Benoît Halgand, militant écologiste :

« Le travail sur soi est un enjeu pour un engagement efficace dans la transition »

Benoit Halgand, ingénieur depuis 2022, est aussi un militant écologiste très engagé. Recherchant activement les moyens les plus efficaces et les plus accessibles, il œuvre pour que se déploie et s’amplifie un large mouvement de prise de conscience et d’entr’aide solidaire concernant l’état de la planète et la nécessité de travailler concrètement à une réelle transition écologique.                                                        

Le blog de PRH : Tu as vécu récemment un stage sur la transition écologique, et c’était ta première expérience de PRH. Que peux-tu en dire aujourd’hui ?

Benoît Halgand : Ça m’intéressait de voir comment allier travail personnel et engagement. Et j’avais l’intuition que pour avoir un engagement efficace dans la transition, il y avait besoin d’un travail personnel et que ce serait peut-être pertinent de le faire avec PRH. J’étais du coup très curieux de voir quels pourraient être les fruits de ce stage, pour le groupe et pas uniquement pour moi. Et de fait il y a vraiment eu une confirmation de ce point de vue-là.

Le blog de PRH : Pourrais-tu préciser ?

Benoît Halgand : J’ai trouvé intéressant de voir comment chacun était amené à regarder cette question de l’engagement dans la transition de manière personnelle, travaillé aussi par des choses liées à son histoire, à sa vie ; comment aussi cela nous a aidés à faire des pas, à voir le sens de ce qu’il y a derrière. Personnellement le module m’a donné envie de continuer pour moi avec PRH et d’amener l’enjeu de ce travail sur soi dans tous les débats et réflexions auxquels je participe.

Le blog de PRH : Ce fut donc un stage enrichissant pour toi ?

Benoît Halgand : Oui, vraiment. J’ai découvert la pédagogie PRH : sa vision de la personne humaine, comment elle est structurée, comment elle fonctionne, et cela m’éclaire sur toutes sortes de questions, pas seulement la transition. J’affine ma manière de me comprendre et de comprendre les autres. Et puis, j’ai fait le clair sur deux choses qui m’ont pas mal travaillé : l’importance pour moi de prendre régulièrement des temps de  »désert », de respiration, sans téléphone ni ordinateur, et le besoin de prendre soin de ma relation à la nature.                                                         

Le blog de PRH : A ton avis ce stage est-il complémentaire d’autres approches ?   

Benoît Halgand : Je dirais que oui. Car il y a peu de propositions de travail personnel concernant la transition, et là PRH apporte quelque chose de nouveau. Les propositions sont nombreuses sur quoi faire, mais les personnes ont du mal à y aller. Beaucoup aujourd’hui sont conscients qu’il y a un problème sur les questions écologiques mais ne voient pas trop comment s’en saisir ni comment s’engager. C’est une question qui dérange.

Dans ce stage-là, on se rend compte qu’on peut faire des choses utiles, même à un petit niveau. Et pas simplement par devoir car cet engagement, même modeste, nous amène à ajuster nos relations et nos modes de vie. Il nous nourrit, et il rend plus heureux. C’est quelque chose qu’on entend assez peu, mais qui, si on en fait l’expérience, peut vraiment aider à s’engager de manière juste et durable.

Le blog de PRH : Comment ça ? 

Benoît Halgand : Nous avons tous besoin de discerner quel est le pas personnel qu’on va pouvoir faire pour bien s’engager ou bien continuer. Personne ne va sauver la planète à lui tout seul, personne n’a la solution, on le sait tous. Le vrai enjeu, à mon avis, c’est de pouvoir trouver sa bonne place pour faire pleinement sa part, de mieux en mieux, et avec tous les autres.

C’est cette démarche-là que PRH nous propose. Nous avons travaillé la question de notre engagement à partir de nos propres ressources et de nos contraintes. C’est aidant pour mieux prendre conscience de ses atouts, de ses limites, de ses complémentarités avec d’autres, et pour trouver une place ajustée dans la transition. C’est à la fois rassurant, éclairant et stimulant.

Le blog de PRH : Pour un militant écologiste c’est donc utile de suivre une formation humaine ?

Benoît Halgand : Utile oui, mais à chacun de voir s’il le souhaite et si c’est le moment pour lui. C’est vrai que progresser soi-même, ça rend heureux et c’est communicatif. Et puis, pour être encourageant et convaincant, il faut être confiant, serein. Comment vivre tout cela sans une réelle solidité personnelle et sans avoir des convictions bien fondées ?

Le blog de PRH : Le titre du module[1] te parle-t-il ? Pourquoi ces mots : lucidité, espoir, s’engager ?

Benoît Halgand : J’aime plutôt bien cette articulation entre la lucidité et l’espoir, parce qu’il ne peut y avoir de l’espoir que si on est lucide sur ce qui se passe. Le premier pas qu’on fait dans ce stage c’est de poser un regard lucide sur la situation et sur soi, sans naïveté ni catastrophisme. Il y a beaucoup de raisons de ne pas être optimiste, ce qui se passe dans le monde est inquiétant, dur à vivre ; mais il y a aussi beaucoup de choses utiles que nous pouvons faire, c’est important de voir lesquelles et comment s’y prendre. Les deux sont nécessaires.

L’espoir, on le touche à la fin, quand on voit bien que tout n’est pas perdu, qu’être engagé dans la transition nous permet aussi de nous accomplir et d’être plus heureux, et qu’on en est venu à se poser nettement la question du pourquoi et comment moi j’y vais. On peut alors cueillir des éléments de réponse, voir se dessiner son propre chemin de transition, et prendre de mieux en mieux sa place parmi d’autres.

Le blog de PRH : C’est une belle aventure, aurais-tu quelque chose de plus à dire à ce sujet ?

Benoît Halgand : Oui. Je pense qu’il y a là quelque chose qui nous dépasse, et qu’aujourd’hui, s’engager ainsi, avec la transition, c’est vraiment une voie d’accomplissement. Elle permet de quitter des injonctions de la société (discours consuméristes, carriéristes…) qui ne nous rendent pas très heureux. Dans mon école d’ingénieurs, j’étais sous la pression de discours très carriéristes. Et grâce à cette question de la transition et à mon engagement, j’ai choisi un chemin qui me correspond bien plus que si j’avais suivi une carrière classique en entreprise. Je suis beaucoup plus heureux, je côtoie des gens qui sont en quête de justice et de vérité ; je ne suis pas tout seul devant l’immensité du problème. Dans cette quête, dans cette soif, nous sommes ensemble, il y a là quelque chose de grand, de beau…

Le blog de PRH : Comment tu envisages les temps qui viennent, pour toi et autour de toi ? Es-tu confiant ? As-tu des inquiétudes ?

Benoît Halgand : Je suis plutôt dans une période de confiance, d’enthousiasme… On est en train de créer à plusieurs un nouveau collectif, « Lutte et Contemplation », où nous avons envie d’articuler notre participation active aux luttes écologiques et sociétales avec une dimension plus communautaire (se retrouver régulièrement pour partager, se soutenir, réfléchir ensemble). Vivre les deux ensemble me parle vraiment, je sens que ça répond à un réel besoin en moi, autour de moi et dans le monde. Beaucoup de gens aujourd’hui rejoignent ce collectif et veulent entrer dans cette dynamique. Les choses avancent, et voir que toutes ces personnes s’engagent et essaient de le faire avec justesse, ça donne vraiment de l’espoir.

Dans les temps qui viennent, avec toujours cette même question, « quel est le monde auquel je veux contribuer, et comment moi je peux y contribuer en fonction des talents que j’ai ? », il y a des articulations à faire : dimension intérieure et dimension extérieure, personnelle et collective – mode de vie (ça, on doit tous en changer) – engagement de chacun dans sa ville, son quartier, ses associations, en politique, en militantisme associatif… Et souvent, il suffit de rejoindre un groupe engagé pour avoir plein de perspectives qui s’ouvrent.

Le blog de PRH : Dans tout ce que nous venons d’évoquer il me semble qu’il y a un état d’esprit, un mouvement porteur qui te rejoignent profondément

Benoît Halgand : C’est vrai. Je me sens vraiment à ma place, je sens que j’ai trouvé ma voie et ma manière de la vivre. Cela va sans doute encore bouger, changer. Par exemple, pour l’instant je vis à Paris, mais j’aurai besoin plus tard d’un mode vie plus cohérent, plus proche de la nature, plus partageur, j’ai conscience que je vais évoluer dans ce sens. Pourtant, les engagements que j’ai actuellement, et qui restent petits par rapport à ce qu’il faut faire, sont bien ceux que j’ai à mener et c’est bon que je le fasse jusqu’au bout. J’en suis là aujourd’hui. Et je suis là où je dois être.         

Propos recueillis par Ghislaine Voguet, collaboratrice PRH


[1]  « Vivre la transition écologique avec lucidité et espoir »

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