contraire comme une richesse potentielle ? Sommes-nous dans la suspicion, le jugement, la condamnation ou la fermeture ? Ou avons-nous un a priori positif, qui n’exclut pas la vigilance et le discernement ? Est-ce que nous privilégions l’ouverture et la confiance, plutôt que la fermeture et la peur ? Est-ce que nous cultivons en nous l’optimisme et l’émerveillement, plutôt que la morosité ou l’indifférence ? Cherchons-nous les bonnes nouvelles, ou est-ce que nous nous laissons attirer par les mauvaises ? Il ne s’agit pas pour moi de prôner une ouverture aveugle ou naïve, mais de souligner les risques d’une fermeture a priori. Vouloir tout contrôler et exclure tout risque nous prive des richesses potentielles de l’apport de l’autre, et de l’enrichissement qui naît de l’accueil de la différence.

Il peut en être de même vis-à-vis de ce qui se passe en nous, et en particulier vis-à-vis de nos sensations. Est-ce que nous sommes dans la fermeture, la condamnation, le refus de ce que nous ressentons ? Ou bien ouvrons-nous la porte à notre vécu intérieur, pour accueillir ce qui se passe en nous et chercher à écouter les messages de nos sensations ? Accueillir, ce qui ne veut pas dire agir au gré de nos humeurs ou laisser notre sensibilité gouverner notre vie. Mais accepter nos ressentis, et écouter leurs messages. C’est un des apports essentiels de l’apprentissage de l’analyse de nos sensations : nous découvrons que toutes nos sensations peuvent nous apprendre quelque chose sur nous, et au final nous faire grandir : y compris les sensations difficiles, douloureuses, ou honteuses. Ainsi, au lieu de chasser nos merles intérieurs ou d’arracher nos lierres, nous entrons dans un rapport apaisé avec nous-mêmes, et nous découvrons en nous une harmonie et un équilibre insoupçonnés. Comme dans une exploitation bio, qui cherche à donner à chaque espèce sa juste place !

Régis Halgand, formateur agréé PRH

Voir le premier article : un environnement vitalisant

4 commentaires sur « Quand la nature nous enseigne sur notre croissance (2/4) : notre rapport au monde, et à nous-mêmes »

  1. Merci pour ces paroles qui m’encouragent sur le chemin de mon unicité tout en m’ouvrant à l’autre dans ce qu’il a d’unique; mon regard s’émerveille …

  2. Merci de nous faire ce lien entre la nature et nous-mêmes,
    entre cet environnement, entre ce rapport au monde et nous-mêmes.
    Merci pour ces questionnements qui nous entraînent à une meilleure connaissance et conscience de qui nous sommes, et de notre lien au vivant.
    VG

  3. Apprendre à « voir » est si important. Et « entendre » son écho, source de connaissance de moi, si je le veux bien. Tel l’écho dans la nature

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