Derrière chez moi, y a un p’tit bois…

…très agréable à arpenter de long en large, à portée de pieds, facile… Sauf que quand même, pour y aller, je dois emprunter un sentier bordé de caravanes.

Et dans ces caravanes, y a des gens du voyage, qui ne voyagent plus beaucoup ; ils sont, comme dit le maire de notre bonne petite ville, sédentarisés.

Moi, j’aime les gens, les voyages, et les gens du voyage sédentarisés, vraiment. J’en connais certains, et ils sont, voyez-vous, d’agréable compagnie.

Sauf que…Ils ont des chiens. Plein de p’tits chiens courts sur pattes, de minuscules boules de poils qui aboient comme des fous en montrant leurs crocs dès qu’ils me voient arriver au bout du chemin. Ils sont là, tout près de moi, ils bavent, écument de ce que je crois être de la colère…c’est sûr, ils vont me mordre.

Alors j’ai peur…J’essaie de les éloigner en tentant aussi de les impressionner avec ma grosse voix (…) ; je risque, honteuse un geste du pied, la fois suivante je m’équipe d’un coupable bâton.

Jusqu’au jour où, en m’approchant, je me remémore quelques pages d’un certain livre, vous le connaissez peut-être, « s’affirmer sans tout casser » et voilà que ça change tout en moi.

Rien chez mes boules de poils, je vous rassure.

Mais en moi, il se passe quelque chose d’étrange : plus j’approche et plus je sens en moi l’envie de leur parler. Quand ils foncent vers moi comme d’habitude, pleine de mon désir de dialogue, je m’arrête et je leur demande : Tu veux me dire quelque chose ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu n’es pas content ? On dirait même que t’es en colère…et j’en passe, en espérant vaguement que personne ne m’observe…

Et croyez-moi si vous voulez, mais voilà mes p’tits chiots hurlants qui baissent le ton, la tête et petit à petit s’en retournent vers leurs maîtres.

Étonnée, je reprends paisiblement ma balade vers mon petit bois, en me disant que parfois les gens sont comme des chiens. Ils aboient mais il suffit de les écouter un peu, de s’adresser à eux pour qu’un petit miracle relationnel se passe.

Je poursuis mon chemin, et je me dis que parfois, je suis un peu, moi aussi, un chien qui aboie, parce que je suis en colère, j’ai peur ou je me protège.

Je remercie alors du fond du cœur toutes les personnes qui ne se sont pas laissées impressionner par mes aboiements, et qui ont ainsi permis à la relation de se vivre harmonieusement.

Ma promenade se termine, et de retour chez moi, je pense à vous, chers amis blogueurs ; alors je vous écris pour que nous devenions ensemble de plus en plus artisans de ces petits miracles relationnels ; que nous soyons de plus en plus ces femmes et ces hommes capables de ne pas se laisser impressionner par les aboiements des uns et des autres, prêts à accueillir les peurs camouflées des uns et des autres, et ainsi de sauver les petits bouts de relation qui nous sont donnés de vivre chaque jour.

Je vous souhaite de belles promenades dans le p’tit bois derrière chez moi.

Sylvie Grolleau, formatrice agréée PRH

15 commentaires sur « Derrière chez moi, y a un p’tit bois… »

  1. Merci Sylvie pour ce partage.

    Moi aussi, quand j’en ai la disponibilité intérieure, j’imagine ce que peuvent vivre, de l’intérieur, les chiens qui aboient. Et il me suffit même parfois seulement de me mettre dans cette disposition d’esprit pour en voir l’effet : le même que celui que tu constates.

    Moi aussi je suis un peu, parfois, un chien qui aboie, parce que je suis en colère, j’ai peur ou je me protège. Ou bien ne serait-ce pas plutôt, ces chiens qui sont comme nous, humains, des êtres sensibles aux signes d’empathie et calmés par eux , sinon par la bienveillance qui émane de la personne qui les lui donnent ?

    Il existe toutefois, une différence fondamentale entre les humains et les animaux à ce sujet, montrée dans le livre de Peter Levine « Réveiller le tigre » et qui n’est pas à notre avantage.
    Il montre, en effet, que les animaux ont une aptitude spontanée à laisser leur corps se libérer du stress accumulé lors d’évènements traumatiques, et que l’éducation des humains incite à inhiber ce que nous permet nos capacités mentales de contrôle sur notre corps.
    N’est-ce pas d’ailleurs l’éducation qui rend les chiens agressifs lorsqu’on s’approche du territoire sue leur maître veut qu’ils protègent ?…

    Et les refoulements de vécus traumatiques ne seraient-ils pas, chez les humains, à l’origine de nos aboiements et autres réactions dysproportionnées et répétitives ?
    Je serait bien tenté de le croire …

    Bien cordialement,

    François

    1. Vous voyez juste, cher François, c’est bien dans des vécus traumatiques que s’enracinent nos aboiements et autres réactions disproportionnées et répétitives. Soyons donc avec nous-mêmes et avec les autres plein de bonté et de bienveillance, puisqu’il s’agit de blessures encore douloureuses. Et cherchons les personnes compétentes qui peuvent nous accompagner sur le chemin de la guérison, au service de notre croissance.
      Bien à vous,
      Sylvie

      1. Je ne suis pas sûr que ce soit aussi systématique.
        Vous êtes-vous déjà intéressée au personnes dites à « haut potentiel intellectuel » ?
        Ces personnes ont une sensibilité hors norme qui est biologiquement constitutive. Du coup, elles réagissent avec beaucoup plus d’intensité que le commun des mortels à des situations semblables …
        Et il ne faut peut-être pas forcément aller y chercher un vécu traumatique, à moins que ces personnes n’aient, par leur hyper-sensibilité, vécu beaucoup plus de traumas que la moyenne. Et je le répète – car PRH interprète cette caractéristique plutôt comme un symptôme – cette hypersensibilité n’est pas modifiable, sauf à inhiber le potentiel de ces personnes.

        Et pour les vécus traumatiques il y a des techniques qui apportent des résultats très intéressants.

  2. Après avoir bien ri, je dois l’avouer… à la première lecture de ton article, Sylvie, je prends conscience qu’il me parle beaucoup de tous mes propres « aboiements » lorsque je me laisse envahir par mes peurs en relation qui me font vivre ces moments relationnels en incohérence avec mon être. Merci Sylvie pour ton humour qui m’a éclairée aujourd’hui !

  3. oui, Sylvie, j’ai souri aussi, me voyant très bien, comme tu le décris, avoir peur des aboiements et crocs de quelques « boules de poils » au sens propre comme au sens figuré. C’est très vrai ce que tu dis là; avec les enfants, par exemple, qui crient leur rage et leur colère et que bien des adultes sont pressés de faire taire sans vouloir entendre ce que cela exprime. Pour moi aussi qui continue d’ apprendre, encore, à entendre la vraie parole derrière les aboiements de l’autre au lieu de les ignorer ou d’en avoir peur. et aussi de vivre de la gratitude pour ceux qui m’accueillent dans mes « aboiements ». bonne promenade dans le petit bois!

  4. Merci Sylvie pour ton partage. Je me suis retrouvée un peu dans ton « histoire ». Je me suis revue plus d’une fois paralysée par la peur des chiens. Ces dernières années j’ai réussi à mieux gérer cette peur. J’arrive à avancer sur la route sans changer de côté de trottoir!!!! Je vais essayer ta « recette ». Elle sera encore plus efficace.
    Je peux aussi me poser la question de mes propres aboiements et de mes réactions face aux « aboiements » des autres. Du travail sur la planche…
    Merci;
    Brigitte

  5. Merci Sylvie pour cette mise en pratique surprenante du livre « s’affirmer sans tout casser ».
    Encore des pistes à Explorer!!!
    Marie-Claude

  6. Merci Sylvie, je vous rejoins tout-à-fait, tant dans les diverses tentatives pour affronter les chiens que dans l’expérience de changement de ton à leur égard, mais j’avoue que mon pas reste rapide, car on ne sait jamais, le chien pourrait nous surprendre par derrière ! Je vous rejoins aussi du côté des humains « en boule » qui aboient, faute de ne pas savoir ou de ne pas pouvoir faire autrement… Que de peurs, que de luttes pour prendre sa place parfois !

  7. « que nous soyons de plus en plus ces femmes et ces hommes capables de ne pas se laisser impressionner par les aboiements des uns et des autres, … »
    J’entends une invitation qui m’est faite personnellement d’entendre les aboiements sans tout de suite m en croire coupable/responsable, à les écouter autrement, avec une distance et un regard bienveillant. Sans me laisser troubler/perturber.Merci !

  8. Je comprends très bien à quoi fait allusion François quand il parle de l’hypersensibilité des personnes à Haut potentiel ( le trouble TDAH donne aussi une hypersensibilité).
    Mais Sylive G. faisait allusion aux aboiements, ce qui me semble une des nombreuses façons de vivre son hypersensibilité, mais pas la plus fréquente.
    Les aboiements dont parle Sylvie me font plus penser à de la colère qu’à de l’hypersensibilité. Mais je me trompe peut-être ?

    1. Oui, d’ailleurs les troubles de déficit de l’attention et l’hyperactivité (TDAH) se manifestent généralement chez des personnes à haut potentiel !…

      Et les « aboiements » ne sont qu’une façon d’exprimer le refus de ce qui se présente.
      Or, si vous prenez connaissance des typologies comportementales permettant aux hauts potentiels de se reconnaître, vous constaterez qu’ils ont généralement un côté rebelle (parfois caché par une sur-adaptation, en particulier chez le personnes de sexe féminin).
      Et la a colère en fait partie.
      Elle est très fréquente chez ces personnes, comme toutes les manifestations d’hypersensibilité, mais parfois conservée à l’intérieur.
      Après, la façon dont se manifeste l’hypersensibilité est une question de personnalité. Je ne vois pas ce qui permet d’affirmer que la colère soit plus ou moins fréquente que les autres manifestations …

  9. Tes réflexions, chère Sylvie, sur les petits chiens et nous me ramène à une quantité considérable d’expériences personnelles : d’abord ma propre peur des chiens qui m’avait toujours paru moindre que la peur de ma soeur à l’encontre de ces animaux. Je considérais avoir de la chance.
    Chance qui m’a tenu la main, quand je me retrouvai un jour en forêt avec une amie, et que de gros molosses nous rejoignirent avec des aboiements et des grondements menaçants. Sentant mon amie anéantie par la peur, je dominai ma propre peur en décidant de rejoindre la voiture tout en parlant d’une voix douce et amicale à ces bêtes qui semblaient nous dire que nous envahissions leur territoire. Je sentais que mon attitude intérieure les rassurait. En tout cas, elle prenait en moi le pas sur la panique. Elle avait comme un pouvoir sur nous tous, mon amie y compris. Cette expérience m’apprit que je suis dotée d’une force intérieure qui me vient de plus loin que moi, et qui m’émerveille..
    J’aime ton humour à nous comparer à de petits chiens. C’est ainsi que je nous vois quand j’ai envie d’aboyer, ou que j’essuie les aboiements d’un(e) autre. C’est alors que l’expérience de prendre du recul m’aide à comprendre comment « m’affirmer sans tout casser ».

    1. Oui, j’aime bien aussi cette comparaison humoristique.
      Elle me rappelle celle qui est utilisée en communication non violente qui représente nos partie réactives par des chacals.
      Mais, les chiens me sont plus familiers et, culturellement, plus proche : je crois que je vais les adopter désormais, comme métaphore : j’imagine des petits chiens à l’intérieur de moi. Ils représentent une partie de moi, ma sensibilité blessée. Et d’être conscient qu’ils ne sont qu’une partie de moi m’aidera à rejoindre une autre partie de moi, plus profonde capable d’accueillir mes aboiements et apaiser mes petits chiens intérieurs …
      Merci 🙂

  10. De retour de session, un petit tour par le blog…et je vois que des questions restent en suspens…Je tente de répondre : Tout d’abord, merci François de nous rendre attentifs au vécu des personnes à haut potentiel intellectuel. Comme vous avez raison : Veillons à ne pas nous enfermer les uns les autres dans des schémas et interprétations hâtives, car vraiment, ça n’aide pas. Soyons chercheurs !
    Et puis je vous réponds, bien cher, qui signez Duclos Lacoste.. .De fait, les aboiements que j’évoquais, ( du moins ceux que je connais de l’intérieur, c’est à dire les miens ) étaient plus de la colère, ou de l’irritation, de l’agacement, de la peur aussi…
    Allez, un petit TPA pour finir l’année : Lorsque j’aboie….Qu’est-ce que je vis, au fond…?
    Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année ; qu’elles soient occasion pour chacun, chacune de gratitude pour la vie donnée et reçue !

    1. Oui, soyons chercheurs !
      Et pour ce qui concerne ton sentiment, l’agacement et l’irritation ne sont-elles pas simplement des prémices de colère ?…
      Et derrière la colère n’y a-t-il pas toujours une peur ?
      C’est une perspective qui m’a été donnée par un ancien cadre de PRH avec lequel je suis toujours en contact et qui me semble intéressante à explorer dans l’analyse d’une telle situation.

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