J’ai visité l’exposition Claude Monet/Joan Mitchell qui présentait à Paris un dialogue entre des œuvres de l’un et des œuvres de l’autre. Quelle magnifique idée de proposer en miroir, des œuvres de ces deux géants de la peinture, à des époques différentes de leur maturation. Le « dernier Monet », impressions purifiées de toute ressemblance avec le réel observé, ouvertes sur l’abstraction et Mitchell, peinture des sensations à partir du souvenir de ses expériences.
Impressions, sensations, un vocabulaire que nous connaissons bien quand nous entrons dans l’aventure de l’analyse PRH : chercher à nommer notre expérience intérieure du moment. « J’ai l’impression que »… « C’est comme si…. » « J’ai la sensation que… » Dans notre recherche pour nommer précisément la sensation, nous pouvons tourner autour du pot, balbutier. Ou le mot peut venir tout autant tout de go. Cerner le vécu, sentir son poids intérieur, ses contours, sa structure, de quoi s’est fait, y-a-t-il quelque chose autour…
J’écoute le dialogue Monet/Mitchell à l’aune de ce vocabulaire d’analyse que nous expérimentons à PRH et je me sens entrer plus loin dans leur intention. Dire avec des couleurs appliquées de manière très différente, parfois dans une recherche lente, à des heures et des jours répétés, lumières, opacités, pleins, espaces, l’infinie richesse de leurs perceptions.
Pour ces peintres, l’impression sur la toile n’est pas moins intéressante que la sensation. Elle donne à voir ce qui est – pour le moment – à la conscience, par le geste abouti sur la toile. Comme pour le mot qui se dit en entretien de relation d’aide ou qui s’écrit dans notre cahier de croissance. Il apporte du neuf, pour aujourd’hui : telle richesse d’être, tel fonctionnement, tel lien entre un événement et une blessure…
L’œuvre de Monet et de Mitchell témoignent de leur vie intérieure, de l’écoute de leur vécu, de leurs cheminements. Deux peintres, deux époques, deux chemins, leur dialogue au sein de cette expo magnifie l’un et l’autre.
Elle peut être pour nous une invitation à cueillir, le plus simplement possible ce qui est en nous, impression ou sensation. Le langage de ce que qui vit en nous maintenant est bon à écouter et à accueillir d’un trait léger ou plus affirmé. Il est bon de s’y arrêter car il nous ouvre sur du nouveau, de la beauté cachée, du précieux.
Hélène Copigneaux-Petit, formatrice agrée PRH
Photos : tous droits réservés, Hélène Copigneaux-Petit
Merci Hélène. Très intéressant ce parallèle que tu nous montres.
Tu m’invites à prendre le temps de regarder plus précisément ce que je vis de particulier en visitant les expos. Je viens de voir celle immersive sur Chagall, un vrai bonheur d’être là avec d’autres déambulant ou pas pour se laisser recevoir, nourrir, toucher. Encore merci.
Merci Danièle pour ton commentaire et j’aime beaucoup ce que tu apportes, déambuler avec d’autres, ou pas. Dans ces lieux où on vient regarder, découvrir ou redécouvrir, on peut être seul ou accompagné, rester en silence ou partager ; on peut côtoyer dans les mêmes espaces des personnes avec qui on ne parlera pas, mais, comme on cinéma, il peut se vivre quelque chose d’une expérience partagée. Nos regards peuvent se croiser et dire là où nous avons été touchés dans notre humanité personnelle et commune.
Oui, c’est tout à fait ça.
Bonne Pâques Hélène. Je revois une expo de samedi, en confirmant ma sensibilité et mon goût pour les couleurs qui me parlent de vie, de lumière mais aussi pour le mouvement dans les formes, dans la touche du peintre, le dynamisme de la vie. Je sens en moi aussi une exigence d’expression dans la variété plutôt qu’à la déclinaison d’un même thème ou l’expression d’un style qui préfère travailler sur les blancs. Cette exigence en moi, je la perçois comme nouvelle et je crois qu’elle est liée à la créativité, dont je sens le besoin, le changement qui porte, je crois, à ma croissance naturelle dynamique qui devient de jour en jour dans sa part de unicité, dans son rythme, sa modalité. Merci!
Bonjour Suzanne, merci. Qu’il est beau le dynamisme de vie dont tu témoignes et le manière dont tu es réveillée grâce à la peinture ! L’analyse de ce que nous vivons au contact de l’art, quel qu’il soit, peut nous apprendre beaucoup sur ce qui aspire à vivre plus en nous.
Hélène, lundi de nouveau à l’expo, j’ai bien aimé pouvoir rencontrer et parler, m’exprimer avec l’artiste, devant ses tableaux, dans un dialogue partagé sur les goûts, quelques ressemblances et percevoir un aspect de sa personnalité. En effet, j’accueille de façon nouvelle sa déclinaison colorée d’un seul thème sur la série de toiles toutes de la même grandeur … celà me porte a comprendre l’expression d’une certaine constance artistique fidèle à un style essentiel, soit à son être d’artiste, et sans doute dans ses relations humaines… j’apprécie encore plus son art … et pas besoin de posséder une de ses œuvres !
Suzanna, on dirait bien que cette rencontre avec l’artiste et son art vous a mise en recherche ! Dialogues intérieurs et dialogue avec un autre que soi, la vie circule et ne se possède pas ! Je vous souhaite d’heureux et profonds moments de découvertes de vos différentes sensibilités.