Dans un article précédent, Bénédicte Oriou nous a parlé de son vécu dans l’accompagnement de la maladie de son fils Brice. Son décès après plusieurs mois de combat contre la maladie, inaugure une nouvelle étape, celle de la traversée du deuil vers une vie nouvelle.
Qu’avez-vous vécu après la mort de Brice ?
Dans les mois qui suivent son décès, j’éprouve de l’amertume parce que si l’expérience vécue avec Brice est consistante je ne me sens pas unifiée : je ne me sens pas pleinement exister, comment prendre ma place ? Il y a alors cette intuition à me tourner vers PRH pour m’aider à incarner dans mon quotidien mes aspirations et à unifier ma vie. Je prends alors conscience que je vis parfois dans la fusion. Je me redresse, j’existe de plus en plus. Réussir ma vie, c’est-à-dire faire advenir le meilleur qu’il y a en moi devient synonyme d’être fidèle à Brice et au fur et à mesure que j’analyse en moi ce qui aspire à vivre j’y lis mon identité de Vivante, souhaitant laisser transparaître cette vie à travers moi. J’y lis aussi cette aspiration à faire advenir en l’autre sa bonté.
Cette fidélité à Brice m’amène à beaucoup de changements. Je suis extrêmement reconnaissante à mon mari de se laisser entraîner dans cette course pour mieux me connaître dans « qui je suis » et je ne sais où elle s’arrêtera mais je témoigne que cette aventure est passionnante. L’avenir est ouvert, les horizons s’élargissent.
Dans ce cheminement, en quoi PRH, vous a aidé ?
Dans PRH, je découvre un outil au service de cette vie à laquelle je veux rendre hommage. Cette vie je la découvre encore à l’œuvre aujourd’hui
J’ai fait « Qui suis-je ? » ma première session PRH à 18 ans, suivie de deux autres sessions, un peu plus tard. Ce qui reste vivant en moi de ces premières expériences, c’est à la fois la consistance de l’animatrice profondément humaine ainsi qu’un certain humour à mon propre égard, m’amenant à dédramatiser ma propre vision de moi-même dans mes dysfonctionnements, à me prendre autrement, comme si je m’ouvrais à une nouvelle vision, qui bouleversait ma vision. Grâce à PRH j’avais pu déchiffrer aussi l’importance de ma foi en l’homme et en Dieu.
Si les découvertes de cette époque ont été fondamentales et que j’adhérais à la démarche, ce n’est que 19 ans plus tard, après avoir écrit mon livre « Rassure mes copains » que j’ai ressenti l’appel à faire une autre session « A l’écoute de mon monde intérieur » . En me mettant à l’écoute de mes sensations, je renouais avec l’importance de l’outil PRH. Il devenait le chemin pour me comprendre, pour faire le clair sur les décalages que je vivais et pour permettre de donner chair et consistance à ma vie, tout comme j’avais pu me vivre au cours de l’accompagnement de mon fils.
Très rapidement j’ai commencé un travail d’unification de ma vie, puis également de revisite de mes deuils. j’ai pu vivre le deuil de mon fils de cette manière parce qu’à 10 ans j’ai vécu le deuil de mon père mais totalement différemment. Il était le grand absent de ma vie, ce qui contrastait terriblement avec l’intensité de mon lien à Brice. Du coup par un travail d’analyse et de relation d’aide, il est devenu plus proche de moi. Être fidèle à la vie de Brice en vivant au mieux la mienne commence à devenir synonyme d’être fidèle également à mon père, défiant les silences passés et existant(s). Le module « Trouver un chemin de vie après un deuil » m’a permis de clarifier ce qui dans ces deuils était source de vie pour moi et débusquer les fausses loyautés à la personne disparue.
Quel sens cette épreuve a-t-elle renforcé ?
Voilà 5 ans que Brice est décédé à Noël. Au fil des mois, l’expérience vécue avec notre petit garçon devient le ciment de ma vie, m’ouvrant de plus en plus à la bienveillance. Permettre à celle-ci de passer permet à Brice de contribuer à me transformer. Devenir une vivante lui permet d’advenir encore aujourd’hui. J’ai avant tout souhaité faire mémoire de ce qu’il a vécu avec nous et lui suis très reconnaissante de ce qu’il change en nous.
Propos recueillis par Philippe Charrier formateur agréé PRH