Comme tous les formateurs PRH, je propose des GRACS, des groupes d’accompagnement mensuels, et comme de plus en plus de mes collègues, j’en propose désormais par Skype. Skype, cela n’est pas toujours optimal au plan technique, mais en ces temps de confinement, c’est une aubaine.
Mardi soir, nous nous sommes retrouvées, les six membres du groupe et moi, dans un climat un peu particulier. J’avais décidé d’intervertir le thème des rencontres. Le mois suivant nous devions travailler avec un mini-outil ‘Regarder les événements à partir de mon être’, et cela s’est imposé à moi : c’est aujourd’hui que nous avions besoin de faire ce travail ! Dans cette situation si inédite, pouvoir partager notre vécu en écoutant chacune de nos instances, puis accueillir ce qui se vit plus profondément en nous, m’a semblé important.
Cette intuition était juste. Chacune, à tour de rôle, a pu décrypter son vécu : l’une, cadre dans un centre social, était touchée par la solidarité des agents de terrain pour continuer leur action à domicile auprès des plus fragiles. Au-delà, elle se sentait étreinte par ce dilemme : comment protéger ses agents tout en assurant la continuité du service public ? Une autre participante osait exprimer son stress de devoir gérer les enfants à la maison, puis a pu cueillir une invitation profonde à ra-len-tir, enfin ! Une interne en médecine générale vivait là son baptême du feu : son maître de stage lui a confié des consultations seule. Réquisitionnée par le département, sur le point de se rendre dans un hôpital, elle déchiffrait en elle son sens de l’engagement et de la solidarité. Une autre, bouleversée par les partages, nous exprimait combien cette crise la mettait en lien avec la pauvreté de notre monde. Elle sentait au plus profond de son être un appel à s’engager pour le bien commun et à oser enfin écouter et mettre en œuvre ses intuitions pour y parvenir. La dernière participante, maraîchère, nous exprimait tout d’abord sa colère devant certaines mesures prises : « interdire les marchés, qui promeuvent les circuits courts, alors que les grandes surfaces sont ouvertes, quel sens cela a-t-il ? » Cela posé, elle pu laisser jaillir son optimisme de fond qui s’emparait de la situation actuelle pour y voir une réserve d’opportunités « Tout devient possible aujourd’hui, la vie va se réinventer et une créativité inédite va apparaître », analysait-elle.
Une autre participante a choisi de ne pas regarder le confinement mais la manière dont elle a accompagné la fin de vie d’un proche, même à distance, par la pensée et par le cœur. Tous ces partages ont convergé vers une réalité commune : Quelle que soit la difficulté de l’épreuve, la force de l’amour permet de se connecter les uns aux autres et de trouver en nous les ressources nécessaires et les motivations profondes pour traverser l’épreuve.
Cette rencontre nous a vitalisées. Oui, nous avons été vitalisées de sentir chez chacune ce même élan vers la vie, avec des couleurs particulières. Pour conclure, nous sommes reparties avec cette formule, écrite dans son bilan par l’une des participantes : « Choisir la vie et y contribuer ».
Marie-Pierre Ledru, Formatrice agréée PRH
Pour aller plus loin :
Vous pouvez vous aussi travailler avec le mini-outil : Regarder les événements à partir de mon être Prenez contact avec un formateur PRH qui vous l’adressera par mail.
Merci Marie Pierre pour ton article. On voit bien les fluctuations de notre vie et à la fois quand on se rebranche sur notre Être le bon émerge. Super! Je retiens votre dernière phrase. « Choisir la vie et y contribuer’
merci de nous partager cet élan de vie qui veut gagner et qui requiert le concours, la participation de chacune, de chacun en ce temps de crise et d’épreuve.
Nos actes ne sont pas neutres , je le comprends de façon nouvelle . Le oui à la vie de chaque matin est requis et bien plus encore dans les difficultés et les situations comme nous en vivons à l’echelle nationale et mondiale.
Ce matin, je me sens comme réquisitionnée par la Vie et votre partage m’appelle à apporter ma goutte d’eau à ce grand fleuve de la Vie .
Merci Marie-Pierre pour ce beau témoignage; je suis rejointe et prise dans le même élan « mobilisée pour la Vie ».
Cela me met en émerveillement devant cette Force de Vie présente en l’homme ! Oui nous ne sommes pas sans ressources !
Oui nous sommes habités d’un puits : il y a en plus en chacun que la première impression dans laquelle nous laissent les évènements. Y descendre, cueillir tout ce qui se dit en nous, dans notre sensibilité, dans notre tête, dans notre corps nous permet alors d’entendre notre être, à partir duquel nous sommes profondément reliés aux autres, en communion, en proximité. N’est-ce pas cela auquel PRH nous convie généreusement à travers ces belles initiatives de groupes de parole par Skype mis en place pour ces temps de confinement? De tout coeur, merci de nous y appeler.
Oui, « moment de grâce dans ces temps troublés ».
Arrêt de la course effrénée à la consommation, au toujours plus.
Ralentir
méditer
inventer
transformer nos relations
observer
vivre simplement
et humainement..
Cet article me trouble quand à la confidentialité des groupes. AF
Je comprends votre trouble et c’est important que vous ayez une réponse.
J’ai choisi de partager ce vécu parce qu’il me semblait susceptible de rejoindre nos lecteurs. Avant de le publier, j’ai bien sûr demandé à chaque participante de ce groupe si elle était d’accord, si elle approuvait la manière dont j’avais formulé ses propos,et chacune a relu, approuvé le texte et l’initiative. Vous remarquerez aussi qu’il n’y a aucun signe distinctif dans cet article susceptible de laisser reconnaître les personnes.
Oui, la confidentialité est un aspect essentiel à PRH, et ce qui est partagé dans nos stages, nos groupes d’accompagnement et les entretiens individuels reste, et sera toujours confidentiel.
j’espère que cet éclairage vous a rassurée ?
bien à vous
oui je suis rassurée merci . AF
Merci pour ce partage dynamisant
Merci Marie-Pierre pour ce magnifique article, aux nuances de couleur éclatantes, d’une sobriété lumineuse, qui me laisse dans une joie profonde