Merveilleuse sensibilité!

Longtemps, j’ai eu peur de ma sensibilité. Elle me paraissait un gouffre, pleine de dangers inconnus. J’avais très peur de ce que je risquais de trouver au fond d’elle. Elle me semblait incontrôlable. Ses réactions parfois me submergeaient. Elle me faisait souffrir, je ne la trouvais pas rationnelle, je me sentais incohérent à cause d’elle. Je préférais la froide logique de mon intelligence à ses élans risqués. Bref, je me méfiais d’elle, et j’aurais préféré être insensible.

Et puis, j’ai commencé la formation PRH. Ma première expérience importante a été de découvrir qu’au fond de ma sensibilité, il n’y a pas une quelconque perversité ou anomalie dangereuse contre laquelle lutter en cherchant à mettre un couvercle dessus. Mais qu’il y a mon être : un ensemble de ressources positives sur lesquelles je peux m’appuyer pour vivre. J’ai alors reconnu avec bonheur que ma sensibilité peut véhiculer de bonnes nouvelles !

Et puis, j’ai découvert avec passion l’outil de l’analyse des sensations. J’ai découvert que chacune de mes sensations pouvait m’apprendre des choses sur moi. J’ai découvert qu’il y avait en moi toute une intelligence émotionnelle, qui venait admirablement compléter mon intelligence cérébrale. La réconciliation avec ma sensibilité était en marche…

Et puis, j’ai bataillé avec cette phrase d’André Rochais : « toute sensation est une amie ! » Il m’en a fallu, du temps, pour adhérer à cette affirmation ! Comment ? Mes colères, des amies ? Mes souffrances et mes angoisses, des amies ? « Il y a des amies dont je me passerais bien ! », ai-je longtemps pensé… Pourtant, peu à peu, j’ai accepté. Accepté de me laisser ressentir l’insupportable de mes souffrances. Accepté de ne plus fuir, mais d’entrer dans la profondeur de ces sensations que j’avais toujours cherché à éviter. J’ai eu besoin d’être accompagné, bien sûr, pour entrer dans ces sensations douloureuses tapies dans les recoins de ma sensibilité. Au fur et à mesure que j’ai accepté de ressentir ces sensations que je fuyais jusque-là, j’ai vérifié plusieurs choses :

  • accueillir ces sensations de souffrance me libérait, m’apportait ensuite un réel mieux-être et plus de solidité
  • ce cheminement exigeant me permettait de retrouver beaucoup d’éléments enfouis de mon passé, comme les pièces d’un puzzle qui peu à peu s’ajustent et se complètent.
  • cela m’a permis une réconciliation progressive avec mon histoire, et une plus grande unité intérieure, au point de pouvoir dire, comme André Rochais : oui, ces sensations-là aussi, accueillies et analysées, ont été des amies pour ma croissance.

Aujourd’hui, je puis dire que ma sensibilité est un merveilleux capteur de mon environnement, qu’elle me permet de ressentir ce que vivent les personnes que je rencontre, qu’elle vibre positivement à beaucoup de choses. Elle me rend plus proche des autres, plus humain. J’ai appris à être attentif à ses sensations, parfois fines, mais qui véhiculent tellement de messages importants. Et notamment mes intuitions, tellement utiles dans mon travail d’accompagnement, et pour bien conduire ma vie. J’ai appris à accepter qu’elle souffre à certains moments, et à ne plus refouler ces souffances. J’ai découvert toute la richesse de sa mémoire. J’ai appris à reconnaître son importance dans ma vie, et dans la vie des autres. Et, aujourd’hui, je peux dire : « Oui, vraiment, merveilleuse sensibilité ! »

Régis Halgand, formateur agréé PRH

PS : si vous souhaitez donner toute sa juste place à votre sensibilité dans votre vie, quelques bonnes adresses :

 

16 commentaires sur « Merveilleuse sensibilité! »

  1. Merci beaucoup pour cette merveilleuse analyse claire et limpide qui m’encourage sur mon chemin de réconciliation avec ma sensibilité …

  2. Ton analyse, Régis, est un fameux encouragement à aborder avec confiance les sensations que véhicule notre sensibilité.. Je me souviens de la première fois où j’ai repéré, en cours de session prh, qu’une sensation s’imposait à moi, et dans un langage imagé qui m’a étonnée, mais qui sonnait si juste avec ce qui vivait en moi. Ce fut le tout début de mon apprentissage de l’analyse prh, dont l’intérêt se confirma à ma première session sur l’analyse. Je commençais à prendre conscience de cette instance, que je ne nommais pas encore « sensibilité », mais dont je faisais l’expérience. Puis peu à peu, comme toi, je me suis familiarisée avec elle, et j’ai appris que toute sensation (positive ou négative) est porteuse d’un appel à la vie, et d’une meilleure connaissance de soi. Comme il est bon de pouvoir se réconcilier avec soi ! Merci, Régis, de me donner l’occasion d’exprimer ma reconnaissance pour l’outil prh qui permet d’aller à la rencontre de la Vie en soi.

    1. Merci de nous partager ton expérience, Anne. S’ouvrir à ses sensations, c’est parfois marcher sur des terres inconnues ou qui paraissent dangereuses, parce qu’il y a eu danger ou souffrance autrefois. D’où l’importance de l’accompagnement individuel à certains moments. Et l’encouragement procuré par l’expérience de ceux qui ont vécu ce chemin, comme tu nous le partages dans ce commentaire.

  3. Merci, Régis, pour cet article! Il m’encourage beaucoup. Je sais toutes les avancées que j’ai déjà vécue avec ma sensibilité, mais j’ai parfois encore du mal… Ce qui est sûr, c’est que je déchiffre déjà infiniment mieux ce qu’elle me dit et si parfois j’ai encore peur de ses réactions, je sais que les souffrances qui s’y expriment sont précieuses. Alors ‘j’y vais’! Il me faut toujours un temps d’apprivoisement mais quel bonheur quand les nœuds se dénouent, quand la souffrance diminue puis disparait parce que la RDR et la blessure d’enfance sont guéries. Ou en bonne voie de guérison. Je suis de plus en plus rapidement à l’écoute de ce que dit ma sensibilité et c’est bon. Je sens combien cela a déjà changé de comportements en moi. Et ce n’est pas fini!

    1. Merci de nous faire part de votre expérience, Frédérique. Vous avez raison de parler d’apprivoisement, et aussi de bonheur quand les noeuds se dénouent !

  4. Merci Régis, de ce partage une fois de plus très éclairant et d’une belle sincérité! C’est beau à lire et porteur d’espoir!
    Merci!

  5. Merci Régis de réhabiliter cette sensibilité qui nous remue beaucoup. Mais sans elle, pas d’émerveillement, pas de relation, pas de vibration devant la beauté du monde…

    1. Merci Marie-Pierre de contribuer aussi à cette réhabilitation de notre sensibilité, si importante pour nos vies : elle est vraiment une chance et un atout, quand on sait l’accueillir.

  6. « Sentir c’est se sentir vivant », alors oui notre sensibilité est bien celle, si nous l’écoutons, si nous l’accueillons jusque dans ses replis les plus enfouis, c’est bien elle qui vient m’informer sans cesse de ma Vie et de toutes ses couleurs. Telle une  » basse continue » qui chante en moi : les chants douloureux, la corde du « manque », celle du « toujours plus », celle du « A quoi bon », celle du non et de la colère, celle des larmes et de la béance, celles pour lesquelles je préfère, un instant, bâillonner tous mes sens…au prix de rendre cette musique étouffante et de plus en plus lancinante….et pourtant oui, elle est amie cette sensibilité qui me conduit toujours plus loin, elle lève le voile de la fermeture, de l’obstruction, du déni clos et stérile, car elle me conduit vers l’émerveillement, accords qui disent la beauté de la relation, la beauté de ce qui EST, accords qui me font toucher mon unicité dans ce qu’elle cherche à déployer, à faire jaillir librement, chant qui m’unifie, m’apaise, qui dans un moment de grâce conjuguent présence et amour comme deux synonymes, chant qui me fait vibrer de gratitude…
    Ainsi, jamais, n’aurais-pu devenir l’aidante heureuse que je suis, jamais n’aurais-je pu ni oser ni écrit un livre sur la voix enfouie, histoire redonnée et puzzle vivant , jamais ne pourrais-je continuer à offrir et recevoir ce qui m’est donné au jour le jour, avec mes forces et mes limites, ombres et lumières, palette de Vie, si riche et si précieuse…

    1. Merci Nicole de laisser vibrer pour nous votre expérience de l’apport de votre belle sensibilité dans votre vie !

  7. Super texte : « Pourtant, peu à peu, j’ai accepté. Accepté de me laisser ressentir l’insupportable de mes souffrances. Accepté de ne plus fuir, mais d’entrer dans la profondeur de ces sensations que j’avais toujours cherché à éviter » Bravo pour cette phrase qui résonne en beaucoup de personnes….

    Alors ok, ça se fête :  » oui vraiment, merveilleuse sensibilité »

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