Sur le quai … !

Je suis sur un quai de gare, lieu impersonnel et glacial ; je me sens comme étrangère, hors du temps et de l’espace ! Où je suis n’a plus de sens, tous les quais sont les mêmes ! Où je vais n’a pas, pour l’instant de consistance, je suis entre deux, comme en errance !

 

 

Tout autour de moi des silhouettes passent, pressées ou nonchalantes, tristes, sombres, ballotées, emportées, avalées par la grisaille, les arrivées et départs des trains. Ces trains, machines qui grincent, crissent, crachent. Les hauts parleurs crient des messages qui me sont incompréhensibles, voire menaçants, me jetant parfois dans l’interrogation et la crainte.

 

Je me recentre à l’intérieur de moi. Lentement je me retrouve, je redeviens une personne de chair et de sang, je sens la vie circuler. Je peux alors regarder, oser poser mon regard sur ce et ceux qui m’entourent, respirer ! Je me surprends à sourire ! Je suis vivante et les autres aussi vivent ! Ces silhouettes sont des êtres humains comme moi qui attendent, qui espèrent, qui passent, qui vont !

Soudain je sens la curiosité qui m’emporte : qui est cette femme, cet homme ? Où va-t-il ? Qui rejoint-il ? Qu’est-ce qui l’habite ? Et je me surprends à ressentir de l’intérêt, de l’affection même. C’est la pâte humaine que je contemple, sa diversité, sa beauté, sa fragilité au-delà de ce que je vois, au-delà de ce que je sens et ressens, au-delà des clichés.

 

 

 

Et je suis envahie de gratitude pour cette humanité en mouvement !

 Et vous : que ressentez-vous sur un quai de gare, ou en croisant des hommes et des femmes dans la rue ?

Annick Vauquelin, formatrice agréée PRH

 

 

 

4 commentaires sur « Sur le quai … ! »

  1. Merci Annick pour ce partage!
    je ne me suis jamais sentie étrangère sur un quai de gare…
    Je me sens en famille au cœur de l’HUMANITE avec toutes ces personnes qui sont en train de vivre!
    Vivre la joie d’une retrouvaille, la tristesse d’une séparation, voire des adieux.. Vivre l’espérance de trouver ailleurs, une renaissance ou un havre de paix …
    Je les regarde et je prie …Prière de gratitude ou d’intercession
    Les quais de gare me semble être la condensation de toutes les émotions en esprit…
    Michelle

  2. Quelle diversité!
    Quand je suis sur un quai de gare, soit je suis dans mon monde intérieur et alors je dois moi-même avoir cet air absent que je vois sur certains visages, soit je scrute, j’observe, j’imagine, j’essaie même de deviner: à quoi pense cette personne? quelle est sa vie? si ça se trouve, elle est infiniment seule, isolée ou au contraire vivant au milieu d’une famille aimante, unie, … Celle-ci a l’air souffrante, comme un poids sur les épaules, le dos; peut-être est-elle malade, ou un membre de sa famille? ou un deuil? … Et là, des enfants avec leur père; les parents sont peut-être séparés? Ils s’en vont au contraire se retrouver? Ils ont l’air tellement joyeux, heureux! Nos regards se croisent et j’en profite pour leur adresser un sourire complice … Je pourrais continuer. Quand il y a des retards, des grèves! les gens s’énervent, mais aussi, se parlent. Miracle des difficultés qui rassemblent parfois, qui créent du lien, même éphémère.
    Pourtant, je n’aime pas beaucoup les gares, ces lieux froids, comme tu le dis Annick. Ces lieux indifférents à force d’être neutres et tous pareils. Mais en regardant autour de moi, j’y ai fait de belles rencontres!

  3. Cet article me touche énormément,en particulier le dernier paragraphe qui me reconnecte à une rencontre récente dans une gare,lors d’une longue attente de ma correspondance.
    J’étais assise sur un banc près du tableau des correspondances lorsqu’une dame avec une canne blanche est venue me demander si le train qu’elle attendait était annoncé.Je l’ai invitée à s’asseoir à côté de moi et la conversation s’est engagée, à son grand plaisir, car elle m’a avoué qu’il était rare qu’on lui adresse la parole.Nous prenions le même train,avons voyagé ensemble en discutant de nos vies ,de nos lectures,de nos enfants,nos petits enfants…Ce fut un échange riche en humanité,en respect,sans une plainte,dans l’écoute de l’autre.Un moment précieux,qui nous a fait du bien à toutes les deux,qui n’aurait pas existé sans le quai de gare.

  4. Bonjour Annick,

    Vous touchez du doigt, si j’ose m’exprimer ainsi, la plus grande problématique humaine de nos sociétés.

    Pour exprimer (en partie) ce que je ressens moi-même eu égard à votre texte et mes ressentis propres, je soumets à l’attention de tous les lecteurs ces quelques commentaires rédigés par Nastasia BUERGO (chroniqueuse http://www.babelio.com) à partir de chapitres choisis dans l’ouvrage « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry…

    Cf. Ch. 1 : « Quel sens donner à ce que l’on voit ? Peut-être sommes-nous trop cartésiens et pas assez poètes ni artistes ? »
    Cf. Ch. 2 : « Nous sommes seuls dans l’existence. Le plus important c’est de trouver l’amitié qui rompt la solitude. Dans nos cursus, nous étudions tout, nous nous formons à tout, sauf à l’art d’être ami. On n’a pas besoin d’une amitié chétive, craintive ou intéressée, mais, de toute façon, l’amitié sera ce qu’on mettre dedans. »
    Cf. Ch. 22 : « Nous courons tout le temps. Nous allons trop vite, nous ne savons pas regarder. Du coup, nous ne savons pas tisser des liens. »

    Avec toutes mes meilleures pensées,
    Pascal Fonteneau

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