« Tous mes vœux… même si les événements mondiaux ne nous donnent pas d’emblée des raisons d’espérer. » Plusieurs des messages de bonne année que j’ai reçus cette année avaient cette tonalité. De fait, l’écoute des informations, ou la lecture d’un journal, ont souvent de quoi nourrir notre pessimisme. On a parfois l’impression que les hommes ne retiennent rien des leçons de l’histoire, et des « plus jamais ça ! » criés par les peuples sortant des griffes de la barbarie. Entre le sordide des faits divers abondamment commentés par la presse, la violence des guerres ou du terrorisme qui font si souvent la « une », les systèmes politiques opprimant des pays entiers, l’inégalité économique croissante régnant sur notre planète, les désastres écologistes et les ambitions politiques qui nivellent souvent vers le bas le débat public, il y a de quoi être révolté, atterré, ou blasé…
Pourtant, les médias véhiculent aussi d’autres messages, moins tonitruants, mais qui ont fait mon émerveillement ces dernières semaines. Je voudrais vous en livrer quelques-uns.
Avez-vous entendu parler du mouvement de partage « incroyables comestibles » ? Né au nord de l’Angleterre en 2008, ce mouvement essaime partout en France. L’idée est très simple : cultiver un bout de potager, planter quelques légumes dans un bac devant chez soi, et inviter les passants à profiter gratuitement de la récolte. Le miracle est que cette initiative crée du lien social, et vient rompre la tentation de l’individualisme…
Connaissez-vous le frère Francklin Armand ? « C’est une petite révolution verte qu’un homme est en train d’accomplir sur le plateau central d’Haïti. Dans cette région aride, il s’est mis en tête de fleurir le désert en faisant pousser, ici et là, des lacs. », nous apprend Ouest-France le 27 janvier. Des dizaines de lacs apparaissent peu à peu, et chacun d’entre eux sort de la misère et de la corvée d’eau des familles entières, qui peuvent cultiver leur terre toute l’année. Aujourd’hui, cet homme emploie deux cent personnes qui utilisent une dizaine de bulldozers pour continuer ces travaux de terrassement. Il a ouvert une école, une clinique. Fait construire des maisons vendues au tiers de leur coût avec des crédits à très long terme…
Bernard Descampiaux attirait notre attention dans ce blog sur un reportage qui se faisait l’écho d’initiatives heureuses et prometteuses. Et l’association « reporters d’espoir » s’est fait une spécialité de recueillir des informations positives.
Il y a quelques années, je n’aurais pas prêté attention à ces « bonnes nouvelles ». Aujourd’hui, elles m’émerveillent, et viennent nourrir ma foi dans l’homme. Il ne s’agit pas pour moi d’un optimisme béat, d’un manque de réalisme, ou d’une quelconque méthode Coué. Mon travail sur moi m’a permis de développer mes potentialités et de mener une vie beaucoup plus conforme à mes valeurs profondes. Et mon travail de formateur PRH me rend témoin d’avancées chez beaucoup d’autres, qui déploient peu à peu leurs qualités profondes. Mon espoir se fonde là : sur « l’humanisation » de nos vies. Tous ces faits divers positifs manifestent ce dont je suis sûr, désormais : la générosité et l’ingéniosité résident au cœur de tout homme, et on peut les faire grandir, tout en diminuant nos réflexes de peur, de violence et d’égocentrisme.
Pour changer, il faut commencer par y croire. Les peurs figent et stérilisent, alors que la foi et l’espérance appellent à la vie. Pour nourrir ces attitudes dynamiques, sortons de ce regard négatif ou blasé que véhicule trop souvent notre société, et contemplons les jeunes pousses qui germent et fleurissent, à l’intérieur de nos vies et dans notre monde. « Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit », me disait un vieil ami quand j’avais 20 ans. Prêtons l’oreille aux murmures d’une humanité qui aime, respecte, prend soin et construit. Elle est là, et nous pouvons y prendre part.
Régis Halgand, formateur agréé PRH
J’ai pu « voir » les lacs créés par frère Franklin. Oui, c’est une promesse, la population compte énormément sur cette initiative..
Pendant mon séjour, j’ai pu suivre l’histoire de Kita Nago.Le Kita Nago est une œuvre d’art en bois de 500 kilos. Elle a été transportée à la main par des volontaires Haïtiens sur une distance de 700 kms. Le convoi est parti de la commune des Irois, pointe sud du pays et a terminé sa route à Ouanaminthe dans le Nord-est. Kita Nago, est une initiative de l’Association Kore Pwodiksyon Nasyonal (KPL).
La marche a été entamée le 1er janvier, jour de l’indépendance d’Haïti. En rassemblant des centaines d’haïtiens autour de ce relais solidaire, au fil des régions (plaines, montagnes) et villes traversées, l’objectif a été de donner corps une nouvelle fois à la solidarité nationale haïtienne, autour d’un projet symbolique, et positif, pour changer l’image que le peuple haïtien a de lui-même.
Merci pour ces beaux partages de foi en l’humain qui m’inspirent, qu’il s’agisse du monde extérieur ou intérieur : et si je commençais par regarder ce qui est beau et nourrit mon être avant de faire face aux problèmes qui, pour l’instant, dépassent mes capacités d’actions ?
N’est-ce pas là que je trouverai les ressources nécessaires à une amélioration de la situation, problème inclus ?
Je me sens émerveillé de découvrir l’oeuvre de Francklin Armand et la (dé)marche de solidarité organisée autour de Kita Nago.
Pourrait-on aussi découvrir aussi qui est l’auteur de cet article ?
(C’est en effet dissonant pour moi d’y trouver un « PRH » collectif en signature de sa publication après le « je » personnel découvert au court de sa lecture.)
Merci encore. Bien cordialement,