J’ai vécu récemment une expérience très douloureuse qui m’a, dans un premier temps, effondrée. Je me suis sentie retomber dans un grand trou et perdre tous mes repères. Et pourtant, les plongées dans le néant peuvent être des occasions de croissance quand on parvient à les accueillir avec humilité et y trouver du sens. C’est cette expérience que je voudrais partager.
L’expérience initiale
Lors d’une rencontre de groupe, dans une ambiance très vitalisante et positive, je m’effondre. Je suis incapable de me connecter à mon positif, je suis dans le doute et l’impuissance tandis que tous les autres sont confiants, fiers de leur travail, heureux d’en partager les fruits. J’ai beau tenter de me recentrer, cela m’est impossible. Je suis au fond d’un trou que je connais bien, plus rien de solide à quoi me raccrocher. C’est déjà pénible en soi, mais carrément insupportable dans un contexte bienveillant où tous les autres sont connectés à leur être.
Comment ai-je fait face ?
J’ai accueilli mon ressenti, d’abord : je n’ai pas refoulé, de toutes manières c’était trop fort, j’étais envahie, je ne pouvais pas faire semblant. J’ai essayé d’être en vérité avec cela, face à moi mais aussi face aux autres. J’ai partagé quelques mots de ce que je vivais, en référence à mon authenticité et mon goût de la vérité, mais je ne me suis pas trop étendue car cela n’aurait pas été ajusté : j’étais dans ma blessure et pas dans un regard global sur le week-end.
Puis j’en ai parlé à mon mari en rentrant chez moi. Cette mise en relation a été très importante, car il m’a écoutée, nous avons pu parler en profondeur et il m’a dit des choses très belles et qu’il ne m’aurait sans doute jamais partagées si je n’avais pas été dans un tel état.
J’ai ensuite travaillé sur cette réaction disproportionnée : j’ai utilisé mon intelligence pour comprendre ce qui se passait, j’ai analysé. Et j’ai trouvé le piège : je portais un regard désajusté sur un élément et je créais un lien artificiel entre deux situations qui n’avaient rien à voir.
Il me semble que ma détermination à progresser a été réveillée par cette situation de blocage. Mon intelligence devait comprendre pour que je puisse en sortir.
J’ai travaillé ce sujet en entretien d’aide pour comprendre et surtout pour me recentrer et ‘sortir du trou’.
Photo Jeff Williamson
Grâce au regard positif de mon accompagnatrice, j’ai pu ainsi reprendre pied dans le lieu de ma solidité et retrouver un regard plus ajusté sur moi. J’ai lâché au passage des attentes excessives sur moi qui, comme toujours, me piégeaient.
Ce qui a grandi à travers cette expérience :
- ma capacité à me voir de manière plus ajustée, ma lucidité sur moi ;
- mon humilité : dans l’acceptation de mon cheminement de guérison, si long…
- mon intelligence, qui a pointé les dysfonctionnements et fait des liens, décodé les mécanismes saboteurs ;
- ma liberté : en lâchant mes attentes, je me sens plus libre de vivre ce que j’ai à vivre, je me soucie moins du regard des autres ;
- ma bienveillance envers moi-même : j’ai pu m’accueillir dans mes blessures non guéries,
- ma relation avec mon mari a été enrichie de tout ce que nous avons pu nous dire, et mon image de « moi, épouse » est plus ajustée, meilleure.
Je suis heureuse d’accueillir cela, de voir combien cette expérience difficile m’a fait avancer. Cela me ramène à cette évidence : la vie est plus forte que la mort. J’ai traversé un bout de mort et je ne suis pas restée ensevelie. Je l’ai traversé… vivante, en quelques sortes !
Cela m’invite à ne plus avoir peur de ces traversées : je suis équipée pour les vivre et en sortir plus vraie, plus unifiée. J’ai juste à accueillir ce qui vient, à faire face au réel avec lucidité, ouverture, et surtout beaucoup d’humilité. J’ai à ne pas arrêter le mouvement de la vie, même quand je me sens blessée, à faire confiance à l’intelligence de la vie qui me donne à vivre ce dont j’ai besoin pour avancer.
Marie-Pierre Noguès-Ledru, collaboratrice PRH
Merci Marié Pierre pour ce témoignage si vrai et qui donne aussi des repères en forme d’échelons pour sortir du trouver. Oui la vie est bien vaillante en nous !
Merci, Marie-Pierre, de te laisser voir dans cette expérience douloureuse que tu as faite, et pourtant riche d’enseignement, pour toi bien sûr, mais aussi pour d’autres.
Je note particulièrement le membre de phrase « Cette mise en relation a été très importante, car il m’a écoutée… » J’ai constaté en effet maintes fois que, lorsque je suis enfoncée dans ma sensibilité douloureuse, la mise en relation à autrui peut m’aider à retrouver le contact avec moi-même. A condition que cet autrui ait la solidité suffisante pour m’accueillir comme je suis. Dans ce cas, je prends appui sur l’autre sans confusion, consciente de ce qu’il me donne de lui et que j’accueille pour moi.
L récurrence de ma RDR, me montre que ma blessure, peut-être archaique, a encore beaucoup à me dé-voiler, à me ré-véler…. mon trou n’est pas nouveau car je le reconnais bien, mais son surgissement m’invite, une fois encore, et radicalement, à me mettre à l’écoute minutieuse, attentive, patiente, bien-veillante du neuf porteur d’unification, et qui progressivement , va pouvoir se nommer, un peu plus, un peu plus loin…mon trou qui peut se ressentir néant, perte de repères, vide insondable et parfois abyssal, est en fait, et je le vérifie à chaque fois que j’y retourne, plein, plein de peurs, chagrins, impuissances, culpabilités, kyrielles d’émotions qui chacune attendent de pouvoir « être parlées », mises en mots….pour se libérer et me libérer !
Ce neuf est donc un chemin privilégié qui me conduit vers le plus précieux de qui je suis, vers cet unique blessé dès son origine et qui, pour se protéger, c’est également structurer d’une manière unique et spécifique.
La rose a eu besoin de ses épines pour grandir et le navigateur de sa pirogue pour éviter les alligators.
Alors oui écouter nos récurrences, c’est bien demander à notre intelligence de se mettre au service de ce qui remonte de nos profondeurs originelles afin de mettre les mots les plus fidèles possibles, intelligence qui travaille tout autant à dissocier ce qui remonte de cette empreinte du passé, la dissocier du réel d’aujourd’hui: aujourd’hui il n’y a plus de trou, ni de risque d’y tomber, il y a juste « l’empreinte-trou » avec toute son cortège d’émotions, dans laquelle le réel du moment, m’a déclenchée… Faire travailler ainsi mon « moi-je » est un choix de Vie, un choix volontaire, sans quoi je demeure au fond de mon trou mortifère…
Cette sensation de trou, de noirceur et de désespérance, peut ainsi se transformer à chaque traversée, en puits de Lumière et d’espérance : l’humilité (humus) c’est pouvoir m’enraciner joyeusement dans ma terre unique, mon cœur d’origine, mon cœur de création, pour qu’il puisse mûrir et offrir ses fruits uniques, sans lui demander d’’être chêne si je suis cerisier en fleurs…
Nicole Langlois-Meurinne.
Merci Marie-Pierre, j’apprécie beaucoup comment tu poses la manière dont tu as su décortiquer la RDR que tu as subie dans un 1er temps et la place des tiers bienveillants et aimants qu’ont été ton mari, et ton accompagnatrice, dans leurs aides spécifiques. Je vois là la capacité de l’outil PRH (analyse, lois de la croissance) à redonner la juste place à la vie qui nous habite. Ta mise en mots humble et méthodique me sont très éclairantes.
Merci Marie-Pierre pour ce beau témoignage fait en toute simplicité et en grande humilité. Te lire me rassure sur le fait que je suis sur le bon chemin même quand pour la n ième fois je me désole de retomber dans le trou ! Merci pour ainsi décrypter ton cheminement, cela va m’être bien aidant !
Merci Marie-Pierre pour ces paroles qui disent ton cheminement, ta traversée de la mort à la vie; je suis rejointe, encouragée dans mes propres traversées; c’est très bon pour moi de te lire ….