Et si le racisme ne passait pas par moi…?

Au moment où j’écris ces lignes, je lis qu’une pétition ayant recueilli 100.000 signatures vient d’être remise à Mme Taubira en guise de soutien face aux paroles à caractère raciste dont elle a fait l’objet. Il faut se réjouir qu’une telle campagne, commencée discrètement au départ, ait pu progressivement être portée par l’ensemble des médias, que la classe politique se soit dans son ensemble engagée dans ce combat et qu’une mobilisation populaire et citoyenne ait finalement relayé cette action.

Mais je ne peux m’empêcher dele raciste c'est l'autre me questionner : combien d’actes de « racisme ordinaire » se déroulent quotidiennement sans qu’une seule parole soit prononcée ? Combien d’actes de racisme ordinaire ne figureront jamais dans le moindre journal national ou de province ? Ce fléau semble s’être installé dans notre quotidien, surfant sur les difficultés qu’engendre la crise dans nos pays occidentaux et prenant plus profondément racine dans la peur de l’autre et de la différence qui fait partie de nos vieux démons encore invaincus…

Alors, je me prends à rêver… Et si nous étions capables de nous émouvoir des moindres gestes de racisme ordinaire comme une grande partie de la société française l’a été à l’égard de ceux perpétrés à l’encontre de Mme Taubira ? Et si nous étions capables d’ouvrir les yeux sur ces gestes ou ces paroles du quotidien qui rejettent, ou mettent à part ceux qui ne nous ressemblent pas ? Et si nous étions capables de dire notre étonnement, notre malaise, notre colère peut-être face à ces manifestations ?

Et puisque je rêve, pourquoi ne deviendrais-je pas capable de porter un regard sur ces mouvements intérieurs cachés qui surgissent en moi face à certaines personnes, différentes de moi dans leur couleur de peau, leur façon de penser, de parler, leurs habitudes, leurs modes alimentaires ou leurs façons de s’habiller ? Mouvements intérieurs qui ne se traduisent pas toujours en actes, mais qui s’accompagnent parfois de fermeture, de jugement ou de dévalorisation et réduisent la possibilité d’une vraie rencontre. Le racisme ordinaire le plus efficace est peut-être là, bien caché au fond de moi !

visage  multiracialAlors, si nous rêvions ensemble ? Si nous exercions notre regard à débusquer davantage le racisme ordinaire dans notre entourage, ou dans les mouvements intérieurs plus discrets qui nous traversent, si nous osions en parler et nous étonner, quelque chose pourrait bien changer dans notre pays des droits de l’Homme. Rêve ou réalité ?

Si ce thème de l’ouverture à la différence et des relations vous intéresse, vous pouvez vous tourner vers les stages PRH « Construire des relations de qualité » et « Ma vie relationnelle aujourd’hui » ou chercher à mieux vous connaître dans ce domaine à travers une relation d’aide PRH.  Consultez le site prh-france.fr

Jean-Michel Anot, formateur agréé PRH

 

3 commentaires sur « Et si le racisme ne passait pas par moi…? »

  1. Bravo Jean-Michel ! J’ai commencé la lecture avec dans la tête « encore des belles paroles… » et puis au milieu du texte, enfin exprimé d’une manière sobre mais tellement juste « et si je portais un regard sur mes mouvements intérieurs cachés… » : voilà à mon sens la seule façon de désamorcer le racisme ordinaire, sournois car déguisé. Je me reconnais moi la première dans les préjugés face … à certains vieux remâchant leur passé, face à certains jeunes que je ne comprends et qui me font donc peur, face à des voisins bruyants, face au conducteur qui me klaxonne, face à …. Je n’ose continuer de crainte que chacun de vous ne s’y reconnaisse tant je me sens dans le jugement et donc vivant une discrimination !
    Merci de venir me réveiller dans mon racisme ordinaire, pour m’inviter à m’ouvrir à la différence comme chance de rencontre ! Pour gagner un peu plus de cohérence dans mon aspiration à me sentir solidaire et à devenir plus ouverte et aimante.
    Anne Flatin

  2. Le racisme : est ce que je me sens concernée… Je suis un peu lassée de tous ces sujets que je ressens parfois moralisateur.
    C’est vrai que lorsque j’entends les paroles dites à Mme Taubira, je ne peux cautionner de tel propos, la violence des mots. La colère qui m’habite rejoint celle qui se réveille en moi lorsque j’entends tout ce qui est dis par des enfants à d’autres enfants ou à des adultes. Je suis horrifiée de ces paroles si violentes, si humiliantes. Que faire ? que dire ?
    Et moi si je rejette l’autre, certains autres, à l’intérieur de moi, sans paroles, mais avec le grand silence de l’indifférence « tu ne m’intéresses pas ». Ce sont les paroles qui s’inscrivent dans mon attitude, dans mon regard. Je rejoins alors le fond de moi où moi-même j’ai été rejetée, non acceptée, humiliée et où j’ai décidé il y a très longtemps de me protéger en ne m’intéressant plus à tous ces autres que je ressentais indifférents vis à vis de moi.
    L’ouverture à l’autre , à toute personne que je rencontre reste un lent de travail pour que la vie reprenne ses droits, pour qu’elle puisse en moi chasser toutes ces zones d’ombre. C’est un encouragement à se tourner résolument vers la Vie.

  3. « Que de belles paroles », me direz-vous ! ou alors « De quel droit me faire un sermon ? ». Voilà ce que m’évoque d’abord cette réflexion. Car il m’a bien fallu, pour vivre, que j’en passe par là, par mes défenses déployées comme des griffes. Quel long travail aussi il m’aura fallu pour débusquer et admettre mon propre racisme intérieur, sournois, qui me détruisait autant, si ce n’est plus, que mes proies ! Mais quelle révélation de découvrir, grâce à ce travail accompagné, que coule en moi une source capable de me purifier de ce poison, quand je décide de m’y abreuver !!! Je crois pouvoir dire qu’en traitant mon racisme intérieur, comme on traite une maladie, avec bienveillance, je lutte contre le racisme ambiant.
    A.B.

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