Comme je vous comprends, jeunes gens attirés par cet islamisme radical !
Comme je vous comprends avant que vous ne dérapiez dans la folie et l’horreur !
J’entends votre soif d’exister, oui, tout simplement exister. Votre soif d’exister pour une cause plus grande que vous, pour une grande cause ! Votre désir d’appartenir à cette race d’hommes capables de se donner entièrement à une réalité plus grande qu’eux, une réalité qui les dépasse, une réalité qui les transcende. S’en remettre à un Autre que soi, tout lui sacrifier, s’en référer et ainsi trouver sens à sa vie….J’entends, et cependant je vous demande : «Quel est cet «autre» qui vous demande de vous sacrifier ? Est-ce dans le respect de votre vie, de votre liberté, signes de la dignité humaine ?»
J’entends, jeunes gens, votre soif de radicalité dans un monde occidental aux apparences tièdes, vide de sens parfois, où Dieu est absent, dénigré, où le dieu adoré est plus souvent celui de l’argent, de la consommation, du bien-être individualiste….sans perspective digne de ce nom pour l’humanité…Je dis bien en apparence car sous ces endormis repus d’indifférence et de tiédeur, sous les apparences affichées par les médias de toutes sortes, il y a quelques belles consciences bien éveillées mais discrètes, qui se font entendre ou souffrent de ne pas l’être suffisamment….
Oui je vous comprends, je comprends votre soif, votre élan de vie cherchant un passage pour exister, être reconnu, vu, et votre radicalité me touche profondément. J’entends votre besoin d’appartenance, d’agir avec d’autres, oui, mais en vue de quoi ?
Je veux moi aussi vivre une radicalité mais pas n’importe quelle radicalité ! Il y a une condition incontournable à cette radicalité, c’est que ce soit celle de l’intelligence de l’Amour, au service de notre humanisation à tous ! Toute autre radicalité est vouée à l’échec. Et, voyez-vous, un piège mortel nous guette tous, ce piège guette l’humanité toute entière. C’est celui de croire que le mal est au dehors de nous, et de croire qu’en nous débarrassant du mal au dehors de nous, nous parviendrons à «purifier» ce monde et ainsi glorifier notre Dieu créateur. Quel tragique piège !!! Croire qu’on peut combattre la haine par la haine ! Croire qu’écraser tous les terroristes comme une «vermine», comme une race à part, sauvera notre monde bien confortable et tranquille ! Croire que ce serait là, la seule et unique solution et que rien ne serait à remettre en cause dans nos «belles démocraties laïques occidentales» !
Oh, mes frères, comment pourrions-nous vouer notre vie à une autre radicalité que celle de l’amour, de la paix, de la justice, de la fraternité ?!!! Réveillez nous, oui, mais sans nous détruire ! Nous sommes vos frères en humanité, nous sommes de cette même humanité ! Réveillez nous oui, mais du lieu de votre grandeur, du lieu de votre dignité. Debout ! Debout mes frères attirés par cet islam radical, ne vous trompez pas de combat. Nous avons besoin les uns des autres, dans le respect de nos diversités, et dans une recherche permanente de progrès pour l’humanité. Notre culture prône la liberté de conscience. Encore faut-il trouver en nous le chemin de notre conscience profonde pour pouvoir être vraiment à son écoute !!!
Et pourtant, la vérité ne pourra surgir que de nos consciences respectives. Sans la référence à notre conscience profonde, notre humanité est perdue.
J’entendais un prêtre catholique répondre à cette question «Où était Dieu pendant les attentats ?», il répondait ceci : «Dieu est dans ces innocentes victimes, Il souffre avec elles, en elles. En ces victimes, c’est Dieu qu’on assassine…». Oui, mais j’ajoute ceci : si Dieu est dans ces victimes, Il est aussi dans ces hommes ceinturés d’explosifs, perdus, coupés de leur conscience profonde, et Dieu souffre en ces hommes totalement coupés de leur être, de leur conscience. S’il faut sauver Dieu en l’homme, c’est à la fois dans les victimes et dans leurs bourreaux.
Charlotte Ghestem, formatrice agréée PRH
Merci Charlotte pour ce magnifique article. En réponse à ton beau texte, je t’offre une citation tirée d’un livre intitulé « L’interprète des Désirs » du grand mystique soufi (le soufisme étant un courant spirituel très fort de l’Islam, aux antipodes du salafisme) Ibn’Arabi (1165-1240) :
« Mon cœur est devenu capable de toutes les formes,
Une prairie pour les gazelles, un couvent pour les moines,
Un temple pour les idoles, une Kaaba pour le pèlerin,
Les Tables de la Thora, Le Livre du Coran.
Je professe la religion de l’Amour, et quelque direction
Que prenne sa monture, l’Amour est ma religion et ma Foi. »
Au plaisir de te rencontrer dans un stage PRH,
Philippe (frère d’Hélène Sanchez)
Merci pour cet article rempli d’humanité, qui me touche particulièrement.
Ouiiiiiiiiiiii, très belle parole enracinée. C’est vrai, c’est juste n’oublions personne !
Tout à fait d’accord il faut prier aussi pour les bourreaux
Ta radicalité, Charlotte, me réconforte. Elle ne monte pas les victimes contre les bourreaux ; elle ne fait pas le tri entre les humains. Elle les englobe (les enveloppe, ai-je envie de dire) tous. Elle montre une bienveillance à peine concevable pour l’intelligence humaine, qu’il nous faut aller chercher au tréfonds de nous. Elle ouvre la porte de la Miséricorde divine, posant l’acte de foi que Dieu doit être sauvé en tout homme. Merci, Charlotte, de nous faciliter la parole, quand il nous faudra peut-être un jour dialoguer avec un de ces « jeunes » ou moins jeunes, travaillés par leur propre radicalité.
Tu exprimes admirablement ce que je ressens depuis longtemps. Oui, les jeunes qui partent vers la radicalité cherchent en fait un absolu. En réponse, on déclare la guerre aux terroristes (le mal est à l’extérieur), sans autres actions positives chez nous. J’avais suggéré à M. Valls d’ouvrir une chaîne TNT aux religions qui pourraient toutes s’exprimer et ainsi mieux se connaître, comme sur France2 le dimanche matin. Au lieu de cela, on vient d’ajouter une chaîne d’infos : LCI. Il y aurait aussi d’autres actions positives à mener, en particulier dans l’Education Nationale.
NB : Je savais bien que M. Valls ne prêterait pas attention à un citoyen de base.
Merci Charlotte pour ton témoignage qui me rejoint dans le combat que je mène avec tant d’autres pour l’abolition de la torture et contre la peine de mort.
A échelle humaine, je dirais plutôt à l’aune de notre seul moi-je, il est difficile voire inconcevable, de mettre victime et bourreau sur un « pied d’égalité »…
On sait pourtant que le bourreau a subi un processus de déshumanisation qui lui « permet » à son tour de déshumaniser sa victime.
C’est donc bien en amont, de façon préventive qu’il faut travailler, en poursuivant sans relâche tout travail d’humanisation de notre monde, là où il nous est donné de vivre.
En poursuivant aussi ce travail d’humanisation de nous-mêmes, avec une forte détermination à progresser….en particulier dans des relations non violentes avec nos proches.
Merci Charlotte pour ta parole forte qui rejoint les « bourreaux » dans leur humanité, qui ose s’adresser à eux et donc les maintient dans la famille humaine alors que notre première tentation serait de les exclure à jamais …Je pense à l’apôtre Paul, fanatique qui s’attaquait aux chrétiens et qui a été touché au plus profond par un passionné de l’homme et passionné de Jésus-Christ, Etienne, et qui est devenu un « ardent » vulnérable, pauvre …Je me sens invitée à m’ouvrir à un regard qui espère et attend chacun quelque soit les actes commis; oui les actes sont à condamner à 100% mais la personne qui les commet a besoin d’être vue dans ce lieu profond, le lieu de sa capacité à s’ouvrir à la Vie qui continue de se donner à elle gratuitement, sans conditions…Je pense au témoignage de Maïti Girtanner, jeune résistante qui a écrit « Même les bourreaux ont une âme ».
Bonsoir Charlotte,
Merci d’avoir trouvé les mots qui me manquaient pour imaginer m’adresser à ces jeunes attirés par la radicalité.
A l’intérieur de moi, je ne trouvait qu’à me dire : « aucun vrai chemin spirituel ne peut mener à tuer autrui, ils font donc erreur, c’est certain », et en même temps, je me sentais démuni pour répondre à ceux qui auraient emprunté ce chemin.
Pourtant Marshall Rosenberg me l’a appris : le chemin de la non violence est de rejoindre l’autre dans ces besoins. Et toi, dans ce texte tu sais les rejoindre à cet endroit et me facilite ce chemin.
Merci encore pour cet article que j’entends comme un cri de ton être.
Bien cordialement,
François
Je suis très touchée par ce texte. Il m’éclaire. Il ouvre en moi un autre regard et un autre ressenti envers les organisateurs des attentats. Je ressentais un malaise ces derniers temps face aux médias ou aux réactions de certains personnes mais je ne savais pas l’expliquer, le nommer. Ce texte me rejoint. Merci.
Merci Charlotte d’exprimer si bien la façon dont je comprends et ressens les choses ! Et du coup, à chacun de nous de continuer d’apprendre à écouter notre conscience profonde et à agir en accord avec elle ! Bien amicalement
Oui, « trouver le chemin de sa conscience profonde »…et dans les plus petites réalités du quotidien ! Exigeant…mais bon d’y revenir, c’est » un chemin de clarté et vérité avec soi-même, de liberté…
Merci encore PRH, 30 ans après…
Merci de redire que Dieu (pour ceux qui peuvent le nommer et en vivre) n’habite pas que les victimes. Le questionnement fait « tourner en rond » autant qu’il engendre de la tolérance si je regarde la Personne, mais en effet les actes ont des causes diverses,…et celle qui est criante est d’être coupé de soi ou branché sur « les seules idées »…
Bonjour Charlotte et Merci pour ta parole forte qui descend loin,; loins dans les sources de la Vie , de l’Amour, dans les seules richesses inépuisables de l’Humanité!
Merci pour ce réveil ce matin!
Valérie