Trouver sa voie, c’est possible.

J’ai longtemps travaillé avec des enfants et je me souviens que j’étais attendrie, touchée, lorsque j’entendais un petit garçon s’écrier dans la cour de récréation : « Plus tard, je serai pompier ! ». Et une autre petite fille de lui répondre : « Et moi, maîtresse d’école ! » : comment ne pas accueillir cet élan spontané venant probablement de l’être de ces enfants ? Car en effet, quand ils s’expriment, il s’agit d’accueillir ces beaux élans manifestés si nettement, sans aucun jugement. Chez nous, je me souviens avoir entendu un de nos enfants, adolescent, dire : « surtout pas dans le médical ! ».

Ces réflexions traduisent quelque chose de l’être, de ce pour quoi le jeune se sent fait, ou au contraire, vraiment pas attiré. L’être s’exprime alors, comme de manière instinctive, en donnant une direction. Cela peut se vivre très tôt pour certaines personnes.

De fait, beaucoup de personnes se posent à un moment ou à un autre de leur vie cette question de leur voie : parfois très jeunes, parfois suite à des études mal orientées, parfois après avoir exercé un métier des années, éprouvant des insatisfactions fortes…

Ressentir des insatisfactions profondes vient du fait que l’être ne peut vivre ce qu’il est en termes de capacités, de dons, de valeurs profondes …, dans la tâche, la responsabilité ou le travail qu’on exerce.

D’où la quête, bien légitime, d’une nouvelle orientation !

Patrice, après avoir travaillé quinze ans dans le garage de son père, éprouve une grande lassitude à exercer son métier ; cela n’a plus de sens pour lui ;

pourtant, il a le goût d’être indépendant. Enfant, il aimait garder les chèvres avec sa grand-mère dans sa montagne d’Ardèche. Il rêve de créer sa chèvrerie. Il se forme, monte les dossiers de demande de subvention, se fait aider pour dessiner les plans, et fait construire une grande chèvrerie, avec 15 chèvres pour commencer. Les travaux finis, petit à petit, il agrandit son troupeau et commence la fabrication des fromages pour dégager son revenu. Après quelques années, avec 80 chèvres, il embauche une personne pour le seconder. Le travail reste rude et exigeant, mais il se sent dynamique, efficace, créatif ; il est heureux et ne regrette pas son choix.

 

 

Comme Patrice, prendre au sérieux ses insatisfactions est un moyen pour se préciser sa voie car ces insatisfactions traduisent des aspirations de l’être, autrement dit, nos désirs profonds. Et ce qui veut vivre, ce sont nos dons, nos talents, nos valeurs ! L’être est vivant et se manifeste tout au long de notre vie : il est donc important d’écouter comment il s’exprime . Et il se manifeste toujours par le biais de nos sensations, qu’elles soient des intuitions, des insatisfactions, des aspirations…

Louise a exercé le métier d’institutrice en maternelle : elle affectionnait particulièrement les travaux manuels. En même temps, mère de famille elle a toujours aimé coudre pour elle et ses enfants. A présent jeune retraitée, elle crée son atelier de robes de mariée et anime parallèlement un atelier de couture pour les personnes de son village. Elle prend conscience que c’est maintenant qu’elle se réalise pleinement.

Certes, la « vocation professionnelle » peut prendre du temps mais pendant ces années, il s’agira de considérer avec sérieux et d’analyser ce qui est source d’épanouissement, que ce soit dans son activité professionnelle, dans ses engagements ou dans ses loisirs. Comme Patrice et Louise, il s’agit de sentir les « agirs » qui suscitent un élan plus particulier, du dynamisme en nous, plus de goût, de la créativité,

une efficacité, une détermination plus grande, des énergies, de la joie, du bonheur ! Ce sont des signes importants à repérer, qui traduisent qu’on est dans sa voie.

Au fur et à mesure de ses choix, la personne va orienter ses énergies et ses capacités dans un même type d’action. Un fil rouge apparaît peu à peu, alors qu’il était vécu instinctivement au départ, et indique une direction, comme plus spécifique, plus personnalisée.

Ressentant de plus en plus précisément ce qui la « type » de manière particulière, la personne fera des choix successifs. Elle sera amenée à élaguer certaines activités (qu’elle pourra déléguer à d’autres personnes) pour s’engager un jour dans son « agir essentiel », c’est-à-dire « ce pour quoi elle se sent faite » : elle a trouvé sa voie, celle où elle va pouvoir exprimer le plus largement, le plus complètement possible les potentialités qui sont en elles et donner sa pleine mesure. Elle pourra vivre ce qu’elle porte de plus spécifique, être heureuse, féconde, efficace et donner sens à sa vie.

Trouver sa voie est donc un enjeu de taille, qui vaut le coup : être heureux en apportant au monde sa couleur unique, en prenant sa juste place, sans prétention, à son humble mesure, pour l’avancée de l’humanité.

PS : Deux sessions peuvent être bénéfiques dans cette recherche de sa voie : La session « Qui suis-je ? » aide les personnes à découvrir leur identité.

Pour des personnes qui ont déjà une bonne connaissance de leur identité, la session « Mes priorités d’engagement » permet de clarifier ce pour quoi on se sent fait.

 

Marie-Odile CROZAT, Formatrice agréée PRH.

 

4 commentaires sur « Trouver sa voie, c’est possible. »

  1. Très beau, la vie est un long chemin qui peut être fait de tâtonnements successifs pour trouver la voie où l’on se sent le mieux. Je vais imprimer cet article pour le donner à mon fils qui m’a dit cette semaine « je m’éclate lorsque je fais ça » et à suivre…

    1. Merci Danièle! et belle route à ton fils! en effet s’il te dit ça, ça traduit quelque chose de lui et de ce pour quoi il est fait…

      1. Suite… Je n’ai pas eu d’écho de ce fils, mais quand on sème on ne connait pas toujours la récolte. Par contre depuis, mon autre fils souhaite aussi changer de voie, je lui ai transmis l’article et lui l’a mis sur Facebook et m’a dit grand merci. L’important est de donner les signes que l’on sent avoir à donner sans attendre et ça pousse comme ça peut.

  2. Merci pour cet article qui me touche tout particulièrement.
    Je suis depuis le mois de juillet en reconversion, un mot à la mode aujourd’hui !
    Suite à une liquidation judiciaire de mon entreprise, et même avant, je sentais en moi que je ne voulais pas poursuivre dans mon métier, sans pour autant savoir ce que je voulais.
    Je résistais à toutes les offres d’emploi, trop d’insatisfactions comme l’explique Marie-Odile. J’avais besoin de sens, d’évoluer dans un environnement qui me ressemble, de me sentir à ma place. Je voulais arrêter de faire semblant. C’était comme vital !
    Cela m’a pris du temps, certainement parce que j’ai dû faire face à d’autres priorités en même temps mais je sens avoir trouver ma voie. Je sais que cela n’aurait pas pu se faire sans la complicité de mon accompagnatrice, en premier, sans les stages, sans les groupes d’accompagnement. Tous ces temps ont contribué à m’ouvrir à qui j’étais, à reprendre confiance, à oser.
    Même si j’ai encore du chemin à accomplir, je pense être engagée dans mon agir essentiel, ce pour quoi je me sens faite.
    Alors bonne route à ceux qui se sentent avoir à préciser leur voie !

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