J’anime une session « Qui suis-je ? », et j’apprends le soir du quatrième jour du stage qu’un missile a abattu un avion civil au-dessus de l’Ukraine, tuant 300 personnes. Au même moment, Israël, sous le feu des roquettes du Hamas, procède à une attaque terrestre de Gaza, une fois de plus. La violence suscite la violence ; la haine engendre la haine, l’escalade de la vengeance, la guerre, la mort…
Je ressens face à cette absurdité du dégoût, de la désespérance, un non-sens. De la révolte, aussi. De la colère face à toutes ces victimes innocentes, à ces vies brisées… Cela ne changera-t-il donc jamais ? Continuerons-nous toujours, nous les êtres « humains », à avoir des comportements aussi destructeurs, ravageurs, stupides… et inhumains ?
Je ressens l’écart entre l’absurdité de ces souffrances et le vécu du stage « Qui suis-je ? ». Car je suis aussi empli du parcours des participants à cette formation, de la profondeur de nos échanges, du respect et de la bienveillance entre nous. Empli d’espérance pour leurs vies, devant leurs prises de conscience, et le regard nouveau, beaucoup plus positif et juste, que ces personnes portent sur elles-mêmes. Ensemble, nous expérimentons dans ce stage qu’il est possible de s’écouter vraiment, de se comprendre, de s’apprécier dans nos différences. Devant cela, renaît en moi l’espérance qu’un monde plus humain, enfin humain, est possible. Cet espoir, il se fonde sur la réalité de ma vie, sur les changements que je vois s’effectuer au travers de mon métier. Mon espérance, elle est fondée sur l’expérience qu’un changement est possible. La violence et la guerre ne sont pas une fatalité.
Le chemin sera long. Il dépend de chacun de nous, de notre choix d’évoluer, et de prendre les moyens pour cela, quels qu’ils soient. La paix entre les hommes est possible, si la paix grandit au cœur de chacun. Le chemin de la paix passe par la réconciliation avec soi-même, la pacification de ses blessures affectives, et la découverte de ses étonnantes capacités positives au cœur de soi.
Laissons grandir la paix en nous. Nous deviendrons semeurs de paix. Notre monde en a grand besoin.
Régis Halgand, formateur agréé PRH
Un mot à inventer : déspérer.
J’ai failli naitre dans un trou de bombe lors du bombardement de la gare d’Achères par les allemands en 1940. Je n’avais pas 20 ans quand j’ai été incorporé direct à Sétif, j’ai passé plus de 2 ans en armes en AFN.
Je suis marqué par la folie destructrice humaine. Déjà il y enciron 3000 ans le Bouddha avait dit :
» le monde est en feu. «
Merci pour ce beau texte; je voudrais juste ajouter le mot : pardon. Pardonner, c’est peut-être l’urgence et l’essentiel ?
Merci Régis pour ce cri à la fois de révolte et d’espoir. « La violence et la guerre ne sont pas une fatalité »: je n’entends pas assez ce type d’affirmation dans les médias qui énumèrent morts et blessés comme s’il s’agissait de résultats de foot.Violence et guerre sont inacceptables, violence et guerre sont inhumaines et la paix au coeur de chacun peut aussi grandir en refusant ces croyances archaïques et fatalistes qui aveuglent l’homme sur ce qui aspire à vivre du fond de son coeur vraiment humain.
Merci pour cette mise en perspective pleine de sens pour moi, sur ce qui se passe dans le monde, pour lequel on peu avoir le sentiment que cela nous échappe, et les petits pas que chacun d’entre nous peut faire dans son environnement proche, pour initier encore et encore des gestes de paix et des valeurs sur le vivre ensemble, sur le respect de la différence et la bienveillance de chaque être…
Dans un autre contexte, plus proche, je reçois des confidences de violences conjugales, de pédophilie… et j’accueille les blessures vivantes qui en découlent.
Le texte de Régis fait écho à ce que je ressens. Ces témoignages pèsent lourd à mon coeur, qui aspire à la bonté humaine, à la paix, à la construction ensemble !
Oui, je crois fermement que tout être humain est capable du meilleur, du moment qu’il se sent lui-même accueilli, aimé, accepté.
Oui, ce chemin est long et il dépend de chacun de nous. Mais combien ce chemin est beau, et combien, au fond de nous, nous y aspirons tous !
Merci Régis pour ce témoignage « en direct » de ton vécu au regard de l’actualité au coeur de ton animation. Rappeler sans cesse le chemin possible vers la paix et ce par quoi il passe est salutaire et nécessaire. Plus encore être témoin et dire l’expérience du chemin est bénéfique à celui qui désespère de l’humain, pour peu qu’il ne ferme pas totalement son coeur, (mais qui le ferme vraiment totalement ?). Cela manque trop à notre monde médiatique. On fait témoigner les témoins des horreurs montrées que, bien évidemment, on ne doit pas occulter. Mais témoignons aussi de la beauté et de la grandeur de la paix vécue, ressentie, propagée par nos vies quand nous somme justement « en paix »…