Nous sommes au lendemain d’élections municipales qui ont été marquées par un taux d’abstention élevé, expression sans doute d’un sentiment de découragement voire de défiance d’une partie des français à l’égard de la classe politique et de sa capacité à transformer positivement notre société.
Quelques jours avant ces élections, j’étais moi-même dans cette attitude, hésitant encore à « choisir un camp » ou à privilégier le vote blanc qui sera bientôt comptabilisé dans les résultats d’élections. Une rencontre imprévue m’a fait bouger intérieurement et m’a résolu finalement à choisir un camp, choisissant de faire confiance à ceux que mon bulletin de vote viendrait soutenir.
Lors d’une réunion proposée dans le cadre de mes engagements associatifs, j’eus la chance d’écouter le témoignage d’une femme de 50 ans, élue sur une liste qui n’a pas ma faveur en général, mais qui témoignait surtout de ce qu’elle vivait dans cet engagement. Plusieurs choses me restent de cette intervention :
- Cette femme avait d’abord travaillé sur le terrain, comme assistante sociale et avait accepté de s’engager dans la politique comme un prolongement naturel de son action au quotidien pour améliorer le sort des personnes
- Elle témoignait de quelques valeurs simples qu’elle vivait au cœur de son action : la solidarité avec les plus pauvres, la qualité des relations et du vivre ensemble au cœur des quartiers, le souci du bien commun, le sens de sa responsabilité citoyenne…
- Enfin, elle indiquait combien son action d’élue de terrain s’inscrivait dans une volonté de faire avec, de co-construire avec les habitants une démarche de progrès et d’amélioration de la qualité de vie…
Ce simple témoignage, sans effet de discours ou volonté de convaincre, m’a touché très profondément. En m’ouvrant à l’expérience de cette femme, j’étais conduit à me rapprocher de celle de nombreux élus locaux, régionaux ou nationaux qui au-delà de leur couleur politique ont choisi de s’engager au nom de ces valeurs. Je sais que l’actualité et les médias nous renvoient souvent une autre image de la politique. Mais je crois que beaucoup de ces hommes et femmes engagés sur le terrain de la politique, en particulier sur le plan local, le font avec beaucoup de sincérité et de générosité. Ils ont bien sûr leurs limites. Mais la parole de cette femme m’a aidé à porter le regard sur l’essentiel : le lieu d’où peut naître un désir authentique de s’engager au service de la communauté et de la servir du mieux possible, le lieu que nous appelons « l’être » à PRH.
Le témoignage de cette femme m’a remis aussi dans ce lieu de ma responsabilité citoyenne où je dispose d’une petite part de pouvoir pour favoriser l’émergence d’élus porteurs de valeurs dans lesquelles je peux me retrouver et soucieux de construire le bien commun. Grâce à lui, le choix de mes candidats a pris une toute autre saveur, et mon respect pour l’ensemble des listes en présence a largement progressé. Il me reste à continuer de prendre soin de cette responsabilité citoyenne, de la nourrir, pour lui permettre de grandir et de s’exercer avec tout le discernement nécessaire. De telles rencontres peuvent y contribuer…
Jean-Michel Anot, formateur agréé PRH
En écho à cet article de Jean-Michel, qui me rejoint bien, ce chiffre que j’ai vu à la une de Ouest-France la veille des élections : 926 000 candidats au premier tour. J’ai été ébahi, puis émerveillé par ce nombre. Alors que l’on ne parle que désaffection pour la chose publique, repli sur soi et absence de solidarité, il y a près d’un million de nos concitoyens qui se sont engagés comme candidats dans ces élections ! Certes, le goût du pouvoir est un moteur chez certains. Mais, chez la plupart, la motivation est surtout un désir d’être utile, d’exercer des responsabilités, d’apporter sa contribution à la société… comme la personne que Jean-Michel a rencontrée. Oui, ce chiffre m’a donné beaucoup d’élan et d’optimisme, de foi dans notre société française.
Merci Jean-Michel de ton témoignage : tu te laisses surprendre et toucher et cela m’invite à en faire autant.
Gérard Langlois-Meurinne