Plaidoyer pour un regard de reconnaissance

« Je n’ai rien à dire : tout va bien ! » Combien de fois ai-je entendu ces mots, avec frustration, lors de rencontres parents-profs, à propos de l’un de nos fils ayant de bons résultats scolaires ?  Quand la scolarité se passe bien, on n’aurait rien à dire ? Le système éducatif français est ainsi fait que l’on met principalement l’accent sur ce qui ne va pas. Les notes traquent la moindre faute : pas de droit à l’erreur ! Si bien que tous, parents, professeurs et élèves, ont tendance à regarder surtout, dans une copie, ce qui n’a pas marché, en oubliant de voir tout le positif. J’ai été très marqué par cette tendance, comme enfant d’abord, puis en tant qu’adulte, avant d’en prendre conscience progressivement. Avec un pincement au cœur, je me rappelle avoir accueilli assez négativement le premier mot spontanément écrit par notre fils aîné, alors en CP, en lui soulignant toutes ses fautes d’orthographe au lieu de m’émerveiller de son initiative et du contenu plein de tendresse de son message ! Pas étonnant qu’il n’ait pas eu envie de recommencer…

Que produit ce regard tourné vers l’erreur, et non vers le positif ? Chez beaucoup d’élèves, j'ai oublié de faire mes devoirs !il y a la peur de se tromper. Parfois, il y a du découragement, voire un dégoût de l’école. On le comprend : comment aimer un système qui vous met en échec ? Or, l’appréhension paralyse le système cognitif : on apprend moins bien la peur au ventre. Cette manière d’éduquer brime la confiance en soi et l’esprit d’initiative chez beaucoup d’enfants et de jeunes.

Les observations de PRH montrent qu’un besoin fondamental de la personne, dès son plus jeune âge, est d’être reconnu. Pour s’actualiser, une compétence doit être vue et encouragée. Ce qui favorise la croissance, c’est un regard de confiance, un regard qui apprécie le positif, bien plus qu’un regard qui souligne les fautes. Car les erreurs font partie de la vie, elles font partie de l’apprentissage. On a le droit de se tromper !

On croit parfois qu’un tel regard est complaisant, qu’il va décourager l’effort. C’est tout l’inverse. Le goût d’apprendre est naturel chez l’enfant, et il constitue une forte motivation pour lui. Pourvu qu’on le reconnaisse et l’encourage. Chez l’adulte existe le même dynamisme de croissance. Dès que les conditions sont favorables, on cherche à être soi, et à exprimer ses compétences !

Beaucoup d’entre nous ont connu, dans leur histoire, tel instituteur ou professeur, tel trapèzeparent ou adulte ami, qui a posé un regard positif sur lui : « il a cru en moi. Il m’a fait confiance. Avec lui, elle, j’ai changé… je me suis ouvert… j’ai osé… j’ai progressé… » Vous le constatez : les personnes qui nous ont fait progresser n’étaient pas les plus négatives, les plus critiques, mais les personnes qui ont cru en nos capacités.

Puissions-nous poser sur nos relations un regard positif, qui voie les capacités chez l’autre, qui les reconnaisse et qui les reflète ! Nous contribuerons ainsi à leur croissance.

Régis Halgand, formateur agréé PRH

Pour aller plus loin sur ce thème :

Les stages PRH sur l’éducation nous apprennent à exercer ce regard de reconnaissance sur nos enfants ou petits-enfants. En particulier « aider mes enfants à grandir » et « pour que mes enfants développent la confiance en eux ».

Ce regard positif est tout aussi efficace et motivant pour les adultes. « Accompagner et manager ses collaborateurs » souligne son importance dans l’exercice des responsabilités en entreprise ou dans la vie associative.

Nous pouvons aussi cultiver avec profit ce regard reconnaissant sur nous-mêmes. Le stage « Qui suis-je ? » nous y aide.

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4 commentaires sur « Plaidoyer pour un regard de reconnaissance »

  1. En effet  » je n’ ai rien à dire » sinon que tant est vrai ce regard positif que nous pouvons porter tout au long de l’étape de la vie de l’être humain ,qui ainsi peut déployer ses ailes et découvrir en lui toutes ses potentialités et ses richesses profondes

  2. Article inspirant qui traduit une réalité éducative fort importante…. puissions-nous rééduquer notre propre regard tel que proposé dans cet article avant de tenter d’éduquer afin d’être des multiplicateurs de talents par notre capacité à valoriser et s’émerveiller. Soyons des étincelles allumeuses de talents dans nos relations !
    Merci pour ce bel article M. Halgand…..j’espère qu’il se propagera largement.

  3. Cet article permet une profonde réflexion.
    Quels regards portons -nous sur les personnes ,en relation?
    Pour avoir ,en tant qu’enseignante,vécu ce souci de porter un regard de reconnaissance,difficile parfois vu le nombre d’élèves face à notre regard,je veux rendre hommage ,aujourd’hui, à nombre d’enseignants,qui,au quotidien,vivent un numéro d’quilibriste pour vivre ce regard de reconnaissance autant pour les éléves brillants que pour les jeunes en difficulté.
    Certains enseignants le vivent comme un sacerdoce.Bravo à eux,de permettre à la jeunesse d’entrer dans la vie active porteurs de leurs potentialités reconnues.

    Françoise

  4. Quelle vision et analyse pertinente de ce sujet, merci Régis!
    Beaucoup d’entre nous avons été éduqués dans ce sens avec un regard centré sur nos défauts et sur nos malfaçons et nous reproduisons souvent cela à notre tour, mais il nous appartient de pouvoir nous rééduquer et changer les choses chacun à notre niveau et dans notre propre vie. Quel beau chemin nous est offert!

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