La force de l’être (1/2)

Vous le savez, si vous connaissez la formation PRH,  l’être est ce fond positif de la personne, le cœur de soi. Cette instance fondamentalement positive s’exprime par des invitations profondes, des intuitions. Le plus souvent, ce sont des sensations fines, auxquelles il convient de prêter notre oreille pour les percevoir. Parfois, ce sont des impératifs qui viennent nous surprendre et nous bousculer. Vous découvrirez, dans cette série de deux articles, plusieurs exemples remarquables de manifestations de l’être, chez des personnalités différentes, « rencontrées » ces derniers mois au gré de mes lectures.

Antoine Leiris est journaliste. Sa vie a basculé le 13 novembre 2016. Sa femme Hélène, l’amour de sa vie, et la mère de leur petit Melvil, 17 mois, est tombée au Bataclan sous des balles barbares. Trois jours plus tard, il publie sur facebook ce texte magnifique : « Vous n’aurez pas ma haine ». Puis, fin mars 2017, il publie un livre ayant le même titre, ouvrage pudique et profond, d’une intense humanité, sur les dix jours qui ont suivi ce drame. Il y relate notamment comment lui est venu ce texte, qui a fait le tour du monde en quelques heures…

Antoine Leiris

« C’est dans la voiture que ça commence. Mon beau-frère qui nous conduit voit mon pied taper frénétiquement le plancher de la voiture et me dit pour me rassurer : « tu seras à l’heure à la crèche, ne t’inquiète pas ».

Ce n’est pas le stress d’être en retard qui dicte ces mouvements, ce sont les mots qui imposent leur rythme. Les uns après les autres ou tous à la fois. Ils entrent, certains sortent, certains s’accrochent, ceux qui restent en appellent d’autres et chacun commence à jouer sa petite musique. Comme les quelques secondes avant qu’un orchestre se mette à jouer. On entend des sons épars, dissonants, libres, puis d’un coup les notes se mêlent et remontent votre colonne vertébrale, de plus en plus fort jusqu’au silence absolu, la partition peut commencer…

Maison, déjeuner, change, pyjama, sieste, ordinateur. Les mots continuent d’arriver. Ils viennent d’eux-mêmes, pensés, pesés mais sans que j’aie à les convoquer. Ils s’imposent à moi, je n’ai plus qu’à les prendre. Je les ai choisis chacun, mariés ensemble, séparés parfois et, après quelques minutes dans la peau d’un entremetteur, la lettre est là : « Vous n’aurez pas ma haine ».  »

Vous percevez, au travers de ce témoignage, comment les mots arrivent d’eux-mêmes : ils s’imposent en soi, il n’y a pratiquement qu’à les accueillir… C’est très caractéristique d’un impératif de l’être.

Connaissez-vous Elise Boghossian ? C’est une jeune femme acupunctrice, docteur en médecine chinoise. Elle quitte une fois par mois son cabinet parisien pour le Kurdistan irakien où elle soigne des réfugiés. Elle déploie une énergie fantastique pour concilier sa vie professionnelle parisienne, sa vie de mère de famille, et son soutien concret aux réfugiés irakiens et syriens, sur le terrain, et au travers de son association EliseCare.

Elise BoghossianElle relate son combat dans un livre, « Au royaume de l’espoir, il n’y a pas d’hiver », chez Robert Laffont (novembre 2015). Mais c’est sa réponse à une question posée dans une interview à la radio que je voudrais vous partager. On lui demandait, en substance, ce qui l’aidait à tenir, malgré toutes les horreurs et souffrances auxquelles elle était confrontée. Elle répondit ainsi :
« J’ai cette foi en moi, mais je ne parle pas de la foi au sens religieux, je parle de la foi en la vie, la foi en l’homme. Je ne pense pas qu’on naisse bourreau. L’homme porte en lui du bon, c’est notre humanité commune qui nous permet d’agir ensemble. A un moment donné, lorsque toutes ces consciences réunies permettent d’avoir une masse critique importante, il y a un moment où on arrive à changer le cours des choses, le destin de ces gens-là. C’est à cela que je crois, c’est cela qui me donne envie de continuer : c’est l’espoir que, des enfants qui sont perdus, on va les rattraper, que des familles qui sont séparées se retrouvent, j’ai confiance en la vie, même si on est témoin de tellement d’atrocités. Je vois aussi des merveilleuses choses que la vie nous offre, et puis aussi ces rencontres qu’on fait, ça me donne envie de continuer et de ne pas croire que tout est fichu… » (Interview sur RCF par Thierry Lionnet, le 20 janvier 2016)

Que retenir de ces deux témoignages ? Notre être nous oriente à poser des actes d’une profonde humanité. Il est créatif, il nous donne une énergie positive, qui oriente nos actes vers l’altruisme.

Régis Halgand, formateur agréé PRH

(La suite de « la force de l’être » ici)

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3 commentaires sur « La force de l’être (1/2) »

  1. Merci pour cet analyse de ces témoignages que je connaissais déjà. J’avais bien senti cet élan de l’Etre quand j’ai entendu l’émission de RCF. C’est bon de sentir le positif de l’Etre même quand nous sommes entourés de choses difficiles voir horrible.

  2. Merci beaucoup pour ces deux témoignages qui m’encouragent vivement sur mon chemin vers toujours plus d’humanité…

  3. Merci Régis pour ces superbes témoignages qui parlent de la force en soi pour dépasser les événements les plus durs…et à la vue de ce qu’ils ont vécu…ce n’est pas de la théorie ! A méditer pendant l’été !

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