C’est une question que j’entends régulièrement chez les personnes que j’accompagne et qui se mettent à douter de leur ressenti et de leur capacité à l’analyser. D’autres hésitent à se lancer dans cette aventure par peur de se raconter des histoires.Voici quelques repères qui répondent à cette question, très pertinente :
« L’autoanalyse conçue comme une recherche de type scientifique
Menée avec honnêteté et exigence de justesse, l’autoanalyse rend compte peu à peu de la réalité psychique de la personne avec fiabilité et exactitude. Des certitudes profondes fondées sur des expériences mûries et conscientisées émergent, permettant à la personne de s’appuyer sur des repères éprouvés et solides. L’émergence de ces certitudes et l’assurance qu’elles donnent n’empêche pas qu’au cours de ce travail d’autoanalyse, il puisse y avoir un certain nombre de tâtonnements, voire de déformations, d’erreurs même, de représentations perçues à un moment comme vraies, puis invalidées parce qu’incomplètes ou plus intellectualisées que ressenties. Il est impossible de connaître sa vérité en une seule approche. Il est nécessaire de passer par l’épreuve du temps, par la prise de consistance des sensations, par la répétition de l’analyse, par la confrontation à un regard extérieur, pour cerner sa réalité intérieure et l’authentifier comme une certitude. Un chercheur scientifique avance lui-même au prix de ce temps, de ces essais et erreurs, de ces remises en questions, de ces précisions, inhérents à la recherche.
Finalement, le sujet est seul avec l’objet de sa connaissance
Dans le domaine de la connaissance de soi, à l’évidence, le témoin privilégié du fait psychique, c’est la personne qui le vit. Ce que l’on donne à voir aux autres n’est souvent que la face émergée d’un iceberg intérieur dont on est le seul à pouvoir sonder le contenu. Certes, les autres peuvent pressentir certains aspects du réel intérieur d’autrui, notamment par la voie intuitive, par empathie, ou par l’observation et l’interprétation de certains signes corporels ou verbaux. Ils peuvent même capter des éléments dont le sujet est lui-même inconscient, ce qui dit toute l’importance d’un regard extérieur professionnel. Toutefois, personne ne peut se prévaloir du pouvoir de ressentir avec certitude ce qu’un autre vit à l’intime de lui-même. En fin de compte, la personne est seule avec ses propres ressentis et avec sa conscience pour attester des mots et expressions qu’elle emploie pour décrire ce qu’elle vit intérieurement.
Est-ce représentatif de son réel intérieur ? Seule, la personne pourra le confirmer ou l’invalider en poursuivant la quête de sa vérité avec honnêteté intellectuelle et confrontation au point de vue de personnes ayant compétence. Un atout dont elle dispose pour appliquer son intelligence avec le plus d’honnêteté possible, c’est la faculté qu’a l’être humain de conscientiser ce que son intelligence est en train de vivre (intelligence réflexive). La personne peut donc apprendre à surveiller et à évaluer la manière dont elle s’analyse pour progresser dans une rigueur de plus en plus fine.
La connaissance de soi passe nécessairement à un moment donné par ce face à face du sujet avec lui-même. Nul ne peut s’y soustraire. Ainsi, la subjectivité et les représentations que l’on se fait de son contenu sont un chemin incontournable pour une connaissance de soi. Mais elles doivent être sans cesse mises en question avec un souci constant de rigueur, de lucidité, de vigilance, de subtilité, d’humilité face au réel et donc de capacité de remise en cause.
Cela s’apprend, c’est l’objectif d’une formation sérieuse à l’analyse de soi ».
Extrait du livre « Un chemin d’accès à la vie en profondeur » pages 53 et 54
Brigitte Daunizeau, formatrice agréée PRH
Intéressant de relire ce texte. C’est tellement vrai !