Dans le cadre du projet de loi contre le système prostitutionnel, j’entends sur les ondes l’interview d’un homme- appelons-le Jacques – qui fréquente régulièrement une prostituée – appelons-la Sandrine –.
Jacques, marié et père de famille, évoque pour expliquer ses rencontres régulières avec Sandrine, ses besoins sexuels : sa femme est souvent absente pour des raisons professionnelles, et se « débrouiller seul » ne lui suffit pas.
Il lui manque la présence d’un corps à tenir dans ses bras, d’un corps qui le tienne dans ses bras. En plus, il peut parler de sujets qu’il n’aborderait pas avec sa femme. Il est assuré de la présence fidèle de Sandrine. Sandrine, interviewée également, dissimule difficilement l’affection qu’elle nourrit à l’égard de Jacques.
Entendant cela, je m’interroge : à quel(s) besoin(s ) Jacques cherche-t-il vraiment à répondre ? Car j’entends parler de solitude trop fréquente, d’échange, de présence, de tendresse…
Lorsque Jacques parle de ses besoins sexuels à satisfaire, de quel vide affectif n’ose-t-il pas s’approcher ? Mais aussi, quelles aspirations profondes à la relation restent en suspens, alimentant ce vide ?
Mais laissons Jacques et Sandrine un moment et demandons-nous : et nous- mêmes ? Comment nous vivons-nous face à ce que nous appelons nos besoins sexuels ? Sommes-nous conscients de ce qui nous travaille réellement et nous guide ?
Je nous invite à nous arrêter à cette sensation de besoin , afin de la déchiffrer plus finement par l’analyse et ainsi de choisir librement ce que nous avons à vivre. En effet, nous y découvrirons peut être le désir de la rencontre avec notre partenaire ; alors l’alliance (si elle est possible) et l’exultation des corps pourront nourrir la relation. Nous pourrons aussi y croiser les manques affectifs du passé ; l’alliance des corps ne pourra alors qu’estomper provisoirement la douleur et le chagrin liés à ces manques. Nous découvrirons peut être autre chose de nous-mêmes qui cherche à se dire.
On le voit, répondre au besoin sans lui avoir donné la chance d’être démasqué par l’analyse risque fort de nous faire passer à côté de nous-mêmes.
Mais dans tous les cas, ne jugeons rien de notre vécu intérieur (dans ce domaine comme dans les autres). En effet, au cœur de notre sexualité s’expriment tant de bonheurs et de détresses intimes qu’il nous faut nous en approcher avec une infinie délicatesse.
N’hésitons pas non plus à solliciter une aide compétente sur ce sujet afin de toujours progresser en humanité dans nos relations.
Sylvie Grolleau, formatrice agrée PRH
Le module « porter un regard neuf sur ma sexualité » et le stage « aimer et me laisser aimer » permettent d’approfondir ces thèmes.
Effectivement la loi ne s’occupe que des règles pour notre vivre ensemble, mais ici, l’invitation à ce que chacun fasse son chemin, regarde en lui ce qu’il vit, sera certainement beaucoup plus constructif de chacun et de la relation ! A moyen terme, ce sera plus efficace pour la croissance en humanité de notre société. Merci pour cet article qui ose reposer les vraies questions à nos dimensions d’homme ou de femme.
je suis très touchée, merci de me laisser arrêter, a cette question fondamentale en moi aujourd’hui que je fuis et elle n’arrête pas a sonner en moi, mon besoin sexuel et mon vide affectif, je suis attentionnée à l’importance de l’analyse pour avancer vers plus de solidité et liberté.et de relations de qualité et de sens…Merci