Home

Le lieu où nous vivons est appelé par les Anglais Home. La traduction littérale de home est « chez soi » reflétant pour certains un esprit casanier ou simplement, pour d’autres, l’expérience d’aimer le lieu où l’on vit et de l’avoir choisi et aménagé au fil des ans.

J’ai prêté davantage attention à cette expression lors d’une période récente où j’ai dû m’absenter de ma maison qui avait besoin de travaux après un incendie. C’est quoi se sentir « chez soi » ?

La question dans cet événement, fut de trouver un logement temporaire, non pour huit jours mais pour au moins un an ! Nous étions des nomades : pendant  une première période  nous pouvions loger chez des amis et voisins en attendant de trouver une location la plus proche possible de la maison pour suivre les travaux.

Nous avons découvert les maisons de cinq personnes différentes, maisons mises à notre disposition pendant que nos amis étaient en vacances ou en voyage, souvent pour une période de huit à quinze jours.

Côté confort, il n’y avait rien à dire et c’était plutôt amusant de découvrir un nouveau cadre de vie temporaire. Le matin je me réveillais en prenant quelquefois quelques secondes pour réaliser « alors, je suis où, là, ah oui ! »

Ce sont à de petites choses que je réalise que je ne suis pas « chez moi » ! Où est donc la théière ? nous ne buvons pas de café le matin et il n’y a qu’une cafetière. Tiens, c’est une cuisinière à gaz, où sont les allumettes ? Et puis à chaque fois, prendre le temps de regarder comment fonctionnent les appareils ménagers.

Au bout de six semaines, nous trouvons un appartement que nous pouvons louer pendant quatre mois. Ok côté confort mais pas d’arbres à l’horizon. Heureusement, j’ai une pièce pour travailler que je décore vite de posters et reproductions qui personnifient la pièce. Cela a été important pour moi de m’entourer de belles choses même si la nature n’était visible qu’au petit parc voisin.

En septembre, nous devions avoir une location pendant six mois qui ne s’est révélée disponible qu’en octobre… Nous refrappons à la porte d’une voisine qui a une grande maison pour elle toute seule et qui nous propose son 2e étage que nous louons pour le mois. C’est inespéré et nous nous y installons avec plaisir. Là aussi j’ai ma pièce de travail et vue sur le petit jardin et les jardins voisins.

Enfin, nous pouvons aller dans notre deuxième location. J’ai aussi mon bureau et je le décore au mieux avec les dessins de mes petits-enfants et des reproductions de peintures que j’aime. Là, à nouveau, réadaptation à tout ce qui fait un quotidien.

Maintenant, nous avons pu enfin réinvestir notre maison. Et là, curieusement, je ne me sens pas encore « chez moi ». Tout a changé, les couleurs, les pièces isolées pour le chauffage, les nouveaux radiateurs, les placards, les luminaires, la déco (absente pour l’instant). Je rentre dans une maison neuve et il va falloir un peu de temps avant qu’elle ne redevienne mon « chez moi ».

Ces pérégrinations ont été riches d’enseignement pour moi. Je réalise que j’ai ai fait preuve de capacité d’adaptation, d’un réel optimisme même quand les travaux semblaient stagner. A chaque fois, j’acceptais le réel, la chance d’être logée, les avantages de tel ou tel lieu. Dans chacun d’entre eux, j’ai vraiment prêté attention à rendre mon environnement intérieur agréable. Et c’est sans doute cela qui m’a permis de bien vivre ces changements successifs. Cela m’a aussi aidée à identifier ce qui fait que je me sens « chez moi ».

Et vous, accordez-vous de l’importance à votre lieu de vie ? En quoi est-il vitalisant ?

Béatrice Sablonnière, formatrice agréée PRH

3 commentaires sur « Home »

  1. Merci Béatrice. Quelles opportunités d’adaptation! Personnellement j’ai eu besoin de quelques années, après la mort de ma mère, pour réadapter d’abord la cuisine, puis le salon-salle à manger avec d’autres couleurs, d’autres meubles et d’autres décorations aux murs, à mon goût … ça fait du bien, j’occupe un espace pour moi, expression de ma sensibilité, de ma personnalité … j’ai quand même gardé quelque chose… sans risquer de me débarrasser totalement d’un passé … il me semble encore que je pourrais avoir besoin d’aider ma mémoire a retrouver la densité, l’épaisseur humaine de ce qui m’a nourri, permis d’arriver, néanmoins, où je suis… utiliser ce qui est encore en bon état … Et puis, en habitant un pays et une petite ville de province que je n’ai pas choisis, mais où je me suis adaptée, je crois par amour, je pense aux mots de L. Sedar Senghor à propos de la vraie Culture, soit, avoir des racines et se déraciner pour « s’ouvrir à la pluie et au soleil » qui font vivre chaque endroit de ce lieu unique, la Terre.

  2. Ce que tu relates fais écho en moi qui viens d’emménager dans une maison, achetée pour la première fois de ma vie.
    En lisant l’article, je réalise que partout où je suis passée, j’ai toujours aménagé mon espace de manière à ce qu’il soit mien, qu’il me ressemble. Ayant vécu en communauté, il s’agissait surtout de ma chambre. C’était mon espace, comme la chambre des autres était leur espace dans lequel je ne pénétrais que si j’y étais invitée.
    Aujourd’hui, une maison. J’ai très vite senti la différence entre chaque pièce. Chacune reflète un aspect particulier de mon ‘chez moi’; je n’y ai pas le même ressenti, je ne m’y pose pas de ma même manière.
    C’est vrai aussi pour l’extérieur. Selon les lieux, je ne vis pas la même chose.
    Intérieur ou extérieur, je réalise que je choisis souvent l’endroit en fonction de ce qui m’habite, de ce que je vis et de ce dont j’ai besoin.
    Merci Béatrice, car c’est en lisant l’article que j’en prends vraiment conscience!

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