Vivre après les attentats

Nous avons tous été stupéfaits, sidérés, horrifiés, révoltés par les attentats odieux qui ont fait 130 morts à Paris le 13 novembre dernier. Comment se situer ? Comment ne pas se laisser gagner par le désespoir ou la haine ? Comment continuer à vivre, et à grandir après ces événements ? Avec quinze jours de recul, et suite à un échange entre formateurs PRH sur ce thème, nous voulons esquisser quelques éléments de réponse à ces questions qui nous touchent tous. En ayant une pensée particulière pour tous les rescapés et témoins directs de ces barbaries, ceux qui ont été blessés et les proches des personnes décédées, qui ont besoin d’un suivi d’une autre nature encore que celui dont nous allons parler maintenant.

La première chose qui nous paraît importante, c’est de faire le clair sur ce que ces actes et le déferlement d’images et de paroles qui ont suivi ont provoqué en nous. Nous sommes impactés dans toute notre personne, à différents niveaux. Passé le temps de la sidération, notre intelligence a besoin de comprendre, de savoir. Notre sensibilité est touchée, bouleversée. Elle peut être fort réveillée par des angoisses, des peurs, qui peuvent trouver leur origine dans notre passé, souvent inconsciemment. Notre corps peut réagir fortement, en lien avec notre passé. Notre être est bouleversé et meurtri : ces actes barbares sont tellement à l’opposé de ce à quoi nous aspirons au fond… et il peut avoir des réactions de vie très bienfaisantes, si nous savons les écouter. Ce qui va donc nous aider, c’est de déchiffrer tout ce vécu intérieur, d’analyser toutes nos sensations et d’accueillir vraiment la souffrance qui nous habite. Parler, et donc être écouté et reçu dans toutes nos réactions est une aide précieuse pour ne pas être mené par ce vécu, être submergé par lui, ou l’enfouir…

Ce qui nous apparaît important, c’est aussi de faire des choix qui soient constructeurs, en particulier dans la manière dont nous allons nous informer.

Nous avons besoin de comprendre, c’est normal. Recherchons une information qui aille au-delà des stéréotypes, qui cherche à expliquer en profondeur les causes multiples d’une telle violence, dans toute leur complexité. Et acceptons aussi qu’il y a une part d’absurde et de définitivement incompréhensible dans ces actes où l’on meurt pour semer la mort, au hasard de la vie quotidienne de nos concitoyens.

Vivons une hygiène de notre sensibilité. La vision des images de ces violences, ou l’écoute en boucle des mêmes informations anxiogènes ne vont pas nous construire. Elles peuvent alimenter et renforcer en nous des peurs qui viennent de loin. Il s’agit donc de s’informer, sans se laisser contaminer par la violence ou la peur : sinon, les terroristes attentent aussi à nos vies, ce qui est un de leurs objectifs.

Même s’il est absolument essentiel de s’informer et de regarder lucidement ces faits, il est important aussi de ne pas réduire notre rapport au monde à ces attentats, et de nous vitaliser. Plus que jamais, nous avons besoin, en ces temps-là, de nous faire du bien en profondeur, de nourrir notre être. Cela passe par la qualité de nos relations au quotidien, par le choix de nos lectures ou de ce que nous regardons à la télé ou sur internet.

Avez-vous remarqué aussi combien ces attentats provoquent aussi de magnifiques réactions de solidarité, des gestes sublimes de paix, des paroles de pardon ou d’une dignité absolue ? Recherchons ces paroles, partageons ces expressions de l’humanité dans ce qu’elle a de plus noble et de plus grand. A la barbarie, répondons par un surcroît de vie et d’amour. Émerveillons-nous de cette capacité d’hommes et de femmes de se transcender, de trouver la force d’être dignes dans ces moments de violence inouïe.

Et écoutons notre conscience profonde. Plus que jamais, écoutons-là pour nous situer dans notre société. Dans les mots que nous dirons, dans la manière dont nous parlerons des uns et des autres, dans les choix que nous pourrons exprimer par nos votes prochainement, nous avons la possibilité d’œuvrer à une société qui exclut, divise, condamne, oppose de manière manichéenne, ou d’œuvrer à un monde qui cherche à comprendre, à tendre des passerelles, à créer des solidarités. Cela passe par nos actes quotidiens. Comme citoyens, nous sommes responsables de la société que nous voulons bâtir. « Soyons le changement que nous voulons voir pour le monde », disait Gandhi…

Ces événements dramatiques nous provoquent donc à notre responsabilité : responsabilité de notre état intérieur, et responsabilité de nos relations avec tous ceux que nous rencontrons. La formation PRH nous l’apprend : nous avons le pouvoir de nous changer nous-mêmes, et de contribuer au changement de nos relations. Prenons les moyens de le vivre vraiment.

Régis Halgand et Françoise Parmentier, formateurs agréés PRH

12 commentaires sur « Vivre après les attentats »

  1. je suis vraiment toucher de ce qui se passe en France et dans le monde,Syrie,Borma,Palestine, …………………………
    .pourquoi cette barbarie?
    pourquoi cette haine?
    Dieu nous à crée pour vivre heureux et donner notre pleine mesure;
    d’avoir des relations basé sur l’amour gratuit; la fraternité; la sincérité………
    j’ai envie de ne plus entendre , ne plus voir cette violence
    Cela me fait revivre ma souffrance;plutôt la souffrance de toute personne de mon payé pendant 10 ans ou plus

    en était habité par la peur, chaque jour en ce lèvent le matin pour aller au travail; à l’école et en ne saie pas est ce que demain en seraient vivant ou non
    s’était dure,…………………………………………………….
    aujourd’hui je souffre encore de voir ces adolescents qu’ils étaient nourrissant ou enfant à cette époque ,ils en avaler toutes nos peurs et souffrances
    je les vois stressé ;angoisser, ils sont devenue agressif dans leur comportements, violent dans leurs paroles

    j’ai de la peine envers ces adolescents,
    je ressens aujourd’hui que j’ai une part de responsabilité envers eux
    en doivent les écoutés , les aidée à parler à s’approcher de leur réalité positive

    j’ai envie de hurler et dire stop à la violence, stop à l’agressivité
    vive la vie ; vive l’amour gratuit, vive la paix…………………………

    en fin je vous remercie pour cette article , je souhaiterai de tout mon cœur, que la paix et la joie rejoint tout les peuples

    1. Bonjour Safia,
      J’entends combien la violence dans le monde vous rappelle la souffrance qu’a enduré votre pays, et c’est douloureux pour vous. Vous avez raison de dire que la peur ressentie enfin peut ressortir plus tard sous forme d’agressivité. J’entends votre souhait du fond du coeur pour que cette spirale de violence s’arrête, et que vive la paix et l’amour gratuit. Je partage votre désir profond. Du fond du coeur.
      Régis

  2. C’était le vendredi 13 novembre ( pas le 16 ), une date faste selon les astrologues !
    Croyez-vous que les terroristes vont suivre des stages PRH ?
    Et Gandhi n’a t-il pas provoqué finalement des milliers de morts ?

    1. Merci Gérard pour la date, j’ai rectifié dans l’article.
      Pour l’accueil d’un terroriste dans un stage PRH, nous l’accueillerions comme toute personne. Mais, malheureusement, il faudrait qu’il soit volontaire pour une telle démarche. Cela suppose de sortir de la certitude d’avoir raison et de vouloir contraindre l’autre à adopter sa croyance, pour se mettre en recherche.
      Quant à Gandhi, le fait qu’il y ait eu, au moment de l’indépendance de l’Inde et de la création du Pakistan, des affrontements violents ne correspondait évidemment pas à son message, et à ses voeux. Le fait qu’il n’ait pas été non plus exemplaire dans toute sa vie (qui l’est ?) n’enlève rien non plus à la force de son message de non-violence, qu’il a vécu à partir d’un certain moment de sa vie dans une grande cohérence. Son invitation à être le changement que nous voulons voir pour le monde, la phrase que nous avons citée, est de toute façon une interpellation qui nous paraît très juste.
      Bien cordialement
      Régis Halgand

      1. Bonjour Régis,

        Concernant l’accueil d’un terroriste dans un stage PRH, n’est-ce pas plutôt « sa certitude d’avoir raison et de vouloir contraindre l’autre [voire tous les autres] à adopter sa croyance », qui est malheureuse ?
        Je trouverais en effet plutôt heureux qu’un (ancien) terroriste se mette en recherche et devienne volontaire pour participer à un stage PRH. 😉

        François

  3. Bonjour,

    Merci pour ce message qui m’aide à comprendre et mieux accepter, en partie tout du moins, mes propres réactions face à ces attentats.

    Depuis que je les ai appris, j’ai repris ma vie sans me sentir trop affecté ni m’informer plus que cela sur ces événements, certains que les médias s’en chargerait plus que de besoin.

    Et je me demandais si ma sensibilité n’était comme anesthésiée au point de me rendre insensible à ces événements, un peu comme c’est le cas des kamikazes selon le psychanalyste évoqué par Françoise dans son autre article sur le sujet (cf. https://blog.prh-france.fr/2015/11/14/on-nempechera-pas-la-vie-de-passer/) – et que je suis surpris de ne pas voir indiqué en lien avec celui-ci.

    De constater ce comportement en moi me questionne en tout cas… au risque de me culpabiliser de ne pas être plus touché par ces attentats. Pourtant, bien sûr je les juge ignobles et révoltants.
    Et en même temps, une part de moi croit ou veut croire qu’ils font partie de l’ordre des choses, qu’ils s’inscrivent dans un grand mécanisme d’actions et de réactions, un enchaînement d’événements grands et petits qui me dépasse complètement et que je préfère confier à plus grand que moi, dont : le découpage du moyen orient à la fin de la 2e guerre mondiale donnant naissance à des frontières artificielles comme celles de l’Irak, la guerre qui y fut menée par G.W. Bush et son « partiot act » …)

    Et en vous lisant je réalise que s’est mis en place en moi une réaction pas très consciemment volontaire mais très saine pour ma personne en cherchant à éviter d’êalimenter ma sensibilité par les images et la sur-information sur ces attentats, surtout à chaud.
    En effet, il m’est plus facile de le faire maintenant que quelques jours se sont écoulés depuis.
    Car en même temps, je me sens responsable de regarder ces événements et d’y apporter ma réponse, comme le colibri apporte sa goutte d’eau. Simplement, cela fait son chemin à son rythme en moi et je sens que je peux faire confiance à la sagesse qui m’amène à vivre ces événements de cette façon.

    Maintenant est-il indispensable de creuser plus encore ce que vis ma sensibilité face à ces attentats ?
    Dans cette période ou je me sens invité à nourrir mon être, ce n’est pas ce qui m’appelle.
    Serait-je sujet à refoulement ? Non : j’aspire à faire ma part face à ce qui s’est passé.
    Ma part et pas plus, comme pour répondre à cette médiatisation à outrance qui exacerbe nos sensibilités : je suis résolument mon chemin qui est actuellement de favoriser le déploiement de mon être et ainsi à nourrir la paix en moi. Peut-être d’ailleurs est-ce une réponse non volontaire que la Vie en moi a trouvé dans son intelligence intrinsèque, indépendante de celle de mon moi-je !?…

    En tout cas il en est ainsi et je suis amené à m’accepter dans cette façon d’être et de réagir (peu) pour prendre mon temps pour comprendre et trouver les mots justes : il était en effet urgent pour moi de prendre ce temps.

    Bien à vous. Cordialement,

    François

    1. Merci, François, de nous partager la manière dont vous avez réagi à ces actes terroristes. J’entends que votre priorité est de favoriser le déploiement de votre être, et de nourrir la paix en vous. Ainsi, vous pourrez aussi apporter de la paix et de l’harmonie autour de vous.
      Bien cordialement
      Régis

  4. Merci infiniment pour vos paroles de vie qui nous rappellent que nous sommes responsables de nous -même , de nos relations et de notre environnement mais ne pouvons prendre sur nos épaules la douleur du monde , au risque de s’y noyer.
    Françoise Moreau (quelque part sur Terre)

    1. Merci, Françoise. Prenons notre part, assumons notre responsabilité. Totalement, mais pas plus. Oui, nous sommes responsables de nous-mêmes, de nos relations et de notre environnement. C’est déjà beaucoup. Écoutons notre conscience profonde. Elle nous aidera à tenir compte de nos limites.
      Bien cordialement.
      Régis Halgand

  5. Régis, j’aime vraiment ce que tu viens de dire ! C’est super, et je suis tellement d’accord avec cela. Prenons nos responsabilités pour poser des actes de paix en accord avec notre conscience profonde !
    Stéphanie

  6. Bien sûr, nous éprouvons beaucoup de compassion vis à vis des familles des victimes de tous ces attentats. Bien sûr, cela nous rend tristes et nous fait souffrir. Devons nous pour autant nous laisser aveugler par l’émotion et réagir sans discernement plutôt qu’agir efficacement ?
    L’histoire nous a montré les limites de l’esprit revanchard de 1918 : on a humilié et saigné le peuple allemand après la défaite ; on leur a fait payer des réparations . Ayant été incapables de faire preuve de compassion vis à vis des vaincus, on a généré un tel niveau de frustrations et de violence que cela a conduit à la guerre suivante ! On ne peut pas nier notre part de responsabilité dans ce qui s’est passé ; on aurait pu éviter la 2ème guerre mondiale si le chemin d’une réconciliation bienveillante avait été initié.
    Avons-nous évolué aujourd’hui, 100 ans après ? Sommes-nous plus lucides dans notre analyse de la situation ?
    Le discours officiel dominant ne parle que de « fanatisme barbare », d’un besoin de vengeance à travers des bombardements, voire de boucs émissaires dont la nationalité française doit être retirée.
    Donc, œil pour œil, dent pour dent. Mais surtout, ne pas interroger pourquoi notre société occidentale a conduit à ce que quelques milliers de ses citoyens éprouvent tant de frustration et de rejet pour être aussi facilement endoctrinables.
    Ne pas voir les conséquences sur les générations actuelles quand on a bafoué aussi longtemps l’égalité dans la République entre citoyens en instituant le statut d’indigène, (un élu récemment employait encore le terme de « sous-hommes ») puis en laissant se développer une urbanisation où les mots clés sont quartiers dégradés, ghettos, banlieues ouvrières, lotissements pavillonnaires.
    Ne pas regarder en face la manière déplorable dont on a incarné en Europe la fraternité vis à vis des réfugiés (juifs, républicains espagnols, harkis, syriens aujourd’hui).
    La réaction par les bombes va renforcer la boucle de la haine ; cela ne fera pas revenir les morts du Bataclan, cela n’évitera pas la radicalisation d’autres personnes. Il serait préférable, au contraire, de dépasser toute cette souffrance, d’assumer notre part de responsabilité (directe ou héritée) et de faire face à nos propres incohérences et aveuglements. Pour que cela soit collectivement partagé, il revient d’abord à chacun d’entre nous d’être au clair avec sa propre violence afin d’être dans une relation paisible avec lui-même. Ayant expérimenté pour moi-même le travail sur soi proposé par PRH, je ne peux que me féliciter dans de telles circonstances que de telles propositions existent aujourd’hui pour aider toute personne à discerner par exemple l’origine de sa propre violence, à se prendre en charge et à développer son savoir-être dans la société. Comme la liberté de parole est encore possible, transmettre ce message d’espoir et de paix est la vibration qui m’habite pour honorer la mémoire de toutes ces victimes et surtout développer des actions pertinentes pour que ça ne se reproduise plus.
    Jean-Pierre DEBAILLIEUL

    1. Bonjour Jean-Pierre,

      Et merci pour ce partage dont j’apprécie l’intelligence dans votre recherche des sources sociales et individuelles de tels attentats.

      Oui, nous avons surement des responsabilités collectives dans les récents événements et je partage aussi la conviction qu’aller à la rencontre de sa propre violence à l’intérieur de soi est un chemin pour sortir de cette spirale de violence manifestée à l’extérieur : ce qui se manifeste à l’extérieur n’est-il pas le reflet de ce qui est en soi ?

      Pour avoir fréquenté des milieux prônant la non-violence, j’ai pu constater combien la violence relationnelle pouvait s’y manifester …
      qu’on se croit victime ou auteur de cette violence, n’est-il pas alors urgent de prendre le temps de revenir à l’intérieur rencontrer la violence qui se terre au fond de soi et dont ces constats ne sont que le reflet ?

      En même temps, il y a des mesures d’urgence à prendre pour empêcher que de nouveaux attentats se produisent. Et pour cela, il me semble beaucoup plus délicat de trouver les bonnes façons d’être et de faire.

      Merci pour ce partage. Bien fraternellement,

      François

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