Demeure, depuis quelques temps déjà, un bon goût lorsque je repasse en moi les différents temps de travail que j’ai eu l’occasion de vivre avec un ou plusieurs collègues. Je me surprends à écrire cette expression : « vivre un temps de travail ! » …Est-ce différent de dire seulement « travailler ensemble » ?
Oui ce bon goût découle justement de cette expérience d’avoir vraiment « vécu » ces temps de travail ! L’objectif à atteindre est l’élaboration et la construction d’un document pédagogique. Il est bien rare que la première mouture présentée soit d’emblée satisfaisante ! C’est bien pour cela que nous cherchons ensemble des améliorations et même parfois de construire le projet différemment des idées premières. La pratique des années m’a appris à faire confiance, à dépasser ma peur de ne pas y arriver qui bloquait systématiquement autant mes idées que les intuitions pour avancer dans une réalisation ! Aujourd’hui, lorsque je travaille avec un collègue je fais confiance : confiance en ce qu’il a en lui pour ce thème ou cette recherche, confiance en la part que je pourrais apporter à cette conception. Cela me met en quelque sorte comme dans une « bonne terre » pour avancer ensemble dans la réalisation de notre projet.
Parfois c’est moi qui d’emblée amène un premier matériau … c’est vraiment bon d’oser déposer les « graines » dont nous sommes pourvus dans cette terre de labeur ….Souvent un autre avance une idée ou une intuition ; et là une alchimie se produit : ce que l’autre apporte fait jaillir une nouvelle intuition en moi ; ce qui me vient provoque l’autre et le fait aller plus loin dans ce qu’il pressentait etc… c’est parce que nous nous faisons confiance et que nous nous risquons à offrir chacun « notre petite part » que, progressivement la trame apparait, que le texte commence prendre tournure , que la construction s’organise ….
Oui ça émerge !… Ca ne vient ni de moi, ni de lui, ni des autres, mais de l’apport de chacun en « inter-activité » ! La magie de nos intelligences et de nos intuitions qui s’éveillent, s’engendrent, s’enrichissent, font naître ce qui n’existait pas ! Réaliser cela est toujours source de joie et de dynamisme en moi accompagné d’une petite pointe de mystère !
Mon regard s’élargit à tous ceux qui peuvent vivre cette expérience, dans leur travail avec d’autres, au sein de leur engagement, dans leur vie de groupe. Prendre conscience de ce phénomène de « créativité inter-active » est très stimulant au sein de la vie de groupe surtout si nous pouvons nous en parler.
Je me prends à rêver : dans nos sociétés, si souvent conflictuelles dans leurs rapports sociaux ou de pouvoir, si on décidait [au moins d’en faire l’expérience, localement ] de sortir des méfiances réciproques et des peurs qui les accompagnent, et de faire un pari de confiance dans le fait que chacun dispose en lui d’une parcelle pour construire un projet satisfaisant et porteur d’amélioration, et pour le mettre en œuvre ?
Un rêve ? Peut-être…Peut-être pas…
Qu’en pensez-vous ?
Geneviève Descampiaux, formatrice agréée PRH
l’intelligence émotionnelle permet de vivre des moments où les intuitions conjuguées de chacun et de chacune amènent un résultat qui nous « dépasse » et qui est le fruit de tous et où l’accord arrive naturellement. Cette expérience de Flow (Mihaly Csikszentmihalyi) est pourtant si simple à vivre et se vit dans certains groupes de travail comme une compétence à part entière. Oui, tout est possible, cela vient .. faisons confiance!!! Amitiés
O, combien je vous rejoins, Geneviève, pour avoir vécu ce « vivre un temps de travail » dans ma carrière d’enseignante.
Cette confiance partagée, oser, permettre à l’autre d’oser, tâtonner, aller vers des pistes nouvelles et voir éclore des projets au service de…
Ce bon goût retrouvé de »vivre des temps de bénevolat »de »vivre des temps de création artistique » aujourd’hui à la retraite, pour des projets au service de l’AUTRE ».
MERCI pour ce parfum retrouvé de Vivre ensemble.
Françoise
Merci pour ce texte qui résume bien ce que j’ai ressenti dans certaines occasions, de travail, ou dans des associations. C’est vrai que cela exige de se sentir en confiance, ne serait-ce que pour accueillir les idées et suggestions des autres membres du groupe.
Merci Geneviève pour cette invitation à porter notre regard sur nos « temps de travail » commun.
J’ai eu du goût il y a peu à analyser un tel travail. J’ai senti l’impossible devenir possible. J’ai senti une fécondité naître de notre collaboration. Je me suis senti élargie, agrandie. Nous avons pu aller au delà de ce que je croyais possible.
Cela me donne du goût à renouveler l’expérience… si possible !
Je suis touchée par ce texte qui dit bien la réalité d’un travail collectif. Moi qui travaille si souvent seule, je suis frappée, quand j’ai la chance de vivre cela, de la productivité du travail d’équipe : le résultat obtenu est bien plus que la somme des parties.. et cela me donne envie d’en faire l’expérience plus souvent. Merci pour ce témoignage!
Audace de chacun et confiance réciproque avec l’ouverture en soi à ce qui peut jaillir de ce « nous ensemble en recherche », oui, c’est vrai que c’est source de joie et de dynamisme!