Les deux loups

J’ai découvert dans La bonté humaine, l’étonnant et vitalisant livre de Jacques Lecomte, le conte suivant venu des Indiens Cherokee.

Un grand-père explique à son petit-fils qu’à l’intérieur de nous coexistent deux loups qui se combattent. L’un est le loup de la peur, de l’égoïsme et de la haine. L’autre est le loup de la confiance, de l’amour et de la bonté. Le petit garçon demande alors à son aïeul : « Quel est le loup qui gagne finalement ? » Ce à quoi le vieux sage répond : « celui que tu nourris le plus ».

Ce conte m’a saisie. En quelques lignes, il dit tout de la nature humaine, partagée entre sa part d’ombre et sa part de lumière, mais aussi de la liberté qui est la nôtre de choisir entre ces deux pôles. Ce combat pour moi est celui de chaque instant et de toute une vie.  

Comment nourrir le bon loup ? C’est l’enjeu de la formation PRH. Apprivoiser la bête, d’abord : connaître nos réalités positives, nommer celles que nous connaissons et repérer celles qui sont en germe et se manifestent à nous par des aspirations ou des intuitions.

Apprivoiser le loup ne suffit pas, il faut aussi en prendre soin. Accueillir ces réalités positives avec humilité et simplicité, les intégrer par l’analyse des sensations, qui donne de la densité à ces bonnes parties de nous. Par l’action aussi : si je prends au sérieux ces réalités, quels actes vont s’imposer à moi ? Toute qualité a besoin de se traduire en acte pour s’incarner. Par l’ajustement de notre image aussi : oser intégrer dans mon image des qualités que je découvre est important, car l’image est génératrice d’actes ! Il faut enfin nourrir la bête : mes relations, mon environnement, mes lectures, mes activités… me vitalisent-ils ? Font-ils grandir ces réalités positives en moi ?

Nourrir le bon loup a aussi le mérite de tenir le mauvais à distance. A mesure que l’un engraisse, l’autre se décharne. Devenu famélique, il peut encore être agressif et menaçant. Mais ces coups de griffes ne nous atteignent plus en profondeur.

Marie-Pierre Noguès-Ledru, formatrice agrée PRH

6 commentaires sur « Les deux loups »

  1. J’ai toujours aimé ce conte et merci Marie-Pierre d’en faire la lecture en langage PRH ; il me parle dans un quotidien à ré-interroger chaque matin.

  2. Merci. Quando j’ai rencontré ce conte, je me suis demandé quel relation avec « l’homme est un loup pour l’autre homme ». Alors, je pense au Christ et son message de fraternité. Est-ce donc une affaire de loups? Le loup et l’agneau? Ma personnalité dans le trajet de la tête au cœur. J’avance lentement en nourrissant constamment la Vie en moi, la confiance, qui trébuche et puis repart et encore avance dans une joie possible, fragile mais partagée.

  3. Trop beau et tellement vrai!

    Oui, je sens qu’actuellement , c’est le loup ami de la lumière que j’ai à choisir chaque matin , qui aime la clarté , la recherche , la goûte ! Et à laisser celui de la nuit vagabonder tout seul !

    Effectivement , dans ce choix résolu de chaque jour , il trouve toujours de nouveaux chemins , dans l’ordinaire de ma forêt , pour avancer , me surprendre, oser des pas inconnus ! Et c’est tellement bon! Tellement meilleur !

    Oui, l’autre , s’il essaie de se pointer, n’a déjà plus guère d’entrain!

    Merci Marie-Pierre! Ce conte me régale !

  4. Quand je lis et relis ce conte, je ne peux m’empêcher de le rapprocher de sa version bouddhique qu’enseigne Thich Nhat Hanh: il y a en nous toutes les graines, bonnes comme mauvaises. Repérons les bonnes et arrosons-les pour qu’elles croissent et ne laissent pas de place aux graines de mauvaises herbes. Fortifions-les en les mettant en œuvre.

    Quelle que soit l’image, elle m’invite à la même attitude: observer, discerner, prendre soin; que ce soit du loup ou des semences. Ma responsabilité est engagée. J’ai à mettre à l’œuvre ma volonté, pas seulement en moi, mais aussi dans mon agir, dans mes relations. Car le loup est un animal social (et sociable!). Les plantes s’entr’aident, se soutiennent. Me rappeler cette coopération me stimule afin qu’elle soit le plus possible dans le positif de moi et du monde.

  5. Histoires de loups ou contes: conte-moi ton loup…Andre Rochais nous a transmis: « mon maitre a penser c’est le réel »…..

    Ainsi parfois, les loups sont-ils nos maitres, un réel perçu comme menaçant …ou bienveillant?

    un enfant en insécurité peut avoir, souvent une difficulté a se coucher: _Il y a un loup sous mon lit , je ne peux pas m’endormir…. -Viens , regarde, tu vois bien qu’il n’y a pas de loup, couche-toi et dors. Logique implacable, peu psychologique et qui ne « rassure » ….que le parent dans sa propre impuissance ?
    Le besoin de l’enfant: être cru, rejoint jusque dans sa peur par une compréhension aimante et patiente.
    -Parle-moi de ton loup…. Personnellement, jamais je n’aurais pu écrire mon livre et être éditée, si durablement je n’avais été accompagnée à discerner, repérer, nommer mes peurs, chagrins, colères, mes doutes et mes questionnements récurrents, pour peu à peu, appuyée sur mes forces grandissantes, pouvoir les re-sentir et con-sentir à les traverser et re-traverser… car les loups se déplacent en meutes , souvent….
    Ainsi accueillir mes loups, chacun plus ou moins affamés de bienveillance, de chaleur, d’écoute compréhensive, de présence émerveillée, même silencieuse parfois, ainsi ai-je appris à les apprivoiser, continuer à les rencontrer, sous mon lit ou sous le tapis, sans trop de peurs de les en-tendre ni d’être dévorée ….
    Je dé-couvre ce que chacun, au fond et dans leur fond, recèle de Bonté, parfois encore enfouies, réduite au Silence… ou cachée par ma colère…. J’aime apprendre à co-habiter avec et malgré…. J’aime les en-tendre vocaliser ensemble, parfois, les nuits de lunes pleines….

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