PORTEUSE DE VIES

A la radio ce matin, j’entends un artiste congolais FREDDY TSIMBA, né à Kinshasa. Il assemble et soude des matériaux de récupération et dénonce les tragédies engendrées par la guerre. Pour célébrer le 70° anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, une sculpture de lui vient d’être offerte et installée au Palais Chaillot à Paris.

L’artiste a réalisé son œuvre (4,25 m de hauteur !) avec 220 Kg de douilles de cartouches récupérées dans les zones de guerre en République Démocratique du Congo, cartouches ramassées dans ces lieux avec des enfants, des gens de son pays. Le socle est un ancien portail de prison.

«  Cette femme marche, fièrement, elle est debout. Des milliers de douilles, c’est des milliers de vies. Récupérer ces douilles de cartouche, c’est rendre hommage aux victimes tombées sous ces balles. L’élément douille a été créé pour ôter la vie, elle peut aller n’importe où, alors que nous individus ne sommes pas libres de nos mouvements ».

« Elle n’a pas de tête, pour que chacun, d’où qu’il soit dans le monde, puisse mettre la sienne », pour affirmer la dignité universelle de tout homme. Elle porte un livre, réalisé avec des clefs, récoltées dans les marchés et les rues de Kinshasa.  Elle porte le savoir comme elle porte la vie. Elle nous offre les clés pour qu’aujourd’hui l’être humain triomphe, pour clamer haut et fort que la vie n’a pas de prix. Les clefs peuvent être le symbole de l’enfermement, de la privation de liberté ; ici elles sont ouverture, connaissance et donc liberté ».

Pourquoi une femme ? « Dans mon pays, l’exclamation la plus récurrente dans les émotions du quotidien n’est autre que ‘mama na ngai’ qui invoque la mère, la femme. Et la femme paye cruellement les frais en période de conflit. Cette sculpture est une façon de lui rendre hommage ».

Je suis profondément touchée par cette œuvre de Paix en cette période troublée et agitée. Je suis émue par le bouleversement intérieur qu’a dû vivre cet homme, qui aurait pu alimenter les violences en tous genres vécues dans son pays. Il n’a pas pris ce chemin, mais celui de l’ouverture, de l’affirmation pacifique, par la Beauté et la création artistique, de la dignité de tout homme, de la place de la femme. Il a construit, avec d’autres, pour nous entrainer avec lui dans la foi en l’homme, en tout homme, dans la foi en la Vie qui donne aux victimes de toutes natures de se relever, de recouvrer leur pleine dignité, de marcher, d’aller de l’avant !

Me viennent aussi dans le cœur les formatrices, formateurs PRH qui œuvrent dans son pays, et dans tant d’autres, patiemment, courageusement, avec une foi en l’homme chevillée au cœur, au corps, pour que la Vie reprenne ses droits et gagne sur la haine, les destructions en tous genres.

Et nous, que choisissons-nous de construire, d’offrir au monde ? De quel message de Paix sommes-nous porteurs, tout simplement, là où nous vivons, dans tous ces lieux où les conflits, les tensions en tous genres ne manquent pas. Comment nous engageons-nous pour devenir plus libres intérieurement face à nos mouvements d’humeur divers ? Pour devenir plus libres d’aimer !

Je nous souhaite d’être des messagers de la Paix, de la Vie pour ouvrir cette Nouvelle Année !

Si vous souhaitez voir cette œuvre, cliquer sur le lien : Freddy Tsimba Porteuse de vies

Françoise Parmentier, formatrice agréée PRH

 

 

5 commentaires sur « PORTEUSE DE VIES »

  1. Emerveillement face à la vie créative de cette artiste.
    Vie qui se relève, qui tisse des liens avec d’autres,
    et en mémoire de ceux et celles touchés par ces cartouches.

    Emerveillement devant cette force de vie,
    qui va au-delà de rancœurs,
    de blessures,
    des morts subies, vécues, pleurées.

    Merci Françoise pour ce partage d’humanité.

    Je me sens nourrie dans ma propre force intérieure.
    Ces expériences humaines et constructives des autres
    m’apportent soutien et force de vie.

    C’est beau, c’est bon, c’est chaud.
    C’est ressourçant et vitalisant.

    J’aime sentir cette vie qui renaît de ses cahots. VG.

  2. Merci Françoise pour ce partage; je suis saisie par la capacité qu’a l’homme de réorienter vers la Vie ce qui allait vers la destruction et la mort. Magnifique !

  3. Merci Françoise pour cet écho d’actualité.

    L’oeuvre de cet artiste , Freddy Tsimba ,cette sculpture d’une femme sans tête, réalisée avec tant de douilles de cartouches meurtrières, ce livre fait de clés enfermantes ou libératrices permet de ne pas oublier toutes ces personnes arrachées à la vie trop tôt. ..L’oeuvre d’art ,ici,transpire de sens , de trop de sang versé…mais aussi nous redit l’espoir de croire en l’Homme. Je me sens très émue face à ces artistes qui permettent ce travail de mémoire, nous invitent à nous arrêter pour regarder ce monde dans lequel nous vivons, à regarder ,depuis cette Déclaration des droits de l’homme, tous les progrès réalisés, et comme cette femme debout qui avance,croire aux progrès encore possibles…et croire à nos propres attitudes porteuses de PAIX.
    Chercher la paix,c’est un voeu que je formule pour 2019!

    Françoise

  4. Merci Françoise!

    Ce message me donne du courage ce soir où j’en ai bien besoin et m’appelle!
    M’appelle à vivre ce que j’ai à vivre , en confiance et fidélité à ma conscience profonde!
    A oser ce à quoi je suis invitée, humblement , et jusqu’au bout en demeurant confiante et vivante , riche de la parole d’André Rochais, « aucun acte n’est neûtre! »
    Ca , j’en suis sûre!
    Oui, que nous soyons des vivants, porteurs de Paix et d’Espérance , même dans « ces lieux » où la Lumière tarde à poindre!

    J.E.

  5. Françoise, j’aime que tu nous parles d’humanité universelle avec cet artiste qui « vient vers les aitres, qui vient vers nous » et qui nous parle de résilience et de liberté y compris dans des temps de troubles et de guerre. Oui, osons croire en notre humanité commune pour relever les défis qui nous attendent !

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