Le travail sur soi n’est pas égoïste, bien au contraire.

Dans un temps déjà éloigné, je pratiquais la planche à voile. Sur une plage, la direction habituelle du vent imposait un départ avec le vent venant de la droite de la planche (tribord amure). Avec l’autre option, impossible de s’éloigner du sable. J’étais amusé de voir des débutants se tromper et s’obstiner dans leur erreur sans arriver à quitter la plage et sans en comprendre la raison. Le volontarisme obstiné ne pouvait rien contre le manque de connaissance du vent.

Il en est souvent de même pour nous qui risquons de nous heurter aux mêmes écueils dans notre vie par méconnaissance des ressorts profonds qui nous font agir. Ce qui motive nos actes, nos paroles est sous-tendu par des mécanismes plus ou moins cachés à notre vue, plus difficiles à découvrir que la direction du vent. Se connaître est un préalable pour mieux conduire sa vie.

J’ai souvent entendu ces injonctions : « ne pas s’écouter », « prendre sur soi », « oublier »… Elles m’ont imprégné et certainement freiné, car il m’est pendant longtemps resté une appréhension de ce travail sur moi, une peur du jugement d’autrui. Mais j’ai compris avec le temps combien ces injonctions, loin de provoquer un supplément de vie, étaient au contraire un frein à la vie.

Ce frein, je n’en étais pas conscient à la quarantaine quand je me voyais tourner en rond. Je pensais me connaître car je connaissais si bien mes dysfonctionnements ! Mais non, je ne me connaissais pas, je ne connaissais que la surface, l’écume de ma vie intérieure. M’identifier à mes comportements et m’imaginer me connaître sans pénétrer le cœur de ma vie intime étaient des moyens de défense pour échapper à mon réel intérieur. Et ces injonctions, en légitimant cette fuite, verrouillaient ces mécanismes de défense.

Pour accéder à cette connaissance de soi, pas d’instruments de navigation aussi faciles d’emploi qu’une girouette ou une boussole. Ce qui m’aide : accueillir mon vécu pour calmer le tourbillon de mes pensées et mes émotions, prendre le temps de nommer et dérouler ce qui me traverse corps et âme. Un travail de découverte, qu’il s’agisse de creuser dans le passé ou de pétrir la pâte du futur, mais sans jamais négliger la vie du moment, ses contraintes, ses joies et ses peines.

Quand je me retourne sur des années de compagnonnage avec PRH, je vois que ce travail ne m’a enfermé dans aucun labyrinthe, mais que peu à peu j’en ai ressenti du bien, du bon, pour moi, mais aussi autour de moi si je me réfère à des retours dont l’étrange formulation me parait gage d’authenticité « tu nous as beaucoup apporté… mais on ne sait pas te dire quoi ! »

Michel Rudelle

2 commentaires sur « Le travail sur soi n’est pas égoïste, bien au contraire. »

  1. merci pour vos commentaires éclairants … je ne voyais pas pourquoi exclure la volonté …j’ai besoin de tout le fonctionnement ajusté de mon Moi-Je.

    Je ne suis pas continuellement dans des temps d’Être

    1. Vous avez bien raison Chantal, la volonté est bien utile pour mettre en œuvre nos décisions. Merci de nous le rappeler !

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