Face aux chaos du monde, un chemin (2/2)

Nous continuons de regarder comment être debout, vivant, humanisant, face aux périls qui montent dans notre monde, inspirés par les mots d’Etty Hillesum, dans son journal intime en 1941 (Etty Hillesum, Une vie bouleversée, Points) :

« Il faut garder contact avec le monde réel, le monde actuel, tâcher d’y définir sa place, on n’a pas le droit de vivre avec ses seules valeurs éternelles ; ce serait une nouvelle forme de politique de l’autruche. Vivre totalement au dehors comme au-dedans, ne rien sacrifier de la réalité extérieure à la vie intérieure, pas plus que l’inverse, voilà une tâche exaltante. »

Accueillir notre réel intérieur

Etty, nous encourage à «  ne rien sacrifier de la vie intérieure à la vie extérieure, pas plus que l’inverse ».

Face au chaos du monde, nous sommes bouleversés, au point peut-être que nous préférons « fermer les écoutilles » et ne pas entendre ni l’extérieur, ni les répercussions en nous de ces nouvelles. Osons au contraire faire face, et accueillir ce qui se passe en nous.

Pouvoir accueillir sa souffrance et l’exprimer est fondamental pour la croissance. Cela nous humanise. Cela nous permet d’accueillir en nous ce qui est plus profond et solide que la douleur.

Trois moyens à PRH peuvent nous aider dans ce travail :

  • l’analyse de nos sensations
  • la relation d’aide, parce qu’il est parfois nécessaire de le faire en étant accompagné
  • et le mini-outil FPM 15 « regarder les événements à partir de mon être », précieux pour accueillir tout le réel en soi, et pas simplement les mouvements immédiats de sa sensibilité ou de son moi-je. Vous pouvez demander ce mini-outil à un formateur PRH si vous ne l’avez pas. Vous verrez que votre regard sur les événements et votre posture changent.

Ajoutons que, assez souvent, nos réactions face aux drames extérieurs viennent toucher notre histoire, et conditionnent notre manière de réagir. De manière parfois inconsciente, notre système de défense s’active, des réactions disproportionnées et répétitives se déclenchent. Cela peut engendrer une mise à distance et une froideur, ou à l’inverse un bouleversement sensible, de grandes émotions qui nous emportent et nous sont insupportables. Il est bon de vérifier si c’est le cas pour soi.

Vivre en accord avec son être et en docilité à sa conscience profonde

« Vivre totalement au dehors comme au-dedans », affirme Etty Hillesum.

Commençons par la vie « au-dedans ». Si nous n’en prenons pas soin, nous pouvons être écrasés, dominés, manœuvrés à notre insu. Et donc ne plus être libres. Il existe des techniques sophistiquées de manipulation, d’asservissement des consciences. C’est ainsi que des millions, sinon probablement des milliards de personnes aujourd’hui, subissent des systèmes totalitaires sans même en avoir conscience. C’est ainsi que nous pouvons offrir nos « temps de cerveaux disponibles » à des divertissements ou comportements consuméristes qui ne nous correspondent pas.

Prenons soin de notre être. C’est la partie de nous inaliénable, en laquelle nous sommes viscéralement libres, et le plus humain. Prenons soin de notre vitalisation. Prenons les moyens pour avoir une vie intérieure vigoureuse. Il y va de notre responsabilité, plus encore en ces temps incertains. PRH nous offre de nombreux moyens pour cela, et d’autres lieux aussi. Prenons les moyens d’être humanisants par nos pensées, actes et paroles.

Écoutons notre conscience profonde. Prenons des décisions libres et constructives.

Ainsi, nous pourrons « vivre totalement au dehors ». Quitter la résignation, le fatalisme ou le découragement. Être acteurs, actrices, d’un monde plus juste et fraternel.

Les bénéfices sont nombreux.

D’abord pour soi, car on est plus vivant, en paix avec soi-même, et engagé : on fait sa part, et on grandit à travers cela. Cela n’empêche pas les souffrances, mais on avance et on grandit.

Ensuite, pour les personnes de son entourage et auprès de qui on s’engage. Il existe une contagion de l’être.

Enfin, parce que, si nous sommes assez nombreux à devenir ainsi des vivants à partir du cœur de soi, le monde s’humanisera, et pourra faire reculer les vents contraires.

Ce n’est pas gagné, mais c’est possible. Faisons notre part.

Régis Halgand, formateur agréé PRH
Président de PRH France

10 commentaires sur « Face aux chaos du monde, un chemin (2/2) »

  1. Merci Régis pour cet article qui me rejoint dans ce que je porte.

    Cela m’encourage et me motive à faire ma part.

  2. Merci. Devant un article e une photo récente sur un sujet à priori négatif, j’ai fait quelque recherche pour comprendre un peu mieux la personne concernée. Ainsi je me suis rendue compte d’une attitude en moi curieuse qui veut savoir, connaître pour avoir une opinion personnelle même si limitée mais un peu plus informée. On est tellement envahi par toutes sortes d’informations …

  3. J’ai lu le livre « Une vie bouleversée » ainsi que »Les lettres de Westerbork » d’Etty Hillesum, il y a plus de 25 ans (c’était au siècle dernier!). Cette jeune femme avait une conscience très profonde de son être. Elle aurait pu ne pas être déportée : elle a choisi d’aller jusqu’à la mort avec les personnes qu’elle accompagnait dans ce camp. En écrivant ces mots, je pense aussi à Janusz Korczak (un Juste polonais) et, plus récemment à Alexei Navalny qui ont fait des choix forts. A ma mesure, je peux chaque jour vivre de petits moments d’humanité. Choisir de ne pas envenimer des débats, être consciente de ce qui se joue au plus proche ou au plus lointain et me tenir dans une attitude ajustée. C’est loin d’être facile , cela peut devenir épuisant mais, comme le dit Régis, chacun-e peut porter sa pierre à l’édifice de la Paix.

    1. Merci pour votre propos très juste, Denise. Sans être des héros, nous pouvons, chacun.e à notre mesure, faire notre part, comme l’a écrit Eric. Et nous pouvons aussi puiser notre motivation dans la lecture de grandes figures comme Etty Hillesum, dont le livre est bouleversant.

  4. Merci Régis pour la richesse de ce Blog. « Ne rien sacrifier de la vie intérieure à la vie extérieure ». Cela m’invite à prendre plus soin de ma vie intérieure et de prendre les moyens d’avoir une vie intérieure rigoureuse comme tu le soulignes. Cela m’invite aussi à observer mes réactions par rapport à la vie extérieure et de m’arrêter sur la question : Mes réactions sont-elles constructives pour moi et pour les autres? En regardant ce matin la beauté de la nature et des fleurs printanières, je me sens nourrie de la beauté et de la force silencieuse de la nature.

    1. Merci de nous partager les invitations que cet article a fait naître en vous. Votre question sur le côté constructeur de vos réactions est très pertinent. merci de nous l’avoir partagée.

  5. Bonjour Regis,

    Et merci pour ces 2 articles qui rappelle la belle invitation d’Etty Hillesum

    Il y avait longtemps que je n’avais pas consulté ce blog et j’en ai profité pour remonter jusqu’à l’article nous invitant aux commentaires, sans lequel je me serais peut-être abstenu de celui-ci, dans lequel je me décide à témoigner de quelques situations où j’ai fait ma part ces derniers temps …

    Tout d’abord, au lieu de me résigner à la situation décrite en commentaires de l’article de ce blog d’il y a 2 semaines « Soyez les bienvenu.e.s… », j’ai pris le temps de répondre à l’auteur présumé de son appréciation sur mon comportement de conducteur pour lui faire savoir ce qu’il m’avait faut vivre et lui partager mon aspiration à des relations authentiques et non jugeantes.

    Je me suis aussi laissé guidé par mon humilité pour partagé à ma femme l’appréhension que j’ai découverte en moi lundi dernier, lors d’une méditation.

    Et puis jeudi, j’ai partagé à une personne de ma connaissance, qui m’avait confié autrefois les difficultés qu’elle avait traversé pour se libérer d’une relation intime et toxique, la vague d’amour et de reconnaissance qui m’avait alors traversé et qui venait d’au-delà de / plus grand / que moi. Ce fut l’occasion d’un beau moment d’émotions conclu par un « hug » fraternel qui m’a invité à faire de même avec une ou deux autres personnes pour lesquelles une vague d’amour semblable a choisi de me traverser. Ayant en effet la croyance que j’ai été choisi pour m’en faire le témoin, je me sens maintenant comme le devoir de l’honorer par mes témoignages.

    Et n’est-ce pas aussi encore faire ma part en rédigeant ce commentaire ? Puisse-t-il en inspirer à ceux qui le liront.

    Bien chaleureusement,

    François

    1. Merci François d’oser partager vos commentaires, et de nous témoigner votre aspiration à vivre des relations authentiques. C’est inspirant !

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