Dans son livre « Sauve toi, la vie t’appelle » Boris Cyrulnik raconte son enfance pendant l’occupation.
Il s’agit de la narration d’un parcours unique qui nous a permis de faire des liens avec ce que nous enseignons à PRH. Nous vous faisons partager ce qui nous a particulièrement frappées :
1- Face à l’épreuve, le mental cherche à mettre sans cesse de la cohérence là où il n’y en a pas forcément. Par exemple, le petit Boris se persuade que l’allemand qui le laisse en vie est un homme bon. Il comprendra plus tard que simplement celui-ci n’a pas pu le voir.
Ses émotions sont engourdies, sa souffrance est refoulée.
Il n’ a plus de parole intime, mais une parole de façade.
Il se crée des sensations par son récit de vie et des sensations corporelles par des rituels qui lui permettent de se percevoir vivant.
Il y a des clivages dans sa vision des autres : les bons d’un côté et les méchants de l’autre, ce qui permet une structuration de sa personnalité.
Il continue de réagir au réel des situations sur le moment, mais par la suite de profonds malaises et un comportement inadapté apparaissent dans les situations « normales »
Il garde un instinct de vie fort, qui le rend profondément adaptable en même temps qu’absent de lui-même.
Il est perçu comme étrange pour les autres.
Il flirte avec la mort pour gagner l’assurance d’avoir le droit de vivre
2- Boris Cyrulnik a eu la chance de connaître dans ses premières années un attachement véritable à sa mère. Très tôt il a appris à parler, cela lui a permis de pouvoir construire sa pensée.
Nous relevons qu’il a vécu cette période de la guerre à partir d’un fort instinct de vie. Des aspects essentiels de lui comme l’émerveillement et la curiosité l’ont aidé à vivre des moments de bonheur et à garder le goût de la vie.
Son intelligence a été très active, sans cesse en route pour se créer un discours qui rendait les évènements plus supportables et lui permettait de rester acteur.
Sa volonté de devenir psychiatre, même sans savoir ce que cela recouvrait, a orienté son axe de vie.
Il a reçu des étayages extérieurs importants entre autres par le couple de sa tante et de son ami, ce qui a provoqué un réveil de son monde intérieur et un réveil intellectuel.
3- Nous vous invitons à lire ce livre, clair et d’une lecture accessible. Il aide à réveiller nos propres sensations sur notre histoire, et cela, même si les évènements décrits n’ont pas de commune mesure avec la nôtre. Nous pouvons nous retrouver dans la manière dont nous nous y sommes pris pour survivre.
Nous avons aimé faire la lecture de cette expérience et du phénomène de la résilience avec, en nous, les concepts de l’école de formation PRH. Nous avons trouvé des ressemblances avec ce que nous appelons « rebondir » : quand il y a blessure profonde, c’est le moyen qu’a trouvé la personne dans son passé pour faire face et survivre. Au présent, face à toute situation qui lui rappelle ce passé, elle continue à rebondir, c’est-à-dire à rétablir l’équilibre à partir de ses propres forces, présentes au début de sa vie et renforcées tout au long de son histoire. Mais aussi, cela peut l’entraîner à vivre avec une façade, une distance entre son réel intérieur et ce qu’elle donne à voir à l’extérieur. Ou encore une distance entre son réel intérieur et les actes qu’elle pose.
Pour les personnes qui en sont gênées ou malheureuses, les 2 outils que sont l’analyse des sensations et la relation d’aide sont alors précieuses.
On cherchera ses dynamismes de vie puisés dans des aspects essentiels de soi, son aspiration à exister tel qu’on est vraiment pour quitter les « trop », les « pas assez » et tous les aspects de soi qu’on perçoit disharmonieux.
Pour PRH, réussir sa vie, c’est « être soi, tout soi et rien que soi ». Si ce processus a été compromis dans l’enfance ou l’adolescence, c’est récupérable. Nous-mêmes en avons l’expérience.
Agnès Rebelle et Jeanne Marie Grillet, membres de l’équipe de formation de PRH
Merci Agnès et Jeanne-Marie pour cette invitation à la résilience, à rebondir. Elle tombe à pic. « …, la vie t’appelle ». Quand j’ai vu ce titre, il m’a fortement interpellée. La vie m’appelle; j’ai tout en moi pour ‘rebondir’…et je n’y arrive pas toujours. Je me sens parfois comme tirée en arrière, incapable de réagir, d’avancer. Et c’est pourtant à ce moment-là qu’il est bon, nécessaire, pour moi de ne pas fuir dans l’irréel; la vie ne s’y trouve pas!
Heureusement, ce livre, comme d’autres que je lis, me montrent combien la méthode PRH est précieuse. Ces livres sont un encouragement dans mes moments de fatigue et de grande lassitude. Merci d’en ajouter un! Et pas des moindre…
Cet article indique que cet ouvrage est clair et accessible. Cela me donne envie de lire ce livre de Boris Cyrulnik. Comme pour cet auteur, l’émerveillement et la curiosité font partie de mon cheminement. Et, je me sens prête pour comprendre un peu plus le « comment je m’y suis prise pour « survivre » face aux évènements que j’ai traversés dans mon enfance ». Merci pour cet article qui nous donne des éléments pour nourrir et avancer dans la connaissance de nous-mêmes. VG
Merci Agnès et Jeanne-Marie, vos mots me font mieux percevoir ce phénomène de la résilience qui consiste à rebondir à partir de capacités profondes et un instinct de vie puissant, mais avec un moi-je qui « se raconte des histoires » pour trouver de la cohérence là où il y a du non-sens et de l’abomination, et un refoulement des douleurs dans sa sensibilité car elles sont intolérables. Du coup se crée un certain clivage entre soi et son réel intérieur, entre soi et la réalité, et les autres. Je comprends que si l’on rebondit tout le temps, ce qui est par moment vital, on évite de se confronter aux souffrances intérieures. Je sens qu’il est important, au moment où les forces sont présentes en soi adulte, d’entrer progressivement dans l’analyse de cette sensation de clivage afin de contacter, en traversant les souffrances enfouies, l’aspiration à exister à partir de « tout soi » et de déployer toutes ses potentialités.De « récupérer » l’entièreté de sa personnalité et non pas seulement les mécanismes de survie !
Re-bondir ?
« Être soi, tout soi et rien que soi » cette phrase fondatrice d’André Rochais est également profondément visionnaire…
Rebondir est un mécanisme de survie précieux, néanmoins ne se distingue-t-il pas de cette Détermination à vivre qui cherche, au-delà et malgré le terreau manquant aride ou désert, détermination qui cherche à développer le diamant précieux et unique que chacun porte…
« Devenir tout soi » n’est-ce pas pouvoir laisser grandir cet unique …comme l’est chaque flocon de neige qui cristallise différemment de son voisin et quelle étonnante merveille que l’existence de l’unicité !
Mais en effet, un Regard, une Rencontre, une main tendue et saisie peuvent être nécessaire pour aider à re-joindre en nous ce jaillissement précieux, jaillissement premier, originel qui cherche sa voie et cherche à chanter sa voix unique…. pour soi et pour le monde malgré les blessures qui auraient pu l’anéantir.
Ainsi devenir tout soi et rien que soi, ne serait-il pas la plus grande des résiliences, telle celle de la petite fleur capable de se glisser dans la faille offerte du macadam pour recevoir la goutte de rosée qui va lui permettre de devenir l’humble fleur qu’elle EST ?
Si « la rose est sans pourquoi », comme l’écrit le mystique et poète Silésius, du moins elle offre sa Beauté et sa fragrance unique au Prince de la plus petite des planètes…qui sait « quitter ce monde » pour honorer pleinement le lien qu’il a fait naître et qui est « tout lui »….
La capacité de re-bondir demande d’avoir pu expérimenter auparavant l’expérience du « bondissement ». Avoir découvert sa capacité à se libérer se ses propre entraves comme nos rdr, voilà ce qui dynamise ma capacité à sortir de mes ornières qui m’imposent un direction que je n’ai pas désirée intérieurement. J’ai et j’apprends toujours à avoir Foi en moi; c’est ce qui m’a permis de toujours choisir la Lumière sur mes ténèbres.