Je pense donc … je suis deux

Et parfois même trois, voire plus !

Voilà ce qui se passe : Ma pensée naît dans mon cerveau, mais ma tête abrite le plus sévère juge qui soit sur moi-même. Je ne me sens jamais assez « à la hauteur », jamais assez efficace, trop souvent inadéquate, et plutôt timorée, pas ajustée, en décalage ou même carrément en dehors du coup ! L’image que j’ai de moi est d’une noirceur tenace et je suis à moi-même mon pire saboteur. La critique de moi-même me poursuit du matin au soir et je n’ai pas encore mis le pied par terre que déjà les reproches ou les doutes pleuvent… le monologue intérieur se remet en route à mon insu. Comme c’est fatigant…

Je sens les forces de mon corps mises à mal par cette tension intérieure : je me raidis pour tenir, et les exigences que je me donne pèsent sur mes épaules. J’ai la sensation d’une lourdeur de plomb et diverses douleurs viennent me rappeler mes limites ou encore la maltraitance que je m’inflige; le mot est fort mais c’est celui qui me vient quand je m’observe dans certains fonctionnements !

Après la voix mentale puis celle de mon corps, il y a une troisième voix en moi ! En effet, je suis une personne sensible et ma sensibilité résonne de multiples façons : le regard noir porté sur moi par mon mental vient éveiller une tristesse de fond, comme un marasme sous-jacent, un peu de dégoût de moi-même, du découragement aussi… Les événements mondiaux actuels me touchent et alimentent un désespoir ancien : comment vivre ou survivre avec tant de cruauté et de malveillance ?

image 1 oct 2015Mais je suis également sensible au soleil, à la beauté du paysage d’automne qui m’environne, aux nuages qui galopent dans le ciel, aux pommes acidulées qui colorent le pommier devant ma fenêtre : ces vibrations positives me donnent envie de bouger, je respire plus largement. Alors je prends mon panier et vais ramasser les noix tombées sous le vent de l’orage d’hier, une feuille morte virevolte et vient se poser juste sur mes cheveux, des oiseaux pépient autour de moi. Ca y est, je suis comme « élargie » : la Vie coule autour de moi, sans moi, et cependant je m’y sens bienvenue, à ma place. Je peux juste faire ma part : dans le jardin c’est simplement cueillir les fruits, nourrir nos trois poules, contempler le ciel, me laisser réchauffer par les rayons du soleil.

image 3 oct 2015Et quand je retourne à ma table de travail, c’est faire le clair sur ce que je ressens, analyser mes sensations, choisir à quelle voix en moi je donne la parole, comprendre les messages de chacune. Au final lorsque je suis branchée sur mon être profond, lorsque j’ai retrouvé l’élan de Vie qui me traverse, alors je me mets à l’ouvrage de manière ajustée, déterminée mais sans tension. Je sens que je fais ma petite part pour assainir mes relations; en premier lieu la relation à moi-même : je ne suis pas si négative que ça si je regarde objectivement mes faits et gestes quotidiens. Et lorsque je suis en paix avec moi-même, je peux contribuer à diffuser autour de moi une ambiance vitalisante et favoriser des relations ajustées. Ce lieu en moi duquel je peux entendre toutes mes voix intérieures et choisir le plus justement possible ce qui est bon pour moi à l’instant donné, c’est le lieu de ma conscience profonde. Il est souvent masqué par le brouhaha mental ou sensible, mais quand mon intelligence s’ajuste à la réalité et que ma sensibilité se calme, quand je regoûte à la Vie qui m’anime, alors la voix de ma conscience profonde devient claire et simple à suivre ! A ce moment-là, je n’ai plus la sensation d’être multiple mais je me sens unifiée, toute entière axée sur ce que je fais. Et l’énergie me vient comme un cadeau bonus : Je n’ai plus les pieds de plomb !

image 2 oct 2015

Si vous avez comme moi envie de retrouver l’élan de Vie, et le goût de mieux comprendre vos voix intérieures, nous vous proposons le stage « Qui suis-je ? » et les stages qui permettent l’apprentissage de l’analyse des sensations : « corps et ouverture à mon monde intérieur » et « à l’écoute de mon monde intérieur« . Muni(e) de cet équipement, vous pourrez ensuite vous « entraîner à la prise de décision« , c’est-à-dire repérer et faciliter l’écoute de votre conscience profonde. Le stage « corps et croissance personnelle » m’a permis d’écouter les messages de mon corps comme un bon ami de ma croissance : il m’aide à contacter le dynamisme de Vie qui l’anime, et il m’enseigne sur mon état intérieur par ses messages variés. Et puis « me vivre plus harmonieusement » permet de sentir et baliser le chemin pour vivre unifié(e).

Alors, bonne route !

Anne Flatin, formatrice agréée PRH

17 commentaires sur « Je pense donc … je suis deux »

  1. Anne, je lis ton article à la fraîche, après être passée déjà par plusieurs états, sans savoir lequel revêtir. Il me réconforte : parce qu’il me permet de ne pas m’affoler de mon intérieur maussade dès le lever ; parce qu’il m’autorise, voire me conseille de TOUT considérer avant de partir dans un agir désordonné. Finalement, il m’aide à prendre conscience de l’importance de me donner du temps, afin de descendre au plus profond et secret de moi-même, là d’où surgit la Vie, là où mes pieds ne sont plus « de plomb ». Il m’aide à faire confiance à ce temps de vigilance, ce temps nécessaire au repérage du phare dans le brouillard.
    J’aime à lire dans ton article l’importance que tu donnes à l’écoute du corps. En effet, celui-ci ne trompe pas. Il peut être un bon guide, quand on apprend à l’écouter et à déchiffrer son langage.
    Alors, je te dis merci, Anne, de m’aider à commencer ma journée du bon pied.
    Anne

    1. Merci Anne pour ton partage et j’aime bien ton expression : quel état « revêtir » ! Cela dit bien que nous avons le choix de rester dans le brouillard ou bien de chercher plus profondément pour retrouver un peu de lumière ! Bon chemin à toi !

  2. Bonjour,

    J’aime beaucoup le traitement de ce theme et cette redaction!

    Je recois avec beaucoup d’interet et d’enthousiasme les articles sur le Blog de PRH France.

    J’aimerais beaucoup partager ses articles avec des personnes anglophones et je me permets de vous ecrire pour vous demander l’autorisation de les traduire pour ma publique.
    Il est evident que la traduction des articles en anglais respecterait la source et l’origine des auteurs.

    Je vous en remercie d’avance.

    Robina Scott,

    Animatrice PRH-Angleterre
    (je m’excuse pour l’absence des accents ici.)

    1. Bonjour Robina,
      Merci pour tes encouragements qui sont très précieux pour nous encourager à venir vous rejoindre chaque samedi par le biais de nos articles.
      C’est avec grand plaisir que nous te donnons l’autorisation de les traduire pour ton public, afin que notre outil soit connu le plus largement possible.
      A très bientôt à Bordeaux pour notre rencontre internationale de formateurs PRH
      Brigitte Daunizeau, modératrice du blog

  3. Bonjour,
    Quand je lis « ma tête abrite le plus sévère juge qui soit sur moi-même », je ne peux m’empêcher d’y reconnaître ce qu’Eugène Gendlin – proche collaborateur de Carl Rogers qui à inspiré André Rochais – appelle « le Critique » et que le focusing – la pratique d’écoute qu’il a mise au point, visant un travail sur les sensations assez proche de ce que propose PRH -, invite à reconnaître comme tel pour mieux s’en distinguer et le mettre de côté le temps de la séance.
    On voit bien, en effet, dans le début de cet article combien le critique peut être destructeur pour la personne qui subit ses assauts.
    Une autre étape pour ce défaire de ses « attaques intérieures », c’est – une fois s’en être dés-identifié – d’adopter à son égard la bienveillance que l’on peut avoir pour un proche (N’est-il pas le personnage le plus proche de nous, d’ailleurs, puisque c’est en nous qu’il est ?) avec la conscience qu’une critique n’est que l’expression maladroite, voire tragique de besoins, comme le dit si Bien Marshall Rosenberg – autre proche collaborateur de Carl Rogers qui a mis au point la Communication NonViolente …
    J’avais de l’élan à indiquer ici ces deux façon de faire que je me suis approprié et utilise tant bien que mal pour m’aider à retrouver la voie de mon être et de ma conscience profonde – que Carl Rogers appelait le « lieu d’évaluation interne ».
    Bon chemin à chacun vers le meilleur de soi.
    Bien cordialement,
    François

    1. Bonjour François,
      merci de montrer les convergences des recherches de différentes écoles ! André Rochais a mis en évidence et en priorité la vie de l’être, ainsi que la conscience profonde; celle-ci permet d’écouter toutes nos voix intérieures et de décider en tenant compte également des conditions matérielles et des personnes qui nous entourent : cela procure la belle sensation d’un élan de vie et d’une unification harmonieuse !

  4. Merci Anne, après une matinée bien chargée de travail. Cela fait du bien de trouver se texte qui me parle beaucoup. En le lisant, je me suis reconnu pour pas mal de choses. Oh que cela fait du bien de ne pas se sentir seule dans ce cas là.
    Ce texte me redis l’importance de mon être profond, et qu’il ne faut pas que je l’oublie.
    Marie.

    1. Merci Marie pour ton commentaire ! Je t’encourage à continuer à donner de l’importance à ton être profond : c’est le chemin du bonheur !

  5. Grand Merci, Anne pour ton partage , il résonne fortement en moi …
    Merci d’attirer de nouveau mon attention sur ce chemin du « multiple à l’unification », merci de me redire le choix possible en conscience profonde, prenant en considération tout ce qui m’habite, ce choix toujours possible vers la Vie qui appelle, incessante . Merci pour ce blog, cadeau pour la marche … en avant !

  6. Merci Anne, j’aime ce constat du réel, cette sensation d’être habitée par « plusieurs voix en moi », et j’aime que tu nous partages comment tu arrives à rejoindre la voix de ta conscience profonde et la sensation d’unification que cela te procure.

  7. Anne,
    Ce matin en te lisant je me sens vraiment rejointe comme si ton « message » était pour moi; j’aime rependre conscience grâce à tes paroles que j’ai le choix d’écouter la voix de mon être pour ne pas me laisser décourager par mon juge intérieur et ainsi retrouver mon élan, mon axe, mon unité intérieure !
    Belle journée !
    Marie-Odile

    1. Bonjour Marie-Odile ! Comment t’y prends-tu toi pour retrouver ton élan intérieur ? Est-ce que cela passe aussi par des moyens pour apaiser ta sensibilité et te reconnecter à ton corps ? As-tu d’autres astuces à nous donner ? Bien à toi !

  8. Oh comme je me reconnais dans ces lignes… Merci à vous d’avoir su si bien mettre des mots sur ce qui résonne si souvent en moi, c’est déjà un premier pas de mieux-être et d’harmonie intérieure que de savoir que l’on est pas seul au monde…
    Très belle journée à vous

    1. Bonjour,
      oui, un premier pas de ne pas se sentir seul(e) ! Et aussi un pas que de pouvoir mettre des mots, comprendre et nommer ce qui se passe en soi : comment diriez-vous avec vos mots ce qui résonne en vous ? Je vous souhaite l’harmonie et le mieux-être auquel vous aspirez !

  9. Infiniment merci pour ce texte si bien écrit et ces sensations si bien décryptées.Ce texte est également écrit pour moi, ou j’aurais pu écrire le même tellement il me ressemble. Chaque matin, chaque réveil est tellement difficile et douloureux pour moi et cela me submerge, je pourrais vite couler. Je dois chaque jour aller chercher tout au fond de moi, tout près de mon coeur profond la belle énergie qui s’y trouve très cachée. Cela me prend beaucoup d’énergie mais nourrie mon courage pour la suite et peu à peu me redonne le sourire, la confiance et l’énergie. Ce n’est pas innée. Si je ne fais pas cet effort je pourrais vite retomber dans la dépression.
    Je vais me nourrir de ce texte. Et cela fait du bien de lire ceux et celles qui partagent la même chose, c’est étonnant comme cela est important de ne pas se sentir seule dans ces sensations.
    Je crois que je vais me décider à refaire des stages !

    1. Bravo pour la recherche de chaque matin afin de retrouver la belle énergie profonde : c’est bien vrai que cela demande un effort de volonté. Bienvenue dans un prochain stage si vous en avez le désir : les sessions sont des accélérateurs de croissance !

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