Voici le deuxième épisode de cet article paru dans Non-violence Actualité :
S’ouvrir à mon enfant qui peut être très différent de moi n’est pas évident : accueillir un enfant tonique lorsqu’on est soi-même calme, un enfant artiste lorsqu’on est très cartésien, un enfant rêveur lorsqu’on est très actif, cela demande de choisir cette qualité de regard qui accueille mon enfant tel qu’il est. Quitter ma propre référence pour venir apprécier l’enfant dans sa différence. Cela rejoint le premier besoin psychologique primordial de l’enfant qui est d’être reconnu pour qui il est, et d’être aimé, apprécié pour lui-même. Il m’est facile d’aimer un enfant qui entre dans mes critères de beauté, ou bien qui est gentil ou tranquille. Mais lorsque l’enfant diffère de mon idéal, il va me falloir faire acte de volonté et choisir de regarder ses qualités, et peut-être même me faire aider de mon entourage pour recueillir des avis positifs sur cet enfant : une grand-mère peut me refléter la patience qu’elle lui voit vivre; un ami peut me parler de l’habileté manuelle qu’il a observée chez mon enfant. Un autre élément très important est que je peux facilement aimer un enfant qui me témoigne de l’affection et de la tendresse, alors que je me sens moins aimant(e) d’un enfant distant, plus froid ou réservé. Lorsque mon amour pour mon enfant est inconditionnel, gratuit, sans attente de retour, il est alors porteur d’élan et lui permet (à mon enfant) de grandir en confiance en lui. Sinon, l’enfant pourrait se sentir redevable, aimable sous conditions et cela pourrait générer un manque de confiance en lui.
Un deuxième besoin psychologique vital est le besoin pour mon enfant de se sentir en sécurité. Cela signifie qu’il me sente solide. Que je ne sois pas mené(e) par mes peurs : attention aux « tu vas te faire mal !», « tu vas tomber !» ou bien chez l’enfant plus grand, je peux interdire les sorties par peur de l’alcool ou de la drogue ; l’empêcher de fréquenter ses camarades dont je redoute la mauvaise influence. Bien sûr la peur est un indicateur très précieux, et lorsqu’elle est un signal de danger, il me faut l’écouter: je ne laisse pas un tout petit traverser la rue tout seul, ou encore je dialogue avec mon ado sur les dangers de la drogue ou les pièges d’internet. Mais lorsque je freine mon enfant à cause de mes peurs, je peux génèrer chez lui une image faussée de son environnement ainsi que de ses capacités : il risque de sous-estimer sa capacité d’autonomie, de devenir timide, ou encore de voir tout ce qui est inconnu comme dangereux. Il est bien normal que mon enfant ait peur, il est sans cesse confronté à des situations inédites dont il ne connait pas les codes, mais si je rajoute ma propre peur à la sienne, je dramatise et je ne l’aide pas dans son apprentissage d’autonomie. A contrario, si je me sens suffisament assuré(e), je peux lui apprendre à gérer sa peur : Accueillir mon enfant avec sa peur, sans la minimiser ou m’en moquer, et l’aider à identifier ses appuis et ses ressources dans la situation qu’il appréhende. Par exemple, l’aider à repérer une personne déjà connue vers qui il pourra se tourner si besoin, ou bien faire avec lui un itinéraire nouveau et remarquer ensemble les points de repères ; ou encore lui rappeler une expérience précédente réussie avec sa capacité de débrouillardise pour qu’il puisse construire petit à petit sa confiance en lui. Si je suis moi-même trop inquiet(e) et mal assuré(e), je peux solliciter quelqu’un de confiance, que je sens plus solide que moi dans le domaine concerné, pour accompagner mon enfant dans l’apprentissage en cours.
Anne Flatin, formatrice agréée PRH
Et voilà pour ce deuxième épisode. Le troisième et dernier arrivera prochainement sur ce blog !
Sur le thème plus spécifique du besoin de sécurité de vos enfants, vous pourrez observer comment vous vous y prenez, et aussi comment vous réajuster si besoin, dans le stage de 3 jours « Pour que mes enfants développent la confiance en eux »
très intéressant de prendre à nouveau conscience, de m’impregner de ces éléments fondamentaux pour ameliorer ma relation à mes petits enfants et à ne pas me laisser mener par mes peurs
anne-marie