Hommage aux vivants !

J’ai été témoin, ces dernières années, d’un Releve photos 29 07 12 074« vieillissement réussi »  et j’aimerais vous le partager !

Angèle n’a pas cessé de contempler la Vie, et de lui rendre hommage, jusqu’à son dernier souffle.

Elle s’est peu à peu laisser vivre ce que Theillard de Chardin nomme les « passivités de croissance »,dans lesquelles la personne consent à lâcher peu à peu ce qu’elle ne peut plus faire ou vivre, se ramassant au cœur d’elle-même, là ou la Source de Vie ne tarit pas. Peu à peu je l’ai vue se défaire de ce qui a été longtemps source d’engagement, d’actions, de réflexion philosophique, pour accueillir de plus en plus intimement  ce qui lui apparaissait l’essentiel de ce qu’elle avait à vivre. Elle a consenti, pas à pas, aux limites et diminutions vécues dans son corps, aux aléas de la maladie, douloureusement, parfois.

Je l’ai entendue dérouler le fil de sa vie, angeleles grands évènements qu’elle a traversés pour chercher à comprendre de plus en plus finement ce qui avait pu se jouer entre les personnes et éclairer ceux-ci d’une compréhension plus profonde, d’intuitions nouvelles. Elle m’a confié avoir donné son pardon à des personnes dont elle avait souffert. Elle vivait cette relecture avec une clairvoyance, une sollicitude et une ouverture d’esprit étonnantes. Comme si l’intelligence de son cœur était plus vive que jamais. Elle était en état d’éveil, accueillant la cohérence de sa vie, l’unité intérieure dans laquelle elle semblait se rassembler, se concentrer..

Elle a cueilli, en quelque sorte, tous les fruits, lumières, intuitions, rencontres qui ont marqué sa vie, en remontant le temps : sa corbeille de fruits récoltés, donnés, débordait ! Elle en goûtait le nectar, remerciait la Vie de tant d’abondance et souhaitait par-dessus tout les partager autour d’elle à ceux et celles qui pouvaient entendre, recevoir le trésor de sa Vie!

Sa manière d’être, dans sa maison de retraite, était à son image : ses relations avec les personnes de l’établissement  étaient pétries de compréhension profonde, de bonté, de bienveillance, d’empathie. Dès qu’une relation se présentait à elle, elle était toute en éveil, en joie de la rencontre et du partage !

Sa foi en la Vie qui ne s’éteint pas avec la P1020434 (1)mort l’emplissait de Paix : elle s’est préparée à son Passage « sur l’autre rive » : la veille de ce grand jour, la responsable de la maison l’a surprise donnant une « conférence sur la confiance » !

Merci, Angèle !

Quel témoignage de La Vie qui se déploie jusqu’à son dernier Souffle et au-delà, sans doute !

Françoise Parmentier, Formatrice agréée PRH

10 commentaires sur « Hommage aux vivants ! »

  1. Merci de ce partage si plein de vie et de paix. Ce temoignage m’interpelle et me donne confiance en la vie. La mort en fait partie. je mesure une fois encore combien l’acceptation de ce qui est, peut offrir une multitude de possibles.

  2. Un grand merci pour ce bel hommage rendu à Angèle. Tu as les mots justes pour dire ce qu’elle fut et ce qu’elle demeure. À l’époque de ma formation de jeune animateur, j’ai reçu beaucoup d’elle, de sa sagesse, et du regard d’amour qu’Angèle portait sur toute chose.
    Suite au livre que j’ai publié, elle m’écrivait ceci en mai 2011 : « Merci d’avoir illustré ces « Relations humaines » que nous avons pour mission de développer. Je me sens rapprochée de toi, désireuse d’être toujours plus proche des autres. J’aime te dire cela même d’une main que l’arthrose rend malhabile. La vie sait passer à travers le grand âge et les déficiences du corps. »

    Angèle, merci pour tout…

    Bernard Descampiaux, ancien formateur PRH.

  3. En tant qu’athée, je me sens gêné par ce genre de message. La citation de « Theillard de Chardin », le mot « vie » écrit avec une majuscule, l’expression « passage sur l’autre rive », expriment votre foi en ce que je suppose être Dieu, ou du moins, en l’existence d’un monde surnaturel.

    Chacun a bien sûr ses intuitions et ses évidences. Au nom de la tolérance et de « l’écoute sans juger » prônée par PRH, je devrais peut-être « ne rien dire » ? Mais je ne le sens pas comme ça : je pense qu’il est important de dissocier le message de PRH du message de la religion. Que le message de PRH reste laïque, neutre sur ces aspects-là.

    Sinon, on risque de faire penser que PRH est une nouvelle association religieuse où, sous couvert d’améliorer le monde, on fait du prosélytisme. Cela le desservirait. Les athées ont aussi besoin d’aide, aide qu’ils refuseraient probablement si elle se trouvait baignée dans quelque religion que ce soit.

    On peut avoir bien vécu, avoir donné de l’amour et de sa vie intérieure aux autres en pensant que rien ne subsiste de nous après la mort et que nous n’avons pas d’âme : juste un cerveau. Et les vivants auront le souvenir de la personne aimée, souvenir qui peut alimenter notre vie intérieure et notre croissance.

    Les discussions entre athées et croyants sont extrêmement difficiles, chacun en général campant sur ses positions et cela risquerait d’être dangereux pour le mouvement si on y laissait la porte ouverte aux affirmations athées ou croyantes. Ce serait la même chose si PRH donnait des messages politiques, directement ou indirectement.

    J’ai découvert ce blog il y a quelques jours, et cela me fait plaisir que PRH essaie de se montrer un peu plus. Mais là, j’aurais envie de le laisser tomber. Comment pourrais-je conseiller PRH à des amis non-croyants s’ils voient que PRH est associé aux croyances religieuses ?

    Désolé d’avoir été aussi sévère mais la religion est un sujet qui me tient à cœur : j’essaie de comprendre les religions pour voir ce qui fait qu’on s’y accroche. J’aurais de nombreux arguments sur la question mais ce n’est pas le lieu ici.

    Amicalement.

    1. Nous avons lu attentivement vos commentaires à l’article « Hommage aux vivants », paru sur le Blog.
      De fait, il nous permet de nous montrer davantage et facilite le dialogue.
      Merci de prendre la parole pour engager un échange.
      Cet article visait à offrir aux lecteurs le témoignage d’Angèle, dans cette étape de fin de vie, marquée par le lâchage de ses engagements, ses centres d’intérêt et sa recherche philosophique, et par une centration sur un essentiel qui peut s’écrire également avec un « E »parce qu’il transcende tout ce qui a marqué son existence. A nos yeux, elle a conduit loin le travail sur elle-même, et l’a poursuivi jusqu’à la fin de sa vie. Elle disait elle-même se préparer à son départ.
      Nous avons cherché à comprendre, transmettre le vécu d’Angèle (certains lecteurs l’ont connue), en respectant ses mots et expressions, ses valeurs.
      Se vivre formateur PRH, c’est rejoindre, comprendre sans imposer ses propres convictions.
      « Rester laïque », n’est-ce pas rejoindre les valeurs de l’autre, sans imposer ses propres convictions ? Je le reconnais avec vous, c’est un art difficile !
      Nous avons observé que toute personne peut faire l’expérience, dans son intimité, de la présence de réalités à la fois de même nature que son être, et à la fois éprouvées comme permanentes. Ainsi en est-il de l’Amour, de la Liberté, de la Justice, de la Paix, de la Dignité de la personne, de la Beauté etc… Cette ouverture à ce qui le transcende est à la portée de tout homme, qu’il adhère ou non à une religion. Elle est universelle.
      Dans la psychopédagogie PRH, cette dimension d’ouverture à une Transcendance, au niveau de l’être est reconnue très importante pour la croissance de la personne quelle que soit le nom que la personne lui donne et la manière dont elle l’expérimente.
      La formation PRH est accessible à toute personne, quelles que soient ses convictions, ses valeurs. Elle se diffuse sur tous les continents dans des contextes culturels très différents les uns des autres. Elle permet la rencontre de personnes aux goûts, choix de vie, opinions différents.
      Bonne lecture !
      Françoise Parmentier

    2. A la lecture de ce commentaire, me prends l’envie de l’enrichir d’une distinction qui me semble essentielle afin d’éviter les confusions.

      Tout d’abord, si des majuscules ont été utilisées dans cet article, je n’y ai pas repéré les mots de « religion » et « croyance » apportées dans ce commentaire. C’est simple mais important car il s’agit de faire la part de ce qui est écrit et de ce que chacun peut interpréter en le lisant.

      Ensuite, j’apprécie de distinguer croyance et religion, de foi et spiritualité.

      Il est des expériences délicates à partager sans dépasser les seules notions cartésiennes. Pourtant, j’ai vécu de telles expériences qui ne peuvent être réduites à de simples croyances. Autrement dit, c’est par mon expérience, celle vécue au niveau de mon être intérieur et dans sa dimension de transcendance, que je peux rejoindre ce qui est écrit avec des majuscules dans ce témoignage. Pour autant, je ne me considère pas croyant ou attaché à une religion.
      Les croyances, selon moi, sont plutôt une affaire de « moi-je ». Et c’est dans l’expérience de l’être qu’elles peuvent prendre toutes leur réalité. Sans quoi, les seules croyances peuvent mener aux pires violences, du fait d’être déconnectées des valeurs de l’être, comme c’est parfois le cas dans certains intégrismes religieux.

      Et ce n’est pas parce que je ne suis pas croyant et ne pratique pas de religion que n’existe pas en moi une dimension spirituelle au sens le plus simple du terme, à savoir au sens de ce qui donne l’esprit dans lequel je vis les évènements, qui m’aide à faire des choix harmonieux et m’inspire les actes de ma vie qui ont du goût pour moi et favorise la vie et sa croissance.
      Et au-delà de toute croyance ou religion, je peux être animé d’une foi en la vie où en l’homme, une foi spontanément colorée par l’esprit qui m’habite au moment où je l’éprouve. Et c’est alors encore une affaire d’expérience qui rejoint mon être et ne peut se limiter à une croyance.

      1. Désolé, le mot « transcendance » connote fortement religion. Pas pour vous, mais pour beaucoup de gens oui. Et encore plus le mot « spiritualité ». Ce sont des mots attachés a la notion de surnaturel (pour « transcendance ») et à la notion d’âme (pour « spiritualité »), deux choses dont je conteste fermement l’existence.

        « Transcendance » suppose infinité, et je ne pense pas qu’il y ait d’infinité, sauf en mathématiques et éventuellement l’univers lui-même mais on n’en est pas sûr.

        « Spiritualité » suppose qu’il y aurait un aspect « esprit » et un aspect « corps » en nous, ce que je conteste également. Pour moi, cette dualité n’existe pas : l’esprit, c’est simplement le cerveau, c’est-à-dire le corps. Nos sensations, nos sentiments, ce sont des réactions chimiques dans le cerveau, des protéines sécrétées, des messages électrochimiques. Cela ne retire rien de notre grandeur humaine, mais je pense que cette réalité-là devrait davantage être prise en compte et acceptée en tant que réalité. PRH, je crois, aime le mot « réalité », le « réel ».

        Je n’avais pas répondu au message de Françoise, parce que je pense que, décidément, les croyances (oui, les croyances, et je vous note parmi les croyants, même si vous pensez que non) est bien trop incrustée dans la société et dans PRH, que c’en est désespérant.

        J’étends d’ailleurs cette notion de croyance à ceux qui croient à l’homéopathie (entre autres) : ce sont des gens qui nient la science. Aujourd’hui, on a des moyens d’investigation qu’on n’avait pas avant. Si on avait une âme, ça se saurait. Si Dieu existait, ça se saurait. S’il y avait de la transcendance en nous, ça se saurait.

        Votre « transcendance », ou les « réalités à la fois de même nature que son être, et à la fois éprouvées comme permanentes » dont parle Françoise, c’est simplement notre inconscient, lequel n’a rien de permanent du tout. L’impression qu’on est permanent ne vient que du fait que nous sommes vivants.

  4. Merci, Françoise, pour ce beau témoignage.

    J’ai très peu connu Angèle, mais je me souviens comme si c’était hier de l’entretien qu’elle m’avait accordé il y a de nombreuses années, lors d’un « temps fort de croissance ». Elle rayonnait de sa joie intérieure, une joie d’enfant. Elle a été un rayon de soleil sur ma route, qui m’a aidée à m’ouvrir à la joie en moi. Cadeau inestimable.

    Ton témoignage renforce ma confiance en la Vie.
    Merci encore à toi.

    Anne Brunot

  5. Je vis beaucoup de gratitude à la lecture de cet article. Merci de nous communiquer ainsi un témoignage de vie simple et fort à la fois.

  6. .J’ai été doublement touchée par ce témoignage.
    D’abord par ce bel hommage à la Vie vue, recueillie accompagnée, partagée.
    C’est beau d’entendre et de voir comment fidèlement chacun de nous peut être vivant, vivante au coeur même de sa propre vieillesse.
    C’est beau de voir que le vieillissement écrit et dit si clairement ne “retire” rien à le Vie profonde.
    J’ai pour ma part travailler en maison de retraite, (ma plus belle et riche expérience professionnelle, je suis maintenant à la retraite) et j’ai vu aussi tellement de richesses, de dons du coeur donnés jusqu’au bout de l’étape terrestre, dons du coeur, richesses qui m’ont vitalisés en tant que soignante, qui ont fait grandir ma foi en la vie, que je suis rejointe et vitalisée par votre témoignage qui touche ma propre expérience et ma foi que tout est possible jusqu’au bout. C’est à dire que chacun de nous peut recevoir et donner jusqu’au bout.
    Notre société a à évoluer, me semble t il, dans prendre soin des anciens, de ses anciens au delà de prendre soin du corps et du confort…..

    Et je crois que sous-jacent à tout cela, j’ai été touché que quelqu’un parle d’une “ancienne”. Ces anciens, qui ont tant donné, dont on entend plus parler (sauf par votre article) et qui semblent nous avoir déjà “quittés”.
    Je n’ai pas de réponses, ni de solutions à ce qui me semble être un mal de notre société. A part faire chacun sa petite part en “allant” vers des anciens, rester en lien et favoriser les liens….
    Encore MERCI pour votre parole dans cet article.

  7. J’ai bien connu Angèle il y a beaucoup d’années. A l’époque, elle avait déjà une écoute exceptionnelle avec un accueil profond de chacun, sans jugement ni désir de pouvoir sur l’autre. Je l’aimais bien et j’en ai gardé un bon souvenir. C’est sûr qu’elle avait un côté « bonne sœur » comme beaucoup d’animateurs P.R.H. à ce moment-là! Personnellement,cela ne me dérangeait pas, car elle avait beaucoup de bon sens.Mais je comprends que l’aspect religieux peut déranger certains. En tout cas, Françoise a fait un joli témoignage sur Angèle, qui a le mérite d’être vrai! Merci

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