Avancer pas à pas

J’ai fait bien des fois l’expérience, en nos belles montagnes de Chartreuse ou de Belledonne, de balades qui m’ont révélé des images parlantes pour ma vie. Randonner en montagne m’ouvre à des sensations qui me parlent de ce long cheminement vécu pour voir s’éclaircir l’horizon devant moi, mais surtout à l’intérieur de moi, et pouvoir m’accorder de plus en plus à qui je suis.

Le désir de gravir tel ou tel sommet est parfois ancien, mais se décider à faire le premier pas peut demander du temps,  tout comme notre désir de cheminer pour voir plus clair en notre vie. On peut mettre des années avant d’avoir l’élan, la force de se mettre en route. Moi, il m’a fallu plus de dix ans. Mais quelle joie d’avoir osé enfin faire ce premier pas !

Une fois en route, on chemine, un pied devant l’autre, ou plutôt une sensation après l’autre, au fil des questions des TPA, avec les forces du moment et ce qui est le plus appelant à explorer. 

Devant nous : des marches d’approche, des sentiers parfois tortueux ou plus faciles. On souffle, on escalade, on prend de la hauteur. On fait des pauses et on se restaure, le regard espérant le sommet. Il faut repartir et poursuivre le chemin jusqu’au bout avec les balises : encouragements, interpellations, reflets qui sont comme des cairns jalonnant la randonnée…

Parfois le sentier est plus raide, la fatigue plus dense et le sommet se cache… Le chemin de notre croissance connaît aussi bien des méandres, des détours, des souffrances, des arrêts devant la montagne qui peut nous paraître, à ce moment-là, inaccessible ! En montagne le sentier est parfois sinueux, empierré et la marche est difficile. Il faut se hisser dans une escalade inconfortable pour passer l’étroite cheminée qui ouvre à de la hauteur. Dans notre cheminement nous vivons aussi des rudes moments : prises de conscience des blessures endurées, dysfonctionnements qui persistent, intégrations qui mettent du temps à s’imposer… Mais aussi émerveillement de ce que nous avons mis en place pour survivre, signe d’une vie profonde en nous qui ne demande qu’à être dégagée de ce qui l’encombre.

Puis, au détour d’un virage, une fenêtre ouvre sur des sommets, des couleurs, un village au fond de la vallée, un troupeau de chamois ou un couple de marmottes qui se chauffent au soleil… De même dans notre cheminement, des lumières de compréhension nous donnent l’élan pour continuer.

L’amitié et la solidarité des compagnons de marche, les pauses réconfortantes, la vue d’un cairn nous aident à tenir bon. Un pas après l’autre, on retrouve sa foulée, son entrain et sa force intérieure pour aller de l’avant. Une force qui nous dépasse, plus grande que nous, qui invite, appelle à demeurer dans cet élan de marche en avant, de croissance jamais terminée pour découvrir des horizons nouveaux.

Une pause s’impose pour jouir de notre avancée : s’émerveiller, prendre le temps de goûter la lumière, intégrer, consentir…

Une fois redescendus, il s’agit de continuer la route avec un nouvel élan. Retrouver notre quotidien avec dans les yeux et le cœur ce qui s’est dévoilé pour exister plus en qui nous sommes et ajouter notre pierre au devenir de notre humanité et de l’Humanité !

Et cultiver en nous l’envie de découvrir d’autres chemins, points de vue, lumières…

Et vous, quelles images accompagnent votre cheminement ? Partagez-les en commentaires sur ce blog.

Élisabeth Sourice, collaboratrice PRH

2 commentaires sur « Avancer pas à pas »

  1. A l’occasion de plusieurs randonnées dans les Pyrénées, je suis parti du bas de la vallée, puis j’ai grimpé dans des forêts. Une fois parvenu à une estive, je me suis retourné. Là j’ai pris conscience du chemin parcouru, et j’en ai été moi-même surpris. La vie ressemble à une randonnée : il est parfois nécessaire de se retourner, mesurer le chemin parcouru, puis en être reconnaissant.

    1. Merci pour votre observation Francis, c’est très juste. On a le droit aussi d’être fier de ce chemin parcouru.

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