S’autoriser aux tâtonnements

Comment pourrions-nous faire autrement que de tâtonner ?! De chercher au pas à pas, de se tromper, de rectifier le tir ?

Tous nos repères volent en éclats, ou presque ! Notre quotidien est bousculé et appelle à des changements.

Comment allons-nous nous y prendre ?

Après, ou en même temps que ce branlebas de combat intérieur : choc de l’annonce, peur pour le monde, pour les siens, pour soi, frustrations en cascade à mesure des annulations, joie inavouable d’avoir enfin du temps, l’espoir d’une pause, tentation du repli entre nous mais aussi élans de compassion, de solidarité, intuition d’actes à poser pour le bien commun, espoir d’un essentiel à retrouver, mais aussi mal aise, angoisse face à cet avenir incertain…etc. De tous ces mouvements intérieurs surgissent des besoins, des désirs, une multitude de bonnes résolutions, pas si simples à mettre en œuvre lorsqu’on est pris dans nos contradictions, peut-être dans une fatigue ou du découragement. Il faut bien pourtant s’organiser, trouver ensemble une autre manière de vivre, et réinventer un quotidien totalement inédit ! Et cela ne peut pas se faire en un jour !

Pour certains, c’est le grand vide, l’isolement renforcé, le désœuvrement et la solitude qu’il faudra combler. Mais aussi, l’occasion d’être soudainement sujet de préoccupation des voisins, des proches. Des propositions d’aide et de soutien affluent. Autour de soi une chaleur humaine circule mieux, plus. On n’est plus seul à être seul.

Pour d’autres ce sera le réconfort d’un certain « regroupement familial », source de joie, certes, mais qui vient pourtant bousculer nos chères habitudes ! Ces grands adolescents revenus pour un temps au bercail, l’école à la maison pour les petits et grands, le télétravail du mari, de l’épouse, le « tous ensemble, h 24 », chacun avec ses besoins, ses désirs, son ennui et ses préoccupations…

Comment s’y prendre ?

Pourquoi ne pas s’offrir régulièrement un temps d’ajustement pour soi-même et entre nous ?

Chacun se met face à ce questionnement :

Qu’est-ce qui me va bien ?

Qu’est-ce qui me va moins bien ?

Quels sont mes besoins ? Mes suggestions ?

On y répond d’abord seul, par écrit, puis chacun partage.

 Dans notre foyer, voici, entre autres, ce qui est venu :

  • Aménager les temps de solitude et les temps ensemble
  • Alterner temps de silence et temps pour mettre la musique à fond (concerne les ados et les papys mélomanes durs d’oreille)
  • S’entraider pour les devoirs et conseils techniques informatiques
  • Mieux réguler le besoin de s’informer en veillant à ne pas alimenter l’anxiété et risquer d’être plombé, la gestion du programme télé et choisir ensemble
  • Alterner travail et oxygénation (quelqu’un s’improvise coach sportif, dos à dos)
  • Répartition des tâches ménagères, des courses, solliciter notre créativité pour les menus
  • L’un de nous fait une liste des personnes qu’elle souhaite appeler en ce temps de confinement
  • Proposition d’atelier dessin et d’atelier chant…
  • Partage de nos lectures….

 Et vous ? Quelle est votre expérience ? Quelles sont vos suggestions ?

N’hésitez pas à partager les difficultés rencontrées, les bonnes idées trouvées, ce qui marche, ce qui ne marche pas.

 La vie bouge tout le temps, et nous entraine dans son sillage ! Pour une organisation réaliste et réalisable, respectueuse de chacun, des réajustements réguliers sont nécessaires, rien n’est jamais définitif.

Nos villes et nos villages se vident, mais nos maisons sont pleines comme des œufs ! Bouillonnement de vie à partager, sans modération !

Charlotte Ghestem, formatrice agréée PRH

 

9 commentaires sur « S’autoriser aux tâtonnements »

  1. Merci Charlotte, je retiens cette proposition d’ajustement en famille. Moi au début de la semaine, j’ai mis en place un programme pour donner des repères à mon fils de 8 ans pour rythmer la journée et surtout y intégrer les temps de travail, mais aussi les temps de jeux, de dessins animés… Le 2ème jour, j’ai réajusté le temps de travail qui était trop ambitieux!! ne pas me mettre la barre trop haute. un jour après l’autre.

    J’ajuste avec mon fils en lui proposant pour la semaine prochaine d’allonger son temps de travail du matin pour ne pas en avoir l’après midi. Il est ok.

    Je profite de ce temps pour manger mieux et faire de l’exercice physique, qui me défoule le soir après la journée avec mes loulous.

    J’ai instauré aussi l’apéro tous les soirs!!

    Ce temps me permet de faire une pause et de prendre du recul sur mon travail, même si je dois être en télétravail tout en m’occupant de mes enfants!!!

  2. Encore et encore merci à Prh pour ce lien palpable entre nous à travers le blog. Je le guette désormais chaque matin!
    Vivant seule, je n’ai pas d’organisation quotidienne à mettre en place avec d’autres. Alors je consacre du temps à m’inquiéter de ceux dont je sais qu’ils sont angoissés par cette situation. Quand moi-même je sens l’inquiétude ou l’insécurité monter, je m’arrête, je contemple la beauté de la nature dans laquelle j’ai la chance (ou la grâce) d’habiter et j’écoute mes sensations. Je ne les analyse pas systématiquement. Finalement, écrivant ces mots, je réalise que je prends actuellement beaucoup de temps d’être. Et c’est bon!

  3. Bonjour c’est génial cet article.. Pleins d’idée et de mots sur ce qu’on vit. Quand mon directeur m’a demandé de préparer des cours pour les petits enfants à distance je ne voyais pas du tout et puis ça y est l’inspiration arrive peu à peu…

  4. Accepter le tâtonnement …Accepter qu’il me faut un certain temps pour petit à petit retrouver un équilibre intérieur, en moi et avec les autres… tout se bouscule, mes peurs, mes envies, mes besoins… et mon moi-je un peu/beaucoup désorienté … ce n’est pas un coup de baguette magique… c’est une attention pour discerner petit à petit le chemin à prendre au jour le jour. Accepter de ne pas être comme je voudrais être « hyperperformante ». Faire confiance, me faire confiance et accepter ma vulnérabilité. La Vie petit à petit dessine un chemin. Merci Charlotte de nous ramener à notre réel d’aujourd’hui et au pas à pas.

  5. comment pourrions nous faire autrement que tatonner, avancer au pas à pas …
    Merci Charlotte de nous appeler là…chacune, chacun et ensemble,
    cela m’invite et me place dans l’humilité au quotidien, la force de l’humilité et me dégage des injionctions :il n’a qu’à, tu devrais…, entendues, hier dans mon enfance mais toujours d’actualité avec d’autres formules .
    Ton article m’invite à penser de manière toute particulière aux familles ,privées du jour au lendemain des services de l’école, la crèche, les nounous, les grands parents tandis que les parents doivent travailler à la maison et que personne n’est en vacances.
    je suis grand mère retraitée dans une grande maison à la campagne et je suis toujours en couple, ton article m’invite à me faire solidaire, proche par le cœur et la pensée de mes enfants bien sur , ce que je fais déjà et au delà d’eux des familles , realité qui me tient d’ailleurs tres à cœur

  6. Quelle riche idée. Merci Charlotte. Après un roulement pour la préparation des repas à la journée (mari compris), des temps d’échange plus en profondeur, nous avons instauré avec mon mari le rituel du café en milieu de matinée et une séance de sport tous les deux jours avec notre fille qui se transforme en coach sportif. Nous avons aussi la chance d’être en famille et je sens que pour les personnes seules, cela doit être plus difficile de faire ce TPA seule. Comment pouvons-nous partager nos ressentis avec elles?

  7. Nous sommes retraités et « fragiles « au point de vue de l age! Mais Il fait soleil ,nous avons un jardin et partageons avec enfants petits enfants et plus sur WHATSAPP des situations drôles, les bricolages, de la bonne humeur car c est mieux que de se plaindre ou râler alors que chacun a renoncé à divers projets ,pour Pâques surtout les prochaines vacances où nous retrouvons avec joie
    Par contre on n ose pas imaginer plus loin ! Le présent étant tellement important à vivre ! Se poser, s interroger sur l après, le comment ,le pourquoi, sur les différentes attitudes de nos contemporains ?
    Puissions nous dans cet après être positifs ,voir devant nous et non se dire  » on aurait dû  » mais faire sa part comme le colibri, chacun à sa mesure….

  8. « Joie inavouable ». Cette expression a suscité en moi une sensation de refus. Pourquoi donc la joie d’avoir enfin du temps serait-elle inavouable alors que c’est sans doute ce que beaucoup espèrent sans oser le dire et peut-être sans même le savoir. Et si au contraire tous ceux qui en sont conscients la proclamaient pour la liberté à grande échelle et favoriser ainsi un autre mode de vie dans nos sociétés stressées? Un mode plus respectueux du rythme de la Vie… Je suis sûre que le bénéfice serait immense.

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