La jarre fêlée

Cette semaine nous avons choisi un conte; cette forme littéraire par ses images, ses métaphores, nous parlent parfois plus qu’un long discours… nous espérons qu’il en sera ainsi pour vous, bonne lecture !

Tous les matins, un paysan chinois allait chercher de l’eau à la rivière. Il remplissait deux jarres qu’il suspendait aux deux bouts d’un solide bâton posé sur ses épaules. Mais l’une des jarres était fêlée et l’eau gouttait le long du chemin. La jarre en était affligée. Elle en souffrait, car elle avait le sentiment de ne pas accomplir correctement ce pour quoi elle était   faite.

Aussi, un jour, elle demanda pardon au paysan.

  • De quoi dois-je donc te pardonner ? s’étonna-t-il.
  • Tu le sais bien, répondit-elle, je suis fendue et je ne rapporte à ta maison que la moitié de ce que tu as puisé. J’ai honte de moi. J’aimerais être comme ma compagne qui fait avec honneur son travail de jarre.
  • Retourne-toi, lui dit-il. Et que vois-tu de ce côté du chemin ?
  • Des fleurs, des fleurs partout, tout au long de la route.
  • Ces fleurs, c’est toi qui les as fait naître, et elles sont devenues belles parce que tu les arroses chaque matin !Elles te rendent grâce, comme je te rends grâce, car je peux offrir de temps à autre un beau bouquet à ma femme.

Regarde maintenant de l’autre côté du chemin ! Que vois-tu ?

  • Il n’y a rien, rien que de la poussière sur un sol de cailloux.
  • Certes, ta compagne fait au mieux son travail de jarre, mais elle n’a pas ton talent. Chacun fait selon sa nature ! Réjouis-toi d’être fendue et imparfaite car, comme souvent, ta faille a son talent caché !

Michel Piquemal 

« Les philofables pour la terre », Editions Albin Michel

Merci de partager avec les lecteurs du blog vos sensations après cette lecture !

2 commentaires sur « La jarre fêlée »

  1. Merci, c’est bien beau. Comme un cœur fêlé qui néanmoins fait des prodiges, naturels sans s’en rendre bien compte, bien que lentement, dans une croissance, l’ombre s’estompe dans une lumière petit à petit libérée, don accueilli, devenu plus conscient et aujourd’hui, comme une paix, partagé.

  2. J’aime cette vision positive de la vie, de nos imperfections, qui peuvent devenir des atouts selon le regard qu’on porte.

    On se fait une idée de la perfection, souvent un idéal à atteindre, alors qu’il suffit souvent de s’accepter tel qu’on est pour accomplir notre « mission »… et pas forcément selon notre désir initial.

    Accepter, lâcher-prise, regarder, faire confiance …

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