Sur le quai … !

Je suis sur un quai de gare, lieu impersonnel et glacial ; je me sens comme étrangère, hors du temps et de l’espace ! Où je suis n’a plus de sens, tous les quais sont les mêmes ! Où je vais n’a pas, pour l’instant de consistance, je suis entre deux, comme en errance !

Tout autour de moi des silhouettes passent, pressées ou nonchalantes, tristes, sombres, ballotées, emportées, avalées par la grisaille, les arrivées et départs des trains.

Ces trains, machines qui grincent, crissent, crachent. Les hauts parleurs crient des messages qui me sont incompréhensibles, voire menaçants, me jetant parfois dans l’interrogation et la crainte.

Je me recentre à l’intérieur de moi. Lentement je me retrouve, je redeviens une personne de chair et de sang, je sens la vie circuler. Je peux alors regarder, oser poser mon regard sur ce et ceux qui m’entourent, respirer ! Je me surprends à sourire ! Je suis vivante et les autres aussi vivent ! Ces silhouettes sont des êtres humains comme moi qui attendent, qui espèrent, qui passent, qui vont !

Soudain je sens la curiosité qui m’emporte : qui est cette femme, cet homme ? Où va-t-il ? Qui rejoint-il ? Qu’est-ce qui l’habite ? Et je me surprends à ressentir de l’intérêt, de l’affection même. C’est la pâte humaine que je contemple, sa diversité, sa beauté, sa fragilité au-delà de ce que je vois, au-delà de ce que je sens et ressens, au-delà des clichés.

Et je suis envahie de gratitude pour cette humanité en mouvement !

 Et vous : que ressentez-vous sur un quai de gare, ou en croisant des hommes et des femmes dans la rue ?

Annick Vauquelin, ancienne formatrice PRH

Ce texte a déjà été publié dans le blog le 22 octobre 2022

3 commentaires sur « Sur le quai … ! »

  1. Merci,Anne pour cet article dont j’ai beaucoup apprrécié l’analyse des sensations et leur évolution.Habitant dans un petit village très tranquille,quand je suis dans une gare,j’aime observer les allées et venues des gens très divers et de tous âges qui se pressent ou attendent.Il m’arrive,dans l’attente d’une correspondance, d’échanger quelque mots ou d’entamer une conversation avec des voyageurs.La dernière rencontre fut celle d’une personne âgée,seule,malvoyante,qui m’a demandé de l’aider à lire le tableau des départs.Comme nous prenions le même TER nous avons continué notre voyage ensemble et échangé de manière très agréable.Ce fut un moment précieux pour nous2!

  2. À lire cet article, je me demandais, au début où il allait mener, jusqu’au passage d’un niveau de sensibilité à un autre, du ressenti désagréable du contact avec l’environnement matériel hostile à une connexion à une niveau de profondeur irradié par le constructif de l’être. Et j’ai été frappé par le fait que ce passage amène le retour de la curiosité, une des huit qualités du Self selon Richard Schwartz, le créateur du modèle de thérapie IFS (Internal Family System) qui comme André Rochais et Carl Rogers a une vision très positive de l’être humain. Un de ces derniers livre étant d’ailleurs titré « Pourquoi nous sommes essentiellement bons ».

    1. Merci de nous faire découvrir l’IFS. En effet, l’approche d’André Rochais s’inscrit dans un courant de pensée. Son anthropologie, unique, a néanmoins des échos avec d’autres visions de l’être humain.

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