L’authenticité est une aspiration fondamentale en tout être humain : c’est un mouvement naturel que de désirer être soi face aux autres.
Mais beaucoup de personnes confondent l’authenticité avec la spontanéité.
Sophie depuis des mois subit l’attitude de sa collègue qui empiète sur son territoire professionnel.
Cette fois-ci elle n’en peut plus…enfin, elle va lui dire tout ce qu’elle pense , comme on dit « ses 4 vérités »! Après coup, s’apercevant qu’elle a dû blesser sa collègue et que leur relation est détériorée, elle sent des remords et regrette ses paroles…
Plus tard, Sophie prendra conscience que sa sœur, dans leur enfance, ne respectait pas ses propres affaires, sa chambre, qu’elle en a été blessée. Hélas, elle n’ a pas pu dire à sa collègue sa difficulté à subir ses comportements intrusifs et son besoin d’être respectée dans son territoire personnel de responsabilité au travail.
Dire ce que l’on pense de manière abrupte est insatisfaisant ; cela soulage seulement sur le moment mais ça n’est pas « être authentique »
Sa collègue à son tour s’est emportée et a déversé toute sa colère sur Sophie ; se sentant agressée, reprochée, elle est sortie de ses gonds… Elle aussi se sent très mal après cet échange virulent, car au fond, elle apprécie Sophie, reconnaît ses qualités professionnelles et humaines. Mais elle n’a pu lui communiquer qu’un ressenti de surface, sans avoir accès au plus authentique d’elle-même : ses sentiments profonds pour Sophie, ses qualités relationnelles, les valeurs qu’elle désire vivre en relation…
Elle prendra conscience, par un travail sur elle-même, qu’elle ne supporte pas les reproches, tant elle en a entendu pendant toute son enfance dans sa famille.
Exprimer tout ce qu’on ressent à l’état brut, c’est être spontané ; ce n’est pas être authentique.
Alors, comment devenir plus authentique ?
Il est important de prendre conscience de ses souffrances passées pour comprendre que ses réactions exagérées ont une racine dans son histoire blessée, pour prendre du recul et apprendre à mieux gérer les mouvements de sa sensibilité.
Mais cela ne suffit pas : il s’agit aussi d’entrer dans une connaissance de son identité profonde pour pouvoir progressivement rejoindre telle qualité bien vivante (son écoute, sa patience, sa bienveillance) ou telle valeur profonde (son amour ou son affection pour la personne, son respect…) et commencer à vivre autrement la relation.
Cela ne se fait pas du jour au lendemain ; c’est une démarche qui s’inscrit dans la durée où chaque pas compte pour acquérir une véritable solidité et où il est souvent bien utile de se faire aider par un accompagnateur compétent.
A mesure que Sophie connaîtra et développera ses qualités, valeurs, elle pourra en relation, à la fois être fidèle à elle-même et exprimer ce qui lui tient à cœur, tout en tenant compte de l’autre.
Car il n’y a pas d’authenticité véritable sans adaptation à l’autre et à la situation ; à PRH, nous parlons de la dialectique « authenticité-adaptation ». Il s’agit à la fois d’exister en fidélité à ses convictions, à ses valeurs, à son identité profonde, tout en vivant un mouvement d’ouverture à l’autre, d’écoute (de ses arguments, de ses idées, de ses motivations, de ses valeurs…) et aussi de recherche de compréhension. C’est alors que peuvent émerger, de nos créativités respectives, un chemin nouveau, des solutions jusqu’alors pas encore entrevues.
Etre authentique en relation nous laisse dans une sensation paisible, d’être profondément en accord avec soi, de s’en sentir grandi, de construire la relation .C’est ainsi que la différence entre les êtres, les points de vue, les ressentis, crée de la valeur ajoutée dans une confrontation constructive !
Marie-Odile CROZAT, formatrice agréée PRH
Pour progresser sur ce thème, nous vous proposons les stages « aller au bout de mon authenticité »,« Qui suis-je? » ou « Mieux gérer tensions et conflits » et bien sûr la relation d’aide PRH
Merci pour cet article qui peut nous aider à avancer
Très bel article Marie-Odile. Se connaître soi-même pour savoir parler aux autres et formuler des demandes en rapport avec ses besoins : c’est beau comme du Marshall Rosenberg… Ou du André Rochais !
Philippe S.
Etre à l’écoute de soi, de l’autre, et de la situation, au coeur d’une relation authentique et constructive…Merci pour cet article passionnant !