Avec tant d’autres de par le monde je me réjouis que le prix Nobel vous ait été attribué. Une si jeune femme, une jeune fille, une enfant voit honorer son combat, reconnaître son audace et encourager son action. Un magnifique cadeau pour vous, pour ceux que vous défendez et ceux qui œuvrent dans le même sens que le vôtre.
Prix Nobel de la paix. Ainsi votre action est universellement reconnue comme porteuse de paix. Vous la combattante, celle qui a vu la mort en face, vous délivrez du fait même de votre histoire et de votre engagement un message qui oriente, stimule et encourage la paix en défendant le droit des filles à accéder à l’éducation. « L’éducation est comme un diamant… Aller à l’école c’est vraiment précieux » dites-vous.
Thorbjoern Jagland, président du comité Nobel norvégien a indiqué ainsi les raisons de la distinction que vous partagez avec Kaylash Satyarthi : «Pour leur combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous à l’éducation». Il a ajouté «Les enfants doivent aller à l’école et ne pas être financièrement exploités».
Ce prix Nobel, grâce à vous et Kaylash Satyarthi promeut les droits des enfants. Depuis 1989 l’assemblée Générale des Nations Unies a adopté la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Des progrès ont été accomplis depuis. Et tant reste à faire ! Tant de chemin à parcourir encore pour que nous donnions à nos enfants la juste reconnaissance dont ils ont besoin pour grandir dans des conditions matérielles et humaines adéquates. Vous venez apporter un espoir, redonner courage et confiance à tous ceux qui travaillent dans ce sens.
Comment vous remercier pour votre détermination, votre simplicité et votre ouverture de cœur ? Ceux qui vous ont blessée n’ont pas réussi à ôter la beauté de votre visage, le vif de votre regard et ce sourire qui même imparfait fait naître en nous confiance et espérance. Vous avez, gravée dans votre chair, la menace toujours présente de vouloir réduire, voire anéantir, les aspirations de vos sœurs de par le monde. Vous ne les oubliez pas. Vous êtes présente à leur détresse. Votre parole simple et claire résonne partout et rien ne pourra en arrêter l’écho.
Vous vous dites fière « d’être la première Pakistanaise et la première jeune femme à obtenir le prix Nobel de la paix. » Mais surtout vous élargissez la destination de ce prix aux enfants du monde : «Cette récompense est pour tous les enfants sans voix, qui doivent être entendus». Leur nombre est considérable, il est si facile de faire taire un enfant. Et ainsi priver le monde d’une voix unique faite pour l’enrichir de sa singularité.
Vous souhaitez également associer les Premiers ministres pakistanais et indien à la remise du Nobel de la paix. « J’ai demandé à l’honorable Premier ministre Narendra Modi et à l’honorable Premier ministre Nawaz Sharif de se joindre à nous lors de la cérémonie de remise du prix à Oslo le 10 décembre ». Non, vous n’avez pas froid aux yeux… La recherche de ce qui peut favoriser votre cause vous demande de mettre de côté les différences religieuses, politiques, culturelles et les différends territoriaux. La balle est dans le camp des « grands ». Oseront-ils la saisir pour un bénéfice dépassant leurs intérêts à court terme ?
Comment ne pas ressentir d’inquiétude pour vous ? Pour votre sécurité physique et votre équilibre psychologique ? Vous êtes si jeune ! Pourtant vous nous montrez que votre âge n’est ni une excuse pour rester passive ni un faire-valoir comblant votre ego. Thorbjoern Jagland indique que « Malgré sa jeunesse, Malala (…) montre, par l’exemple, que les enfants et les jeunes peuvent eux aussi contribuer à l’amélioration de leur propre situation ». Non, avec vous la valeur n’attend pas le nombre des années !
Merci, chère Malala. Continuez à grandir et à nous montrer, chemin faisant, de quoi vous êtes capable, nous avons besoin de la lumière et de la force qui se dégagent de vous.
Martine Mangin, formatrice agréée PRH