Aider nos enfants à prendre de bonnes décisions pour leur vie est un enjeu éducatif d’une grande importance. C’est en animant la session « Entrainement à la prise de décision » que j’ai été à nouveau mise devant cet enjeu.
Me sont venus les moments où, en tant que mère ou bien en couple, nous avons accompagné nos filles pour qu’elles prennent des décisions qui soient vraiment les leurs et que celles-ci soient dans l’axe de leur vie. Et ceci assez tôt, au milieu de toutes les obligations qui étaient également à faire respecter dans le quotidien.
Je garde de cet apprentissage une sensation de densité de vie et de bonheur. Le bonheur d’être maman, aimant gratuitement mes filles dont le devenir se dessinait à travers leurs choix. Je garde la sensation d’avoir été à ma place, très spécialement à ces moments-là, dans ce qui m’apparait être le cœur de ce qu’est « éduquer » son enfant.
Cet apprentissage s’est fait aussi par osmose, dans ce qu’elles nous ont vu vivre en couple ou dans nos choix personnels respectifs. Ces choix ont été parfois audacieux mais tentaient de respecter nos personnalités propres en même temps que notre famille.
J’ai la sensation qu’une « pépite de vie intense »a été transmise. Elle donne du sens et éclaire, à postériori, notre vie de parents. J’ai donc été particulièrement heureuse d’animer cette session et d’aider à faire des choix constructifs à des adultes qui étaient aussi des parents. Car où les parents d’aujourd’hui ont-ils la possibilité de faire cet apprentissage ?
Tout en écrivant, je me tourne vers vous, lecteurs, intéressée par vous lire : comment vous y êtes vous pris, à un moment particulier, pour aider votre enfant ou adolescent à prendre SA décision ? Car il y a l’apprentissage d’une méthode mais il y a aussi notre flair et notre bon sens de parent qui est à l’œuvre !
Prendre la plume contribuera à nourrir notre confiance dans l’être humain et en la société, capable de se situer en conscience, comme on dit dans le langage courant, autrement qu’en réaction, ou comme tout le monde. Notre monde a besoin de voir cela. Merci !
Agnès REBELLE, formatrice agréée PRH
je ne suis pas maman encore, mais je témoigne de la petite fille et l’adolescente que j’étais qui n’étais pas aider et accompagner pour ma croissance et la construction de ma vie,je suis désolé de ne pas avoir des parents qui ne m’ont pas appris à me référer à ma vie et à ma conscience profonde mais plutôt à une conscience socialise bien enraciner dans la culture de ma société.
avec l’outil de discernement cette clé fondamentale après l’analyse ma aider à reprendre ma vie en main et aussi aider l’autre à regarder dans le sens de sa vie.ce qui me touche aussi profondément c’est la question de l’enjeu et aussi la question » où les parents d’aujourd’hui ont-ils la possibilité de faire cet apprentissage ? »pour moi intéresser à l’éducation et l’enfant ?!
je me sens vitalisé par cet article et par je me habité d’amour et d’un regard de bonté à l’égard de cet être humain petit ou adulte dans ma société, je démarre ma journée avec qu’elle sera mon rôle dans cet enjeu et cet apprentissage.
Merci Agnès
Salem (paix)
Yousra,
Tu n’as pas eu cet accompagnement parental. Pourtant je comprends que tu as tiré profit de cet apprentissage plus tard dans ta vie. Je crois que c’est une aspiration chez tout être humain que de pouvoir prendre en conscience et librement ses décisions. Et tu as non seulement trouvé le chemin pour toi, mais aussi tu es attentive à ce que les personnes autour de toi puissent se référer à leur conscience profonde. Je crois que tu peux les aider dans ce sens
Agnès Rebelle
Bonjour
En discutant avec notre fille, sur le thème des prises de décisions, je lui demandais: » Qu’avons nous fait pour que tu réussisses à prendre des décisions justes pour toi ? »
Vous m’avez toujours laissé faire mes choix seule,avec toi c’était un peu différent tu me renvoyais avec tes questions à moi même. Puis elle nous a dit:: « ce n’était pas toujours facile pour moi, si je me trompais , je ne pouvais qu’a en prendre à moi même » Je n’ai pas senti de culpabilité,ou de remords dans ses propos mais j’ai senti une personne responsable, et consciente de sa capacité à prendre de bonnes décisions.
Pour ma part, il ma toujours été important de laisser notre fille faire ses propres choix en fonction de sa propre personnalité. Il en allait de ma responsabilité de père…
Jean François
Jean François,
Oui, tu as raison, c’est de ta responsabilité de père de laisser ta fille choisir à partir de sa propre personnalité.Tout comme les questions que tu posais à ta fille, qui l’aidaient à se tourner vers elle.
En effet, l’aide que nous pouvons donner à nos enfants est de leur faire sentir devant les différentes possibilités qu’offre un choix, ce que dit la « sensibilité » qui veut toujours que ce soit agréable, ce que dit le « mental » qui cherche à ce que ce soit raisonnable, ce que dit « le plus profond de soi » et qui construit durablement. Et d’aider à écouter le « corps » qui dit s’il a les forces ou pas. C’est étonnant comme les enfants font la différence entre les « instances de la personne » avec une certaine facilité !
Ou alors de les aider à vérifier une décision qu’ils pensent ajustée avec ces questions :
– est ce que ça te laisse en paix profondément ? même si ta sensibilité préférerait le plus facile ou que ton mental irait vers du plus raisonnable…
– est ce que c’est constructeur pour ta vie ?
Ainsi nos questions (et sans que ce soit l’occasion de faire pression pour ce que je trouve le plus juste), leur donne la sensation d’être accompagnés, d’être en dialogue avec nous.
Ainsi leur conscience profonde a l’occasion de s’affirmer, de s’aiguiser et leur personnalité se construit…jusqu’à ce que nous rencontrions face à nous une personne adulte et responsable, et au clair avec sa capacité de prendre des décisions.
Bien avec toi
Agnès Rebelle
J’ai eu la chance de recevoir un accompagnement PRH très jeune, dans ma vie, à l’étape des grands choix. J’ai failli passer à côté d’une formation collégiale qui a été extrêmement significative pour moi parce que ça ne m’apparaissait pas rationnel et ça n’allait certainement pas dans le sens des attentes de mes parents et de mon entourage. Mon accompagnatrice, entendant combien mon être avait parlé lorsque j’avais pris connaissance du programme proposé, m’a incitée à écouter cette voix, ce que j’ai fait, et j’en rends tellement grâce avec le recul!
Des années après, une de mes nièces était visiblement fortement interpellée par un domaine d’études peu connu et inhabituel. Entendant la force de son aspiration, je lui ai dit: « si c’était moi qui payait tes études, je te dirais d’étudier dans ce domaine qui te parle tant… ». Elle a fini par « convaincre » sa mère, a poursuivi de longues études sans jamais que ça semble forçant pour elle et mène une carrière brillante depuis, dans un type de travail dont nous n’avions jamais entendu parler auparavant. J’ai de la joie d’avoir « soufflé » dans ce sens, d’avoir exercé une quelconque influence dont je me dis qu’elle a sûrement compté pour quelque chose…
J’ai aujourd’hui un travail qui m’amène parfois à guider des gens dans leurs prises de décisions et la méthode de discernement PRH -que je me suis appropriée plus que tout autre outil PRH- me sert de guide; c’est ma référence, en arrière plan. À ma connaissance, aucune autre méthode aussi élaborée, articulée et efficace n’existe dans notre monde; c’est un très grand héritage de PRH pour ma vie et pour la vie de ceux et celles qui ont eu et auront la chance d’en bénéficier. Pour les grandes décisions et aussi pour les moyennes et les petites qui s’additionnent au fil du quotidien. Pour moi, écouter les signaux de paix et de non paix et me vivre en état de discernement continuel est devenu un mode de vie… aussi naturel que de respirer, boire et manger. Merci beaucoup André Rochais; merci beaucoup PRH. 🙂
En lisant cet article me viennent plusieurs moments.
Le premier, curieusement, est un souvenir très tôt dans la vie de Benoît, un de nos fils. Il avait alors environ 2 ans et demi. Nous visitions un château, l’été, et Benoît prenait tranquillement son goûter assis sur un banc. Et voilà que démarre un tour en calèche tirée par un cheval. Nous rassemblons nos enfants, et nous pressons Benoît de venir. Il nous regarde droit dans les yeux et nous dit, avec son langage approximatif d’alors : « Mange mon goûter moi calme ! », puis il regarde ailleurs, et continue tranquillement son goûter… Nous étions en vacances, nous avions le temps, au fond… et nous avons senti l’importance de respecter son désir, lui qui était effectivement un enfant calme, exprimant rarement des désirs aussi tranchés. Je crois que, si ce moment me revient, c’est parce qu’aider les enfants à prendre leurs décisions passe d’abord par les écouter dans leurs attentes et leurs besoins, même quand il s’agit de choses en apparence anodines.
Cela ne veut bien sûr pas dire qu’il faut toujours leur dire oui. Ils ont bien sûr aussi à apprendre à accepter que tout n’est pas possible, et qu’il est parfois nécessaire de s’adapter. Mais, ayant pour ma part reçu une éducation plutôt faite de devoirs et de règles à respecter, ma tendance aurait été naturellement de ne pas beaucoup écouter les désirs de mes enfants, et j’ai dû apprendre (et j’apprends encore) à m’y rendre attentif, et à les respecter autant que possible.
D’autres moments marquants pour moi ont été les choix d’activités de nos enfants. Je repense notamment à l’année où nous souhaitions qu’un de nos fils fasse une activité de groupe (scoutisme ou sport collectif), et où il a choisi l’athlétisme, sport plutôt de performance individuelle. Nous avons senti que c’était important pour lui qu’on le respecte dans son choix. Ce sport est devenu pour lui une vraie passion, et aussi, finalement, un lieu de socialisation important pour lui.
Parfois, face à des décisions que nos enfants avaient à prendre, nous avons dit oui, ou nous avons dit non, en expliquant pourquoi. Ou encore, nous avons donné notre avis, en les laissant libres ensuite de suivre ou pas cet avis. Ou encore, nous les ai avons laissés libres de choisir, sans donner notre avis… Cela a dépendu de leur maturité, de l’importance du sujet, de mon intuition et de celle de Blandine, leur maman, avec qui nous échangeons beaucoup par rapport à ces questions importantes pour eux. J’ai d’ailleurs toujours trouvé que Blandine prenait au sérieux leurs préoccupations et leurs choix, très tôt dans leur vie. Et, avec le recul, je me dis que cela a été pour eux facteur de sécurité intérieure, de personnalisation et de solidité personnelle.
Aujourd’hui où nos aînés approchent de l’âge adulte, nous avons avec eux de vrais dialogues sur leur orientation, sur leurs choix importants, où nous essayons de les aider à exprimer ce qui leur tient vraiment à cœur. Quand notre fils aîné, Félix, a voulu partir un an aux USA entre sa 1ère et sa terminale, en famille d’accueil, nous lui avons proposé de faire un vrai discernement, comme on les pratique à PRH. Je l’ai écouté pour l’aider à faire le clair en lui d’abord, comme j’aurais écouté n’importe laquelle des personnes que j’aide. Je l’ai aidé à prendre méthodiquement sa décision, en conscience. Puis, ensuite, je me suis aussi situé par rapport à son projet comme père, car j’avais aussi à donner mon accord à cette aventure qu’il souhaitait entreprendre. Cela a été un très beau moment d’échange avec lui, où j’ai appris à mieux le connaître, et à percevoir comment l’accompagner ensuite dans la réalisation de ce projet important pour lui.
Régis Halgand
Il me semble qu’un enfant peut apprendre à prendre des décisions dès lors qu’il a conscience de lui même et il me semble que cette conscience de lui même s’établit très tôt dans sa vie de bébé. Quand le bébé demande par ses pleurs le sein ou autre et que la maman répond, il prend conscience que s’il demande, son besoin est entendu et provoque une réponse de la maman. C’est mon expérience de mère et aussi de médecin qui me fait dire cela. Je vois en consultation des bébés qui « n’osent à peine demander » parce que leur maman a décidé – par principe – de nourrir son petit toutes les 4 ou 5 heures alors que son bébé réclame toutes les 2 ou 3 heures ou que la maman a décidé de laisser pleurer son petit pour qu’il fasse ses nuits à 2 mois. Ils deviennent ensuite des enfants qui sont davantage dépendants des adultes pour savoir décrypter leur désir, et plus tard, ce sont des jeunes qui ont plus de mal à savoir ce qu’ils veulent…
Sinon, je donnerais juste en plus de ce que dit Régis, l’exemple de notre fils Victor qui , à 7 ans, a voulu avoir la tête complètement rasée pour faire l’expérience… Nous avons résisté et devant son insistance qui a duré plusieurs mois, nous avons accepté. C’était une envie forte chez lui qui, nous l’avons compris plus tard, s’appuyait sur son désir de se démarquer de ses trois frères aînés (assez rapprochés en âge), de trouver sa place dans la fratrie. C’est une décision qu’il a prise, qui nous a dérangés mais qui a, je crois, marqué son unicité. Cela a contribué à ce qu’il trouve sa place de manière claire et originale dans notre famille.
Blandine Halgand