Fort, fragile, vulnérable : quelques repères 

Je suis souvent frappée, au cours de mes accompagnements, par la perception erronée que les personnes ont de la force et la faiblesse. Quand il s’agit de montrer ses émotions, de reconnaître ses limites, vient tout de suite la peur : « mais ils vont voir que je suis faible ! » Il y a, bien répandue dans notre culture occidentale, cette croyance qu’être fort.e ce serait cacher ses émotions, ses difficultés, ses échecs. « Même pas mal ! » Etre fort.e, ce serait montrer une apparence lisse, sans faille. Croyance que c’est bien ce qui serait attendu de nous, une fois que nous sommes devenus « grand.e.s ».

N’y a-t-il pas une autre manière de voir les choses ?  Est-ce vraiment être fort.e que de cacher ses sentiments, ses faiblesses, ses doutes ? N’est-ce pas plutôt un réflexe de protection qui parle justement d’une fragilité en nous ?

Et si la vraie force, c’était justement d’oser nous montrer vulnérables, de dire quand nous sommes tristes, de reconnaître quand nous nous sommes trompé.e.s ?

Un parent qui a grondé injustement son enfant et qui refuse de le reconnaitre est-il un bon parent ? Un professeur qui ne reconnaît pas son erreur auprès de son élève est-il un professeur digne de confiance ?

Savoir reconnaître ses erreurs, demander pardon, s’excuser d’avoir blessé quelqu’un, oser dire qu’on ne sait pas, qu’on n’a plus d’énergie, qu’on se sent mal ou vulnérable… n’est-ce pas cela, être humain ? Pourquoi cacher la vérité, ce que nous ressentons à l’intérieur de nous ? D’ailleurs, souvent, on commence par se le cacher à soi-même.

Il faut avoir une certaine force intérieure pour accepter de se reconnaître faillible, pour reconnaître ses limites, pour accueillir sa vulnérabilité.

Cette vulnérabilité, que nous le voulions ou non, est inhérente à la condition humaine. Nous sommes vulnérables parce que nous sommes mortels et que nous avons conscience de notre finitude. Nous sommes vulnérables parce que nous avons des émotions, des affects, parce que nous vivons en relation avec d’autres et que ces autres ont de l’impact sur nous. Nous sommes vulnérables parce que la vie est difficile et qu’elle nous confronte à des choses que nous n’avons pas choisies. Nous sommes vulnérables, enfin, parce que nous portons tou.te.s des blessures, bien cachées mais profondes, qui continuent à nous faire souffrir au fil des années.

Oser nous montrer tels que nous sommes, c’est non seulement accueillir notre humanité, mais c’est aussi, paradoxalement, acquérir la force que donne la fréquentation de la vérité. Quand je vis une cohérence entre ce que je suis et ce que je montre, naît en moi une solidité plus grande que celle de la carapace ou l’armure derrière lesquelles je me cache parfois.

N’avez-vous pas cette expérience, lecteurs du blog ? Des instants où vous avez osé vous dire tel que vous êtes, et ressenti en vous, au-delà d’un cœur battant, un sentiment de justesse, de liberté, d’audace, un sentiment d’être pleinement vivant.e ?

Alors osons être nous-mêmes, jusque dans notre vulnérabilité ! C’est un cadeau que nous nous ferons, que nous ferons aux autres et un cadeau pour le monde, qui a tant besoin de personnes pleinement vivantes !

Les stages « vivre mon authenticité, c’est déployer largement qui je suis »,

« oser être moi », peuvent vous aider dans ce sens !

Marie Pierre LEDRU, Formatrice agréée PRH

6 commentaires sur « Fort, fragile, vulnérable : quelques repères  »

  1. Merci pour ce texte , le contenu de celui ci me rejoins…
    Cela touche plus ou moins beaucoup de personnes.
    C’est vrai que chez chaque personnes il y a de la force et de la fragilité.
    Se vivre vulnérable ou fragile peut être plus ou moins difficile et il est vrai aussi que pour se vivre fragile , il est nécessaire de se vivre avec un minimum de force , et de confiance en soi même.

  2. OUI oui oui ! merci !
    Dans mon chemin personnel, ce fût le début des délivrances.
    Et professionnellement, dans la période où j’étais en position d’encadrement, ce fût source de belles choses en équipe et dans le climat vécu.
    OUI et en même temps, j’ai eu à la vivre avec mesure, par étapes, à proportion de ce qui se consolidait en moi … merci à PRH, et à mon accompagnatrice pour tout cet étayage indispensable … pour cheminer sans souffrir trop, pour ne pas donner à souffrir non plus ! Et ainsi vivre de plus en plus libre d’être soi au milieu des autres 🙂

  3. Moi aussi comme Marie-Pierre , avec un regard complémentaire, je suis frappée… et plus consciente, de l’ampleur du syndrome de culpabilité chez la plus part des personnes que j’accompagne… et chez moi meme! Cette peur de mes limites, de ma pauvreté, ce murmure du j’aurais dû, du je devrais, il faudrait, ce besoin de toujours avoir raison ou de toujours voir le verre à moitié plein… qui implique le déni du verre à moitié vide , lui aussi, bref le syndrome de culpabilité, souvent minimiser voir nier «  trop coupable d’être coupable » est capable de se déguiser sous des formes si multiples et si variées qu’il est difficile à repérer, à ressentir, difficile donc à nommer , à traverser, à dé-nouer…il se répète, se perpétue… peut-être même est-il en nous un de nos dysfonctionnements les plus pollueurs et mortifères de la relation a nous mêmes et à l’autre?
    Il s’est mis en place tout au long de notre histoire, du monde ante-natal ou des drames ont pu imprimer une forme d’impuissance coupable diffuse mais tenace, jusqu’à nos années d’enfants et d’adultes jamais à «  la hauteur » des attentes parentales.
    J’aime à revenir à la légende du colibri si appelante !
    La goutte d’eau du colibri est certes «  modeste » (elle déclenche la risée des gros oiseaux,) mais ses ailes si petites soient-elles sont puissantes car elles lui permettent de faire beaucoup d’aller et retour pour transporter sa goutte.. ..ce qui permet des gouttes nombreuses!
    « Peut-être ne suis -je par certain d’éteindre ce feu de forêt, mais au moins je fais ma part … avec Joie! »
    Cette Joie active ainsi ré-trouvée, semble le sortir de son impuissance coupable, le réconcilier, sans se comparer, avec et sa «  petitesse » et sa «  puissance » magnifique !
    Si Joie et Beauté sont synonymes, le colibri rejoint le prince Mouchkine «  C’est la Beauté qui sauvera le monde »… et moi même!

  4. Merci Marie-Pierre pour ton article.
    Oui c’est tellement bon de pouvoir simplement être soi !
    Et c’est contagieux, merci à PRH !
    et s’engager sur ce chemin de vérité c’est devenir vivant, humain comme tu le dis si bien !

  5. Un certain Paul de Tarse a dit un jour « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ». En lisant l’article, cette parole me revient… et dit en surimpression (ou sous-impression!) quand je suis vraie avec moi-même puis avec les autres, quand je suis humble, alors oui, je suis forte. Quand je suis qui je suis, quelle puissance peut se déployer! quelle créativité! quelle assurance même! Mais rien d’écrasant pour l’autre et rien de dévalorisant pour moi. Je me rends compte de tout le chemin d’acceptation de moi-même qu’il m’a fallu parcourir avant de pouvoir dévoiler ma « faiblesse » pour que mépris, railleries ou réflexions désobligeantes n’atteignent pas mon être. Car oui, en moi se dresse alors ma force d’être ‘simplement’ qui je suis avec mes limites assumées, mes blessures pas encore guéries. Et fière, heureuse de pouvoir le vivre librement, simplement!

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